Imbroglio des visas, déplacement de matches... Trump bouleverse l'organisation du Mondial 2026

Donald Trump mercredi.
Donald Trump mercredi.ANDREW CABALLERO-REYNOLDS/AFP

Organiser un Mondial n'est pas facile, mais quand l'hôte s'appelle Donald Trump c'est encore plus délicat.

Dans six mois, les Etats-Unis accueilleront la Coupe du monde aux côtés du Mexique et du Canada, et l'imprévisible président américain complique son organisation à coups de pression sur ses voisins, de menaces de déplacement des matches et de restrictions sur les visas.

La politique migratoire, quel impact ?

Des centaines de milliers de spectateurs étrangers sont attendus dans les trois pays organisateurs, et en particulier aux Etats-Unis, qui hébergent la grande majorité des rencontres (82 sur les 104 au programme).

Ces visiteurs arriveront dans un pays dirigé par un président qui a fait de la politique anti-immigration la clé de voûte de son second mandat, avec une campagne d'expulsions d'une brutalité assumée.

Et il serre la vis: après l'attaque contre deux militaires la semaine dernière par un suspect afghan à deux pas de la Maison Blanche, le milliardaire républicain a mis un coup d'arrêt à l'octroi de visas pour les ressortissants de 19 pays, dont deux qualifiés pour le Mondial, Haïti et l'Iran.

La semaine passée, Téhéran avait décidé de boycotter le tirage au sort de la compétition, prévu vendredi à Washington, après le refus américain de délivrer des visas à plusieurs membres de sa délégation, avant de finalement annoncer mercredi se rendre dans la capitale américaine.

Exceptions footballistiques ?

Mais dans certaines circonstances, la procédure pourrait être accélérée, assure le président américain, alors que l'obtention de visas peut prendre des semaines, voire des mois.

Donald Trump a en effet dit mettre en place un "pass Fifa" qui permettra à tout détenteur d'un billet pour un match de la Coupe du monde d'obtenir un rendez-vous plus rapidement.

Mais "votre billet n'est pas un visa", a averti le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio. Et les conditions pour se voir ouvrir l'accès au territoire américain ne seront pas assouplies : "La seule différence, c'est que nous mettons (les demandes) en haut de la pile".

Trump va-t-il déplacer des matches ?

C'est la menace brandie par le dirigeant américain, s'il juge que la sécurité n'est pas suffisamment assurée dans certaines villes hôtes. En l'occurrence, celles dirigées par des démocrates, comme Los Angeles, qui doit accueillir huit rencontres, San Francisco (six) et Seattle (six).

Donald Trump les accuse, sans preuves, de laisser exploser l'immigration illégale, l'insécurité et la criminalité. Il a menacé, à de nombreuses reprises, de délocaliser les matches dans d'autres villes, mais une telle décision serait un casse-tête organisationnel pour la FIFA, sans parler des supporters qui ont déjà réservé leur billet, logement et déplacement.

Elle rencontrerait aussi des obstacles juridiques, les contrats de ville hôte ne pouvant être résiliés qu'en cas d'événement grave et imprévisible (type catastrophe naturelle, guerre ou émeutes), même s'ils laissent plus de latitude pour déplacer seulement certains matches sans rayer entièrement une ville du tournoi.

S'ajoutent à cette incertitude les tensions suscitées par le déploiement de militaires de la Garde nationale dans des villes démocrates comme Los Angeles, le but affiché étant d'y rétablir la sécurité, contre l'avis des élus locaux.

Les descentes musclées des agents de la police fédérale de l'immigration (ICE) qui font la chasse aux migrants sans papiers à travers le pays aggravent les crispations, tandis qu'un climat empreint de peur s'est installé chez une partie de la communauté latino. Or, le président américain pourrait décider de prolonger le déploiement des soldats et des agents jusqu'au Mondial.

Et les voisins ?

Donald Trump ne fait pas dans la dentelle avec ses coorganisateurs du Mondial auxquels il impose des droits de douane sur certains produits.

Il a de surcroit menacé d'annexer le Canada, son voisin septentrional. Vers le sud, il n'a pas écarté d'éventuelles frappes américaines au Mexique dans le cadre de la lutte contre les cartels de la drogue.

De quoi compromettre l'organisation de cette première Coupe du monde à 48 équipes, conjointe à trois pays ? Peu probable, mais il faudra aux organisateurs déployer des trésors de coordination et de diplomatie pour gérer les visas, les flux de spectateurs, sans oublier la sécurité.