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Des Bleues en quête d’un "cap" à passer, au-delà du plafond de verre des quarts de finale

Des Bleues en quête d’un "cap" à passer, au-delà du plafond de verre des quarts de finale
Des Bleues en quête d’un "cap" à passer, au-delà du plafond de verre des quarts de finaleter Bals/MTB-Photo / Shutterstock Editorial / Profimedia
Si pendant longtemps l’objectif fixé à l’équipe de France féminine était de dépasser les quarts de finale d’une grande compétition, Laurent Bonadei lui n’a annoncé aucun but avant de s’élancer dans cet Euro suisse et rêve désormais au-delà de son match face à l’Allemagne.

Samedi soir à Bâle, l’équipe de France va devoir faire face à ses démons : l’épreuve des quarts de finale et sa bête noire, l’Allemagne. Lors du dernier Euro, les Bleues avaient été éliminées en demi-finale… face aux Allemandes. Et depuis cet échec en 2022, les Françaises ont subi deux nouvelles désillusions : en quarts de finale de la Coupe du monde 2023, puis en quarts de finale des Jeux olympiques 2024. Au total les Bleues ont été éliminées à huit reprises à ce stade de la compétition lors de tournois majeurs, devenu dans le jargon journalistique "un plafond de verre".

Les temps ont changé. Si lors de l’arrivée de Hervé Renard à la tête de l’équipe de France, Jean-Michel Aulas, patron du football féminin français, clame qu’il est l’homme qui permettra aux Bleues d’enfin atteindre les demi-finales, Laurent Bonadei lui a toujours annoncé vouloir mettre en place "un projet sur trois ans". Soit la durée de son contrat en tant que numéro 1 à la tête des Bleues. Plus question d’afficher des objectifs. La France, sortie du top 10 du classement FIFA, devient "un outsider" et démarre son Euro avec comme ambition "d’aller le plus loin possible".

Mais après une série de 11 victoires consécutives toutes compétitions confondues et trois victoires en trois matchs de poules dans le groupe de la mort, les Bleues rêvent désormais plus grand. "Ce groupe a progressé un peu plus vite que ce que je l'avais imaginé et tant mieux. Ça nous donne plus d'ambition dans cet Euro", résume Laurent Bonadei, qui avait laissé entendre en début de compétition qu’en cas de raté en Suisse, l’expérience servirait pour la prochaine Coupe du monde.

Des caps à franchir, plutôt que des plafonds de verre à briser

Les joueuses elles-mêmes ne se voient plus se contenter d’une sortie des poules. "Oui, sortir en quarts serait un échec, assumait Sandie Toletti, en conférence de presse jeudi. On est compétitrices, on a des ambitions." À ses côtés, une autre vice-capitaine tricolore, Sakina Karchaoui, rappelait : "On est un nouveau groupe avec un nouveau staff. Il n’y pas beaucoup de joueuses du groupe actuel qui ont joué des France-Allemagne, donc nous sommes une nouvelle génération avec de nouvelles ambitions. Il faut rester humble mais il faut garder cette volonté d’aller gagner."

Devant la presse, Laurent Bonadei refuse d’évoquer la question du plafond de verre des quarts de finale mais préfère un équivalent plus positif : "J’ai plutôt envie de parler de cap à franchir. Au fur et à mesure du projet, qui s'est installé depuis le mois d'octobre dernier, je trouve que cette équipe franchit des caps à chaque fois. Il y a eu les matchs amicaux, la phase de Ligue des nations. Et puis ce groupe qui était annoncé comme le groupe de la mort, mais l’équipe franchit encore un nouveau cap. Donc demain j'ai beaucoup de confiance en elles pour réussir à franchir ce cap."

S’il martèle que la France n’est pas favorite de ce quart de finale face à une Allemagne rabougrie, battue 4-1 par la Suède lors de son dernier match de poules, mais historiquement huit fois championne d’Europe, Bonadei voit un autre signal fort que son équipe n’est plus à prendre à la légère : "Si le sélectionneur allemand a dit envisager de mettre une défense à 5, même si ça m’étonnerait franchement, ça veut dire qu’il a peur de prendre des buts face à une équipe qui en marque en moyenne trois par match depuis dix mois. Et si de grosses nations du football commencent à raisonner comme ça, ça veut dire qu'on est vraiment en train de progresser et qu'on sera en mesure à un moment donné de franchir ce cap des quart de finale."

Des Bleues qui pensent au-delà des quarts ?

Apôtre du positivisme, le sélectionneur des Bleues croit en la capacité de ses joueuses à "dédramatiser l’évènement" et à "faire en sorte que cela ne reste qu’un match", et non un quart de finale de plus où l’aventure pourrait s’arrêter. Griedge Mbock, capitaine des Bleues mais absente depuis le début de la compétition, appuie ses propos : "On est sereine parce qu'on a aussi bien travaillé. On est sur une dynamique de victoires qui nous a permis d’emmagasiner beaucoup de confiance. On est sûr de nos forces."

Dans ses plans, Bonadei n’a d’ailleurs pas prévu de rentrer en France samedi soir et anticipe déjà… une potentielle demi-finale. S’il donne habituellement sa composition d’équipe la veille de la rencontre, l’ancien adjoint de Hervé Renard a changé ses plans pour ce quart de finale et explique : "J'anticipe la deuxième mi-temps, la fin du match, les scénarios… (…) Notre souhait c’est de jouer trois matchs en huit jours. Quand je saurai qui est qualifié en demi-finale entre la Suisse et l'Espagne, j'aurai déjà un petit peu plus les idées claires pour savoir comment j'allais organiser, entre guillemets, mon turnover." Preuve que les quarts de finale n’effraient plus vraiment les Bleues.