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Interview Flashscore - Alice Sombath et Lou Bogaert : "Notre rêve, c'est de participer à ce premier titre"

Interview Flashscore - Alice Sombath et Lou Bogaert : "Notre rêve, c'est de participer à ce premier titre"
Interview Flashscore - Alice Sombath et Lou Bogaert : "Notre rêve, c'est de participer à ce premier titre"ADIL BENAYACHE / Sipa Press / Profimedia
Alice Sombath est l'une des sensations de l'équipe de France en ce début d'Euro, remplaçant avec brio la capitaine Griedge Mbock dans la défense centrale. Avant le début de la compétition, elle et Lou Bogaert s'étaient confiées à Flashscore sur le fait de vivre une première grande compétition avec les Bleues à seulement 21 ans. Confidences croisées entre la défenseure centrale d'OL Lyonnes et la latérale gauche du Paris FC.

Flashscore : Comment ça va toutes les deux ? Vous vous sentez bien avant l'Euro, la préparation ne dure pas trop longtemps ?

Lou Bogaert : Ça va ! C'est un peu le long athlétique mais c'est ce qu'il faut. S’ils le font c'est que c'est une bonne chose et nous on suit.

Alice Sombath : Ça va faire quoi ? Deux semaines qu'on a repris. Donc la prépa elle est quand même bien costaud. Après on a fait aussi plein d’activités, plutôt de cohésion, toutes ensemble. C'était un moment pour nous de créer des liens avec les autres. C’est plutôt positif. 

C’est votre premier Euro, votre première grande compétition même avec les Bleues…

Lou Bogaert : Pour l'instant on se sent bien, parce qu'en soit on est encore dans la prépa. On a le regard porté sur l'Euro mais moi je vis au jour le jour. Au fur et à mesure il faut que je me sente de mieux en mieux et 'est ce qui est en train de se passer.

Alice Sombath : En soi c'est quand même quelque chose de bien qu'on soit déjà ici dans la liste, faire la prépa pour cette grande compétition.

C'est comment de préparer un Euro avec les Bleues ?

Alice Sombath : Déjà ça fait deux semaines qu'on est ici, on a repris plus tôt que les autres nations. On prend vraiment le temps de bien travailler toutes ensemble. On essaie aussi d'installer notre plan de jeu sur le côté tactique, on espère faire une bonne surprise sur la compétition.

Lou Bogaert : Les deux bonnes semaines nous permettent à nous aussi de bien connaître les filles et vraiment de pouvoir créer des affinités un peu avec tout le monde pour le ressentir après sur le terrain.

On a l'impression que vous êtes quand même bien intégrées dans le groupe…

Lou Bogaert : On fait aussi les démarches de notre côté pour que ça se passe bien, on va vers elles, mais elles sont là aussi pour nous et elles nous conseillent beaucoup. Après forcément on connaissait déjà pas mal de monde vu que certaines sont dans les mêmes clubs.

Alice Sombath : C’est vrai que lorsqu’on est arrivées, on connaissait pas loin de la moitié de l'équipe au moins. Donc c’est beaucoup plus facile même de connaître celles que l'on connaissait pas forcément.

Lou Bogaert : Les trois plus jeunes ce sont Thiniba (Samoura), Melween (N’Dongala) et moi.

Alice Sombath : Moi je suis plus la nouvelle.

Lou Bogaert : Mais tu connais déjà du monde toi de ton expérience à Lyon, même si tu as fait moins de rassemblements…

Alice Sombath : Ce n’est pas pareil, parce que c’est en club… En soit elles s'occupent toutes très bien de nous. Elles continuent à nous conseiller, à nous supporter, elles savent très bien qu'on est une équipe toutes ensemble et qu'il faudra qu'on gagne toutes ensemble.

C'est comment la vie au château de Clairefontaine ?

Alice Sombath : C’est plutôt bien, tout est sur place. Ce qu'on n'avait pas en jeune, à chaque fois on se déplaçait de notre dortoir jusqu'à la cantine alors qu'ici tout est là. On a juste à descendre les marches et tout est ici.

