La seule et unique participation de l'Ukraine en Coupe du monde remonte à 2006, lorsqu'Andriy Shevchenko, Andriy Voronin, Serhiy Rebrov, Anatoliy Tymoshchuk et Ruslan Rotan portaient la Zbirna. Depuis, les générations ukrainiennes successives ont vu les derniers Mondiaux derrière leur télévision, au grand dam d'une nation qui tente de s'affirmer aussi bien dans sa différence avec le voisin russe que sur la scène internationale.
"C'est extrêmement important, rappelait Andriy Shevchenko dans les colonnes de L'Équipe mercredi, aujourd'hui président de la fédération ukrainienne. Il y a deux aspects clés. Premièrement, il est essentiel de représenter notre pays sur la scène internationale et de rappeler au monde l'existence de l'Ukraine. Deuxièmement, c'est une grande réussite sportive. Nous n'y sommes parvenus qu'une seule fois auparavant, en 2006, et nous aimerions y parvenir à nouveau. Ce serait une grande réussite pour les joueurs, une chance de prouver au niveau international, et cela nous renforcerait également en tant qu'association, car un tel succès favorise le développement global du football ukrainien."
Une Coupe du monde à 48 sans l'Ukraine ?
À l'heure d'une première Coupe du monde américaine avec 48 nations, l'Ukraine, placée dans un groupe de qualifications avec la France, l'Azerbaïdjan et l'Islande, avait l'obligation de finir au moins dans le top 2, pour accéder au moins aux barrages ensuite. Mais la machine s'est vite grippée lorsqu'après une défaite 0-2 face à la France, la Zbirna est allée faire match nul 1-1 en Azerbaïdjan. Ce revers inattendu oblige les joueurs de l'Ukraine à venir s'excuser auprès des quelques dizaines de têtes brulées qui avaient fait le déplacement à Bakou.
Un coupable est très vite désigné : Serhiy Rebrov, qui avait préféré aligner son équipe type face à la France, jugée imbattable par les supporters, et avait été obligé de faire tourner dans un long déplacement pourtant crucial. L'Ukraine se fait même une sacrée frayeur lorsque l'Islande, son rival pour la deuxième place de ce groupe D, ouvre le score face à la France lors de la 2e journée (avant de perdre 2-1). Mais elle se rattrape en allant s'imposer 5-3 à Reykjavik dans un match totalement fou où Ivan Kaliuzhnyi et Oleg Ocheretko inscrivent leur premier but avec la Zbirna pour sceller la victoire.
Avant d'enchaîner avec un succès 2-1 face à l'Azerbaïdjan et de se reclasser provisoirement 2e, à trois points de la France, et avec trois points d'avance là aussi sur l'Islande, 3e. Mais les coéquipiers de Mykola Matviyenko le savent : ils n'ont pas encore un pied sur le continent américain qui accueillera le prochain Mondial. Le match de ce jeudi face à la France n'est d'ailleurs pas la priorité de l'Ukraine, qui préserve ses forces pour ce qui s'apparente à une finale dimanche prochain face à l'Islande.
Une finale face à l'Islande plus importante que France-Ukraine
S'il peut compter sur l'ensemble de ses forces vives pour ce rassemblement, excepté Mykhailo Mudryk toujours suspendu pour dopage, Serhiy Rebrov devrait donc faire tourner face aux Bleus. Beaucoup de ses joueurs cadres sont en plus sous le coup d'une suspension pour accumulation de cartons jaunes et pourraient donc manquer cette réception cruciale face au pays nordique en cas de nouvelle sanction.
"Nous ne pouvons pas penser maintenant au match contre l'Islande, a tout de même prévenu Rebrov en conférence de presse. Je suis sûr que demain, les joueurs qui entreront sur le terrain joueront au maximum pour prendre des points contre l'équipe de France." Sous-entendant bien qu'il n'allait pas forcément aligné ses habituels titulaires. Pour les journalistes ukrainiens, ce match face aux Bleus doit être abordé sans crainte, avec la seule ambition de donner son maximum pour pourquoi pas, sur un malentendu, gratter la première place occupée par l'équipe de France.
"Nous n'avons pas de raison d'avoir peur, il y a du respect pour l'adversaire. Nous n'allons pas les surestimer, c'est une très bonne équipe nationale, avec des joueurs de classe mondiale, mais ce sont des footballeurs comme nous", a martelé Vitaliy Mykolenko en conférence de presse. Mais dans un pays où les moments de joie se font rares, les joueurs ukrainiens le savent : tout autre résultat qu'une qualification pour ce premier Mondial offrant autant de tickets serait un échec. Surtout pour cette génération annoncée comme "dorée".
