"Nous n'avions aucune émotion dans notre jeu. Dans les duels, on a perdu tout ce qui était à perdre. Nous devons apporter la même émotion que l'adversaire sur le terrain. La Slovaquie est moins bien classée, mais elle nous a surpassés de loin dans tous les domaines."
Le constat posé par le sélectionneur Julian Nagelsmann était sans appel jeudi soir, quelques minutes après la première défaite allemande à l'extérieur lors d'une rencontre qualificative pour une Coupe du monde.
L'impression laissée sur le terrain à Bratislava est celle d'un retour en arrière de deux ans, quand l'Allemagne coulait contre le Japon (5-1) en septembre 2023, juste avant la mise à l'écart de son sélectionneur Hansi Flick à moins de neuf mois de l'Euro à domicile.
Entre-temps, Nagelsmann est arrivé et a redonné du souffle au jeu allemand, avec un quart de finale de l'Euro 2024 perdu en prolongation contre l'Espagne (2-1), puis une première phase de Ligue des nations 2024/2025 maîtrisée, avant de décevoir en juin au Final 4 (défaites en demies et lors du match pour la 3e place).
Jeudi, les vieux problèmes ont ressurgi, à commencer par une défense aux abois, à l'image du second but slovaque de David Strelec, qui s'est joué d'Antonio Rüdiger. Offensivement, les Allemands ont eu assez peu d'occasions pour se distinguer. "On a eu cinq minutes correctes, c'est trop peu", insiste Nagelsmann.
Matthäus "surpris, presque choqué"
"La performance de la Mannschaft m'a complètement surpris, presque choqué. Concentration, hargne, passion, tout cela a fait défaut", a estimé Lothar Matthäus, capitaine des champions du monde allemands en 1990, auprès du tabloïd Bild.
"Le match a laissé des traces chez nous. L'équipe a été, à juste titre, critiquée. Le sélectionneur a trouvé les bons mots, Rudi Völler (le directeur sportif de la Mannschaft, NDLR) aussi, mais l'équipe aussi était critique envers elle-même", a souligné vendredi le directeur général de la Fédération, Andreas Rettig, au micro du diffuseur ProSieben MAXX.
Dans son histoire, l'Allemagne n'a jamais bouclé une phase de qualifications sans valider le billet pour la Coupe du monde. Ses deux seules absences au tournoi planétaire remontent à 1930 (pas de qualification pour la première, elle avait renoncé au long voyage vers l'Uruguay) et 1950 (suspendue par la FIFA).
En 2001, elle a dû passer par un match de barrage aller-retour contre l'Ukraine (5-2 au cumul). Quadruple championne du monde (1954, 1974, 1990 et 2014), l'Allemagne reste sur des éliminations dès la phase de groupes en 2018 et 2022.
Si elle veut éviter le passage par la périlleuse case des barrages en mars 2026 (deux matches couperets à gagner), l'Allemagne doit s'imposer contre l'Irlande du Nord dimanche, en soignant si possible la manière pour se rassurer, mais surtout sa différence de buts générale, premier critère pour départager deux sélections à égalité de points à l'issue de cette phase express de qualifications (six matches entre début septembre et mi-novembre).