Vous ne vous perdez pas ? 

Lou Bogarert : Non ça va, on commence à connaître. Au début je me me trompais d'étages, mais après c'est bon. 

Alice Sombath : Je demandais toujours où c'était, à quelle heure, pour être bien sûre que je sois bien à l’heure. Et après, maintenant, ça commence à se faire naturellement.

Maintenant vous avez vos noms et vos visages collés sur les portes…

Lou Bogaert : Ça fait surtout plaisir de voir son nom accroché dans le château. C'est plus du plaisir et forcément un peu bizarre parce que vu qu'il y a aussi les garçons qui sont passés là, tu dors dans les mêmes chambres…

Alice Sombath : Quand on passe devant les chambres, on lit les noms de ceux qui sont passés avant et ça fait plaisir de voir son nom à côté des leurs.

Vous dormez dans la chambre de qui ?

Lou Bogaert : Moi j’ai la chambre d’Adil Rami pour la Coupe du monde 2018, il y a Benjamin Pavard aussi qui est passé… 

Alice Sombath : Moi c’est Kylian, direct ! (Rires)

Ça signifie quoi pour vous de jouer ce premier Euro avec le maillot bleu ?

Lou Bogaert : Forcément beaucoup de fierté, beaucoup de bonheur… Pas un sentiment d’accomplissement, mais on réussit des choses chacune de notre côté dans notre club et de pouvoir arriver ici ça montre qu'on travaille bien et qu'on met des choses en place et que ça fonctionne.

Alice Sombath : C'est un peu aussi une récompense de tout ce qu'on a pu travailler dans l'année, ce qu'on fait en club mais aussi ce qu’on ne voit pas sur le terrain. Il y a encore un long chemin à faire mais juste le fait d'être ici c'est déjà une fierté.

Depuis son arrivée Laurent Bonadei a intégré pas mal de jeunes dans le groupe. Vous avez fait pas mal de rassemblements, surtout toi Lou, c'est important d'avoir cette confiance-là du coach ?

Lou Bogaert : Oui parce que ça nous permet aussi de nous libérer au fur et à mesure de chaque sélection. On a un prépa mental qui nous permet aussi de nous ouvrir et de nous donner les conseils de comment s’ouvrir. C'est important de se sentir bien dans le groupe et de sentir en confiance. On ressent la confiance qu'on nous envoie et qu'on nous donne donc c'est bon à prendre. 

Toi Alice tu es un peu plus la surprise à la fin de la liste de l’Euro…

Alice Sombath : C’est vrai que j'étais un peu plus surprise. Après là récemment j'ai quand même joué deux matchs et je sens qu'il a quand même confiance en moi, en nous les jeunes. Et c'est pour ça qu'il n'a pas peur de nous faire jouer à ces matchs-là. En U23, il regardait tous nos matchs et on restait en lien avec la A. 

Ça vous stresse de jouer un premier Euro là ? Il y a un peu de pression ? 

Alice Sombath : Je ne dirais pas que je suis stressée, peut-être une petite pression mais c'est de la bonne pression.

Lou Bogaert : Et puis même, on est jeunes. J’ai un peu d’insouciance. Je pense que toutes les joueuses sont passées par l'insouciance quand elles sont arrivées au début et quand elles étaient jeunes. Donc c'est à notre tour de mettre un peu d’insouciance ! Ça peut faire du bien dans une équipe. Alice a fait des gros matchs, peut-être qu’elle était un peu insouciante. Elle a fait deux gros matchs en étant titulaire tout de suite donc… Je l'ai gênée, je crois.

Alice Sombath : C’est vrai que c'est une qualité qu'on a chez les jeunes et c'est une qualité qu'on peut apporter à cette équipe. Tout ce qu'on peut apporter, on va essayer de donner le maximum.

Grace Geyoro disait aussi que vous, vous n’aviez pas connu les déceptions avec l’équipe de France.

