Au cas où il y avait encore un doute, Zinedine Zidane a rappelé la semaine dernière son envie de devenir sélectionneur de l'Equipe de France. Quatre ans après son départ du Real Madrid (qui feront 5 au moment de sa plus que probable nomination), le Ballon d'Or 1998 est destiné à remplacer Didier Deschamps. Le secteur des entraîneurs est tellement ravagé en France (il n'y en a aucun en Ligue des Champions cette saison par exemple) que le nombre de postulants est très réduit.
Pour autant, un autre profil se détache : Bernard Diomède. Inutile de nourrir un suspense qui n'existe pas : il n'a aucune chance d'être choisi. D'abord, parce qu'il n'est pas Zidane. Ensuite, et c'est peut-être le plus important, parce qu'on ne sait même pas s'il a fait acte de candidature. Mais comme, après tout, Raymond Domenech a fait un mandat 8 ans après n'avoir rien réalisé avec les Espoirs pendant 11 ans avec les Espoirs à une époque où accéder aux A prenait du temps, Diomède peut entrer dans l'équation, ne serait-ce que pour entrer dans le staff.
Depuis 2015, celui qu'Aimé Jacquet surnommait "Petit bonhomme" a fait ses preuves. Des U17 aux U20, il a accumulé près de 130 matches avec différentes générations qui ont éclos au cours de la dernière décennie. La quatrième place obtenue au Chili lors de la Coupe du monde U20 qui s'est achevée dimanche soir est une vraie réussite. En effet, il a essuyé 48 refus de la part de clubs qui ont préféré priver leurs jeunes sans de temps de jeu de... temps de jeu. La joie des compétitions hors des dates FIFA, à l'image du Tournoi Maurice Revello (ex Tournoi de Toulon) remporté par les Bleuets en 2022 et 2025. N'oublions pas qu'il y a un an, les U19 ont disputé la finale de l'Euro U19, preuve d'une réelle continuité dans les performances.
Dès qu'il l'a pu, Diomède a "contraint" Neom de lui céder Saïmon Bouabré pendant la trêve internationale mais n'a pas pu le conserver au lendemain de la fin de la fenêtre, le club saoudien obligeant le Français à rentrer alors qu'il avait brillé contre la Norvège en 1/4 de finale et que la demi-finale contre le Maroc se disputait quelques heures plus tard. Malgré un nombre de galères auquel il est rôdé, Diomède est parvenu à bâtir une cohésion collective et tactique. La finale s'est joué aux tirs au but contre le futur vainqueur qui, lui, avait fait de la compétition un objectif. Ironie de l'histoire, plusieurs champions du monde U20 ont évolué par le passé évolué sous les ordres de... Diomède.
Les difficultés de construction d'un groupe avec des automatismes et un vécu commun ont été compensées par un travail de scouting développé, au point que des joueurs présents lors du Mondial U20 ne savaient même pas qu'ils étaient dans les radars ! La connaissance des talents tricolores par Diomède et son staff est conséquente et, quand on se souvient de l'incapacité de Zidane de promouvoir et faire progresser les jeunes canteranos madridistes, cette aptitude à percevoir le potentiel et à bien l'utiliser est loin d'être une notion abstraite.
Après 10 ans de travail de l'ombre, Diomède mérite davantage de lumière. Il a fait ses preuves depuis suffisamment longtemps pour être promu.
