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Cristiana Girelli, l’héroïne d’un parcours historique de l’Italie

Cristiana Girelli, l’héroïne d’un parcours historique de l’Italie
Cristiana Girelli, l’héroïne d’un parcours historique de l’ItaliePhoto par SEBASTIEN BOZON / AFP

Après des années de galère avec la Nazionale, Cristiana Girelli, 35 ans, est la star d’une équipe italienne en train d’écrire l’histoire dans cet Euro 2025. Celle qui a envoyé l’Italie en demi-finale grâce à un doublé face à la Norvège rêve désormais de battre les Anglaises tenantes du titre pour accéder à la finale à Bâle.

Si elle est adroite devant le but, Cristiana Girelli est aussi adroite derrière l’objectif. Le 17 juillet dernier, alors que l’Italie vient de se qualifier en demi-finale de l’Euro pour la première fois depuis 28 ans, la capitaine italienne, auteure d’un doublé pour offrir la victoire 2-1 face à la Norvège, est celle qui dégaine l’appareil photo pour immortaliser une photo historique : celle du retour de la Nazionale sur le devant de la scène. Et l’attaquante de la Juventus, 35 ans et déjà quatre participations à un Euro, attendait ça depuis longtemps.

"On a réussi quelque chose de magique, s’émeut-elle en conférence de presse après avoir reçu son deuxième trophée de joueuse du match de la compétition. Être parmi les quatre premières d'Europe, c'est merveilleux."  L’Italie lui doit beaucoup : elle a inscrit à elle seule trois des cinq buts de la Nazionale lors de cet Euro. Girelli avait déjà marqué les esprits en marquant un golazo face au Portugal en phase de poules (score final 1-1). Elle a récidivé face à la Norvège, avec un but de renard des surfaces juste devant la ligne, puis une tête croisée sublime pour offrir la victoire à la 90e minute. 

Un doublé qui lui permet d’être, à 35 ans et 84 jours, la joueuse la plus âgée à inscrire un doublé dans un Euro ou une Coupe du monde, dépassant Ada Hegerberg. Ce statut de doyenne d’un groupe italien rajeuni depuis l’arrivée d’Andrea Soncin lui vaut aussi d’être surnommée "maman" au sein du groupe ou "cheffe", plutôt en lien avec son amour pour la cuisine. Elle est surtout un exemple d’abnégation pour ses coéquipières, elle qui a grandi dans un football féminin italien loin du professionnalisme grandissant de l’actuel championnat. 

"Je suis devenue une athlète à 28 ans"

"Le football féminin s'est développé, sous tous ses aspects, et avec lui les exigences à notre égard, notamment sur le plan physique, résume Girelli. À la Juventus, même si j'avais déjà 28 ans quand je suis arrivée, je peux dire que je suis devenue une athlète. Aujourd’hui, je soigne tous les détails pour me présenter dans les meilleures conditions possibles le jour du match. Plus les années passent, plus il faut appuyer sur l'accélérateur pour maintenir une bonne forme physique. Chaque jour, j'en profite pour travailler sur mon corps."

Elle travaille aussi son jeu de tête, sa "marque de fabrique". Face à la Norvège, l’attaquante a remporté sept duels aériens sur huit. "Honnêtement, je ne me souviens pas si, dès mon enfance, le jeu de tête était l'un de mes points forts. Je pense avoir développé cette qualité au fil des années, car j'ai commencé à jouer plus près du but seulement en arrivant à la Juventus", raconte Girelli, qui explique son efficacité de la tête par un "sens du timing" issu de sa précédente pratique du basket. 

"Je centre et Girelli marque, souvent de la tête. Quand je la vois dans la surface, je sais que je n'ai qu'à mettre le ballon dedans, et 90 % du temps, elle le mettra au fond des filets", abonde Sofia Cantore, à l’origine des deux passes décisives pour les deux buts de Girelli face à la Norvège. "Il n'y en a pas beaucoup comme elle dans la surface", salue le sélectionneur italien, qui estime que sa numéro 10 est "une joueuse de classe mondiale".

Un rêve de titre pour faire passer un cap à l'Italie

En Italie, la trentenaire n’a plus rien à prouver et détient le plus beau palmarès féminin du football local : dix titres de Serie A avec Vérone, Brescia puis la Juventus, 9 titres en Coupe d’Italie avec les mêmes clubs, une récompense de meilleure joueuse de l’année en 2020, 122 sélections et 61 buts avec la Nazionale, deuxième joueuse la plus capée et troisième meilleure buteuse de l’histoire de la sélection… Elle est même entrée au hall of fame du football italien en 2022, rejoignant ainsi… Alessandro del Piero, son idole.

Celle qui avait des posters du champion du monde 2006 dans sa chambre en grandissant joue aujourd’hui sous ses yeux. "Il nous regarde tout le temps, confiait-elle avant la demi-finale face à l’Angleterre ce mardi. C’est un gars en or, il nous a souhaité bonne chance plus d’une fois." Pour définitivement rejoindre l’ancien numéro 10 légendaire de la Juventus, la capitaine espère mener sa sélection sur le toit de l’Europe. Un exploit qui serait inédit, puisque l’Italie n’a jamais fait mieux que deux finales, en 1993 et 1997.

Mais Girelli, qui vit sans doute sa dernière compétition internationale sous le maillot azzurro, y croit : "Nous sommes arrivées jusqu'ici et nous voulons continuer à croire, nous ne voulons pas nous arrêter, nous ne voulons pas nous contenter de ce que nous avons déjà.... Nous croyons fermement que nous pouvons obtenir un résultat contre n'importe quelle équipe." La numéro 10 au jeu de tête ravageur sait aussi qu’une victoire face aux championnes d’Europe en titre permettrait au football féminin italien de passer un nouveau cap : "Il se passe quelque chose en Suisse, je suis fière de voir les stades pleins, les gens passionnés, j'espère que ce n'est que le début de quelque chose qui peut arriver aussi en Italie."