"Même mon épouse m'a dit : 'Mais qu'est-ce que tu fais ?'", raconte Sébastien Migné, le sélectionneur d'Haïti

Migné le 13 octobre.
Migné le 13 octobre.ORLANDO SIERRA/AFP

"Même mon épouse me disait : 'Mais qu'est-ce que tu fais, Seb' ?", raconte à l'AFP le sélectionneur français d'Haïti, Sébastien Migné, qui a pris en mains une équipe moribonde et a réussi à la qualifier pour le Mondial malgré le contexte particulier d'un pays plongé dans la misère et en plein chaos.

Q : Qu'avez-vous ressenti une fois la qualification validée ?

R : "On était tous un peu en larmes à différents moments. C'était dur de gérer les émotions dans cette rencontre (victoire contre le Nicaragua 2-0, NDLR), parce qu'on manque quand même d'expérience du très haut niveau. Et puis ça dépendait de nous mais pas seulement. Tu finis le match, tu as fait le boulot, mais tu attends le résultat du Honduras. Le Costa Rica a eu un exclu et il restait deux minutes, tu serres les fesses et tu espères que ça va passer... (le 0-0 a qualifié Haïti, NDLR). C'est mérité pour ce groupe, car c'est d'abord les joueurs. Moi je suis peut-être à l'origine, celui qui donne l'impulsion. La Coupe du monde, c'est le Graal. Je me souviens qu'à l'oral de mon brevet d'État on m'avait demandé mon ambition. J'avais répondu : faire la Coupe du monde. Je pense qu'ils ont dû rire, j'avais 24 piges. J'ai disputé la précédente au Qatar comme premier adjoint de Rigobert Song avec le Cameroun, mais cette fois je serai numéro un."

Q : Viser le Mondial avec Haïti, c'était un pari osé...

R: "Quand je me suis lancé dans cette aventure, même mon épouse me disait : 'Mais qu'est-ce que tu fais, Seb ?' Ce n'était pas une question financière, loin de là, mais j'avais évalué le potentiel des joueurs qui pouvaient me rejoindre, et je m'étais dit: sur un malentendu, il y a un coup à faire. Et puis j'ai embringué les fidèles de mon staff, qui n'y croyaient pas forcément mais croyaient en moi. Ils ne m'ont jamais lâché, même quand il y a trois semaines on a ressenti une forte pression négative après la défaite au Honduras (3-0). Dès notre premier rassemblement en Guyane en mars 2024, sur ma feuille de route il y avait la Coupe du monde. Je le martelais en espérant marquer les esprits. Je crois que tout le monde s'est pris au jeu, à l'histoire que je leur ai racontée, et la chute est plutôt belle !"

Q : Qu'attendez-vous du tirage au sort du 5 décembre ?

R : "C'est que du bonheur, on va savourer. Pour la petite histoire, ce serait fabuleux que mon meilleur pote, Sébastien Desabre, sélectionneur de la RD Congo, nous rejoigne (par le biais des barrages intercontinentaux, NDLR). Je rentre en France jeudi, vendredi matin on s'envole pour le Kenya où j'ai une maison, on se retrouve avec nos familles, avec Seb Desabre. Et puis on partira tous les deux de Nairobi pour aller à Washington pour le tirage au sort du 5 décembre."