Lou Bogaert : En soit c’est notre première compétition donc… On avait de la déception pour elles parce que forcément on regarde leurs matchs. Mais ce n'est pas la même déception que lorsque c'est toi qui joue. 

Alice Sombath : Après moi je trouve que c'est bien aussi de son côté qu’elle ait de la déception, parce qu’elle a encore plus envie de gagner. Nous aussi hein, mais ce n’est pas pareil !

Vous ce n’est pas votre première compétition ensemble, parce que vous avez fait la Coupe du monde U20. Ça vous sert aujourd’hui ?

Lou Bogaert : Oui, ça nous facilite la communication entre nous. Et puis Alice m’embêtait beaucoup pendant la Coupe du monde, voilà je balance.

Alice Sombath : Non mais c'était pour bien l'intégrer dans l’équipe. C’était pour son bien. Pour qu'elle se sente bien avec nous.

Lou Bogaert : Forcément j'étais la plus jeune avec deux ou trois autres, mais c'est dur d'arriver dans un groupe qui est déjà quasiment fait. Surtout que ce sont des générations chez les jeunes en plus. On était bien mélangés. C'était beaucoup de 2003.

Vous vous embêtez encore ? 

Lou Bogaert : Un peu moins, on s'est calmées. On a grandi. De temps en temps ça ne fait pas de mal. 

Vous vous entendez bien sur le terrain ? Vu que vous jouez toutes les deux en défense.

Alice Sombath : Comme on a pu le voir à la Coupe du Monde, on avait déjà cette facilité à jouer ensemble et maintenant qu'on se retrouve plus haut, c’est dans la continuité.

Lou Bogaert : On a chacune progressé de notre côté, parce que toi tu étais titulaire à tous les matchs à la Coupe du monde. Elle a eu une bonne expérience. Moi, c’était un peu plus compliqué parce que j’étais remplaçante, je ne jouais pas beaucoup. Elle a été aussi un soutien psychologique, donc ça nous a beaucoup rapproché. C’est important de se soutenir. 

Ce Mondial U20 a été important dans l’approche de la compétition, de faire une préparation, mais aussi dans l’expérience ?

Alice Sombath : On fait quasiment le même schéma là pour l’Euro, avec aussi un mois de prépa comme on le fait actuellement, avec beaucoup de travail physique, de la vie de groupe… C’était une bonne expérience avant celle-ci.

Lou Bogaert : Le fait d’avoir fait de bonnes compétitions en jeunes, nous permet de voir comment ça se passe, le cheminement des matchs, comment il faut récupérer entre les matchs parce qu'il n'y a pas beaucoup de temps… Même si ici c’est les A, c’est à un autre niveau, la fatigue est différente.

Là vous vous sentez fatiguées ?

Alice Sombath : Un peu quand même, mais c'est de la bonne fatigue. On travaille beaucoup donc forcément on sent de la fatigue mais on sait que ça va payer.

Et mentalement vous avez réussi à couper parce que vous avez pas mal joué cette saison toutes les deux, donc il faut enchaîner… 

Lou Bogaert : J’ai eu une bonne semaine. Ça m'a fait du bien. C'est important de se ressourcer auprès de sa famille pour se sentir bien. Le fait d'avoir fait cette coupure, ça nous a fait du bien. 

Alice Sombath : Moi aussi, une semaine, c'était suffisant. Après, on avait aussi encore ce week-end. On avait deux jours de week-end encore, je pense qu'on a vraiment toutes coupé, on en avait besoin. Et là, on débute sur une nouvelle semaine, puis après c'est parti.

Vous vous supportez encore après autant de temps en prépa ?

Lou Bogaert : Oui ça va, ça se passe bien, tout le monde s'entend bien. Pour l'instant ça va. On verra au fur et à mesure des compétitions (rires).

Alice Sombath : Avec la fatigue, la frustration… Des fois à l'entraînement tu peux vite t’énerver.

Est-ce que chacune vous avez une mentor dans l'équipe, une joueuse un peu plus âgée à qui vous référez pas mal ou qui vous a aidé quand vous êtes arrivée ?

