La profession de foi était alléchante... Ce Mondial 2026 devait être la compétition "la plus inclusive" jamais organisée, avait promis Gianni Infantino, le président de la FIFA, en septembre. Mais ce serment a sérieusement pris du plomb dans l'aile.
Les tarifs des billets dévoilés le 11 décembre par la FIFA pour les groupes officiels de supporters désireux de suivre leur équipe pendant le Mondial ont fait l'effet d'une douche froide.
"Le sentiment qui domine, c'est la déception", regrette auprès de l'AFP Guillaume Auprêtre, porte-parole des Irrésistibles Français (IF), principal groupe de supporters des Bleus qui compte près de 2 500 adhérents.
Selon les IF, un fan devra débourser entre 190 et 600 euros pour un match de poule, entre 580 et 1 200 euros pour un quart de finale, puis de 3 600 euros à 7 400 euros pour une finale.
"On s'est tout de suite rendu compte que ça mettait en péril le rêve de nombreux supporters... On était tous déçus et énervés. On n'a pas compris pourquoi ces tarifs étaient si élevés, même si on s'attendait à ce que soit un peu plus cher que pour le Qatar (en 2022) ou la Russie (2018). Mais là... 3 600 euros le billet pour la finale, ils sont complètement à côté de la plaque", lâche le porte-parole, estomaqué.
"Tarification dynamique"
Ces tarifs sont ceux qui s'appliquent aux billets réservés aux groupes officiels de supporters, sorte de pré-vente de tickets auxquels le grand public n'a pas accès. Mais, pour les millions de fans non affiliés, le coût est encore un peu plus prohibitif.
Exemple : pour assister au match de phase de groupe Brésil-Maroc à New-York le 13 juin, il faut débourser entre 265 et 700 dollars. Et il faut compter entre 4 185 et 8 680 dollars pour s'offrir un billet pour la finale.
En sachant qu'il faudra avoir eu la chance d'être tiré au sort par la FIFA, pour avoir accès à la billetterie, y compris pour les supporters officiels...
Ces prix sont de surcroit susceptibles d'évoluer en raison de la "tarification dynamique" appliquée pour ce Mondial, qui consiste à faire évoluer les prix en fonction de la demande. Une pratique qui ne concernera qu'une des quatre catégories de billets, celle proposant à la base les tarifs les moins chers.
"Nous n'avons pas de prix préférentiel. Un supporter français (affilié à l'IF par exemple, NDLR) devra débourser, s'il veut suivre (les Bleus) jusqu'en finale, au moins 6 000 euros. C'est ce qu'il avait déboursé pour l'ensemble de la compétition, mais tout compris, au Qatar", expose Guillaume Auprêtre, induisant que la facture sera bien plus salée en ajoutant le transport, l'hébergement et la nourriture.
"Pas suffisant"
"Ce sera au minimum deux fois plus cher", résume, dépité, le porte-parole. "Je ne comprends pas comment ils peuvent parler de sport populaire avec de tels tarifs."
Et cette colère est globale. L'association des supporteurs européens (FSE) s'est elle aussi indignée des tarifs "exorbitants" et "astronomiques", demandant à Gianni Infantino de rectifier le tir.
Les Irrésistibles Français ont eux alerté par courrier le président de la Fédération française (FFF) Philippe Diallo, qui a reconnu "une envolée des prix", assurant "comprendre leurs préoccupations" et promettant de relayer le message "auprès de ceux qui fixent les prix, c'est à dire la FIFA", lors de l'AG de la FFF le 13 décembre.
Prise de court, l'instance dirigeante du football mondial a, dans l'urgence, annoncé mardi soir la création d'une nouvelle catégorie de billets, en petit nombre car réservés aux supporteurs officiels, "Supporter Entry", au tarif plancher de 60 dollars, y compris pour la finale. "C'est le début d'une réflexion qui va dans le bon sens, mais ce n'est pas suffisant", estime Guillaume Auprêtre.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a salué cette annonce, encourageant toutefois la FIFA "à faire davantage pour rendre les billets plus abordables".
Pour Guillaume Auprêtre, il faut juste que la FIFA revienne aux tarifs initialement annoncés lorsque l'organisation a été confiée aux trois pays nord-américains, "qui étaient certes un peu plus élevés que le Qatar, mais qui semblaient acceptables".
