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Tuchel et l'Angleterre, idées claires et parole libre

Tuchel face au Pays de Galles.
Tuchel face au Pays de Galles.BEN STANSALL/AFP

En dix mois, Thomas Tuchel a apposé sa griffe sur l'équipe d'Angleterre avec des choix radicaux, des mots forts et l'obsession de créer un collectif soudé en vue du Mondial 2026, pour lequel il pourrait se qualifier dès ce mardi.

Depuis la prise de fonction de l'Allemand, le 1ᵉʳ janvier, ses Three Lions ont affiché des progrès dans le jeu et réalisé un sans-faute en qualifications : treize buts marqués et aucun encaissé en cinq matches.

Une sixième victoire, mardi (20h45) contre la Lettonie à Riga, qualifierait les vice-champions d'Europe pour la Coupe du monde nord-américaine avant même leurs deux derniers matches du groupe K en novembre.

Elle couronnerait aussi la stratégie toute personnelle du commandant Tuchel, lequel n'a pas hésité à écarter des stars comme Jude Bellingham, Phil Foden ou encore Jack Grealish, au profit de la cohésion d'équipe.

"Je viens de voir un documentaire sur les New England Patriots (une équipe de football américain, NDLR) et il y avait cette phrase : 'nous n'associons pas les joueurs les plus talentueux, nous construisons une équipe'. Je suis tout à fait d'accord. C'est exactement ce que nous essayons de faire", a-t-il dit pour justifier sa liste d'octobre.

Le technicien de 52 ans, dont le contrat court jusqu'au Mondial 2026, a globalement reconduit le groupe qui avait brillé en Serbie (5-0) en septembre, vantant la "cohésion nécessaire" pour réussir dans un grand tournoi.

Quand les joueurs parlent des titres gagnés ou manqués en sélection, "j'entends toujours la même rengaine: nous avons été une équipe ou nous n'avons pas été une équipe", a-t-il insisté.

Le modèle Kanté

L'omission de Bellingham est celle qui a fait le plus de vagues, plus que celles de Foden, Grealish ou encore Adam Wharton, jeune milieu de Crystal Palace à la cote élevée.

Le sélectionneur a expliqué que la pépite du Real Madrid, opérée à une épaule en juillet, n'avait pas encore retrouvé totalement "son rythme" en club, ce qui avait contribué à sa non sélection.

Mais le message était clair : les grands noms n'ont plus leur rond de serviette en sélection, il faut se battre pour y revenir.

"La carrière de Tuchel donne des indices sur son apparente stratégie avec Bellingham. Le fait d'avoir Neymar, Kylian Mbappé et Edinson Cavani à sa disposition n'a pas rendu le PSG plus fort dans les matches décisifs de la Ligue des champions, et il y a eu des problèmes au Bayern Munich avec certains joueurs phares", a rappelé The Guardian.

À l'inverse, écrit le quotidien britannique, l'Allemand a remporté la Ligue des champions à Chelsea en 2021 "avec une équipe brillante en contre-attaque et en défense", et dont le joueur-clé était N'Golo Kanté, un travailleur de l'ombre au service du collectif.

La franchise de Tuchel a cependant pu créer des frictions avec des joueurs, des propriétaires de clubs et des dirigeants. Jeudi, la victoire 3-0 en amical contre le Pays de Galles a aussi été éclipsée en partie par sa charge contre le public de Wembley, jugé trop "silencieux".

"Tuchel est là pour entrer dans l'histoire, pas pour se faire des amis", a résumé le journaliste sportif Henry Winter. "Tuchel a l'habitude de se brouiller avec les gens. Mais aussi de gagner."

Cet épisode prouve que l'Allemand "n'a pas peur de se jeter dans la mêlée. D'abord Jude Bellingham, puis le public anglais", a relevé John Cross dans The Mirror.

"Il faut admirer Tuchel car après tout, il n'est en poste que pour 18 mois, il n'a pas à se soucier du long terme, c'est un mercenaire qui a été engagé pour remporter la Coupe du monde."