Lou Bogaert : Moi c'est Clara Mateo forcément, vu qu'elle était déjà bien intégrée dans le groupe et c'est elle qui m'a fait la passerelle aussi entre certaines joueuses. Donc ouais c'est Clara.

Alice Sombath : Ah bah moi… Moi j’ai du choix ! Déjà les joueuses de Lyon, celles qui sont passées par Lyon avant… La capitaine Griedge (Mbock), Amel (Majri), Selma (Bacha), lors de ma toute première sélection il y avait encore Eugénie Le Sommer et Wendie Renard aussi.

Lou Bogaert : Pour ma première sélection, j’avais Margaux (Le Mouël) aussi avec moi, même si elle n'avait pas d'expérience, ça nous a permis d'être ensemble et de pouvoir apprendre à connaître facilement d'autres joueuses. Puis j'ai Selma qui s'est approchée, qui m'a soutenue directement. C’est rassurant quand c'est elle qui vient aussi. 

On a l’impression que Selma Bacha fait le lien avec beaucoup de monde. 

Alice Sombath : Elle est passée par là, elle reste une jeune comme nous. Je pense qu'elle a l'expérience de quand tu arrives en tant que jeune, elle essaie vraiment d'aider aussi à sa manière les prochaines.

Est-ce que vous avec l'équipe de France, vous sentez un peu le poids du maillot ? Est-ce qu'il pèse un peu le maillot de l'équipe de France sur vos épaules ?

Lou Bogaert : C’est plus une fierté, un honneur, qu'un poids. Porter le maillot, c'est exceptionnel, et il faut profiter de chaque instant avec, parce qu'on représente la France.

Si vous gagnez ce premier trophée avec l’équipe de France, c’est sur vous que reposera aussi la suite, d’en gagner d’autres…

Alice Sombath : En soit toute compétitrice veut chercher un titre pour sa nation. Faire partie aussi du groupe qui peut peut-être amener un premier titre, ça serait un exploit.

Lou Bogaert : Ce serait juste magnifique d'arriver et de gagner une compétition tout de suite.

Alice Sombath : Tout ce qu'on aura appris de cette compétition, on va essayer de le garder et de le projeter sur les prochaines générations.

Sur la question de génération aussi, c'est important pour vous aussi d'être des modèles, puisque vous faites partie d'une génération qui a peut-être un peu moins bataillé pour jouer au foot féminin.

Lou Bogaert : On peut montrer que peu importe qui on est et d'où l'on vient, on peut réussir à aller haut et montrer à des petites filles qui rêvent justement de réussir que ça passe toujours par le travail.

Alice Sombath : Sachant à quel point les plus anciennes ont bataillé, en soit c'est aussi un peu notre devoir de poursuivre leur combat. Comme l'a dit Lou, nous ça nous fait plaisir aussi que les petites filles puissent se servir de notre image pour se motiver.

Les anciennes vous en parlent des galères qu’elles ont connu ?

Lou Bogaert : Un petit peu mais souvent elles nous disent : « Prenez du plaisir parce que vous êtes, entre guillemets, dans les bonnes générations ! »

Alice Sombath : Elles ont fait tout le boulot, elles nous laissent vraiment juste profiter.

Lou Bogaert : Elles ont galéré mais pour nous, et elles ont fait avancer le football féminin. On ne peut que faire honneur à ces filles-là et de montrer le chemin maintenant aux plus petites. Avant ça a été compliqué pour certaines et nous maintenant, il y a plus une facilité à devenir joueuse professionnelle. 

C'est quoi votre rêve à toutes les deux ?

Alice Sombath : Le rêve, c'est d'aller chercher ce premier titre. C'est de gagner. C'est vraiment de participer et d'aller vraiment chercher ce premier titre surtout.

Lou Bogaert : C’est une compétition à prendre, c'est que du positif de pouvoir déjà participer à une compétition comme ça donc il faut en profiter et bien évidemment faut travailler pour justement réussir à gagner.