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Chloe Kelly, l'attaquante résiliente qui "excelle" dans les moments cruciaux

Chloe Kelly, l'attaquante qui "brille" dans les moments cruciaux
Chloe Kelly, l'attaquante qui "brille" dans les moments cruciauxPhoto par MUSTAFA YALCIN / ANADOLU / Anadolu via AFP

Entrée à la 77e minute d'une demi-finale très indécise face à l'Italie, Chloe Kelly a encore joué la sauveuse lorsqu'elle a transformé le pénalty à quelques secondes de la fin de la prolongation. Une habitude pour l'attaquante d'Arsenal, déjà double passeuse décisive face à la Suède pour permettre à l'Angleterre de remonter à 2-2 et d'emmener le quart en prolongations.

119e minute, au stade de Genève. Déjà revenue d'entre les morts grâce à un but inscrit à la 90e+6 minute par la jeune Michelle Agyemang au bout du temps réglementaire, l'Angleterre a l'occasion de parachever sa remontada grâce à un pénalty obtenu à l'expérience par Beth Mead sur un duel avec Emma Severini. Après avoir interrogé Sarina Wiegman pour savoir qui d'Alex Greenwood ou de Chloe Kelly serait l'élue pour prendre ce dernier tir décisif, la numéro 18 anglaise, auteure d'une entrée jusqu'ici fantomatique, se saisit du ballon. "Je suis confiante", justifiera-t-elle à la défenseure, qui avait elle manqué son tir au but face à la Suède.

Trop confiante ? Après sa traditionnelle course d'élan avec le genou gauche en l'air, son pénalty tiré à mi-hauteur sur la droite de Laura Giuliani est d'abord repoussé par la gardienne italienne. Mais Kelly suit et enfonce au second poteau. "Ce pénalty n'était pas censé se passer comme ça, reconnaît-elle en conférence de presse ensuite, avec le trophée de joueuse du match sous le coude. Mais j'étais prête pour le rebond, et je suis prête à saisir toutes les occasions qui se présenteront à moi sous le maillot de l'Angleterre."

Devant un stade de Genève acquis à 90% à la cause anglaise, l'attaquante se permet de chambrer les Italiennes, qui ont cru pendant longtemps ralier la finale de cet Euro 2025. Après une célébration calma avec le reste de l'équipe, Chloe Kelly s'amuse à prendre la pause avec le poteau de corner, comme Thierry Henry à l'époque. Deux images iconiques de plus à ajouter à son crédit, elle qui avait déjà marqué les esprits en 2022 lorsqu'elle marque le but du 2-1 à la 110e minute en finale de l'Euro face à l'Allemagne et célèbre en retirant son maillot pour faire le brandir au dessus de sa tête, alors qu'elle fait le tour du stade en brassière.

Meilleure dos au mur

"Elle excelle dans ces moments-là, sourit Sarina Wiegman en conférence de presse. Elle adore ça, comme vous pouvez le voir !" Interrogée pour savoir d'où lui vient cette confiance à toute épreuve, Kelly sourit : "De moi-même !" Avant d'ajouter : "Je pense que la confiance vient aussi de l'entourage. Les joueuses avec qui nous sommes sur le terrain nous donnent confiance les unes aux autres." 

"Chloé, c'est l'attitude, le culot, la confiance, la qualifie Lucy Bronze, son ancienne coéquipière à Manchester City. Quand elle est sur le terrain, peu importe le moment, comment elle se sent, le public, elle va se redresser, bomber le torse et foncer. Elle a une attitude et une confiance qui ne s'achètent pas. Elle n'a commencé aucun match, mais à chaque fois qu'elle est entrée en jeu elle a fait la différence. Elle fait partie de ces joueuses que l'on veut dans son équipe et pas contre soi."

Avec ce but, Chloe Kelly envoie l'Angleterre disputer sa troisième finale consécutive de compétitions majeures. Pourtant l'attaquante anglaise a bien failli ne jamais valider son billet pour la Suisse et n'était plus convoquée par la sélectionneure anglaise en début de saison, alors qu'elle était cantonnée au banc avec Manchester City suite à des mésententes avec son entraîneur Gareth Taylor. "Je suis tellement reconnaissante pour les moments que je vis aujourd'hui et j'apprécie chaque minute de cet Euro, quand je repense aux moments où, en janvier, j'ai eu envie d'abadonner le football", confie-t-elle en conférence de presse.

"J'ai vu le sang, la sueur et les larmes qu'elle a versés"

Après avoir fait part de son mal-être dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, Kelly est rentrée à la maison, direction Arsenal pour un prêt de six mois durant lequel elle remporte la Ligue des champions face au Barça. Et elle y retrouve son niveau, sa joie de vivre et sa rapidité si dévastatrice lorsqu'elle est lancée. Un choix payant à six mois d'un Euro, dont Wiegman et les supporters lui sont reconnaissants aujourd'hui. Il suffit d'écouter la très large ovation qui lui a été réservée lorsqu'elle est entrée en jeu à la place de Georgia Stanway.

Une énième preuve de résilience, pour celle qui est la plus jeune d'une fratrie de sept. "Je pense que les gens oublient qu'elle est revenue d'une blessure au ligament croisé antérieur, qu'elle est sortie du banc et qu'elle a marqué le but de la victoire lors de la finale de l'Euro", rappelle Lucy Bronze, qui a passé des heures avec elle en salle de musculation alors qu'elle se retapait d'une opération du genou.

"Quand tu regardes Chloe, tu ne te dis pas qu'elle se donne autant à la salle. Mais c'est tellement une compétitrice, elle est tellement résistante", salue la latérale droite anglaise. Un coup de pouce du destin joue en la faveur des deux stars qui se motivent mutuellement pour revenir à temps pour cet Euro à domicile : en raison de la pandémie de Covid, la compétition continentale est repoussé à 2022.

"Je sais mieux que quiconque dans cette équipe de quoi Chloe est faite et quelle mentalité elle a vraiment, insiste Bronze. C'est pourquoi lorsqu'elle entre en jeu sous le maillot de l'Angleterre, je sais qu'elle peut faire la différence à n'importe quel moment du match et qu'elle donnera tout ce qu'elle a. C'est ce que j'ai vu quand personne n'était là, quand les fans n'étaient pas là, quand l'équipe n'était pas là, qu'il n'y avait que moi et elle. J'ai vu le sang, la sueur et les larmes qu'elle a versés." Une ténacité à toute épreuve qui a déjà permis à l'Angleterre de se sauver de situations bien compliquées et qui pourrait être encore utile à Sarina Wiegman et compagnie, adeptes des scénarios rocambolesques pour s'imposer.