Dans un rapport de 79 pages intitulé "Die First, and I'll Pay You Later", l'ONG détaille des conditions de travail s'apparentant parfois à du travail forcé, notamment sur les chantiers du plan Vision 2030, l'ambitieux projet de réforme porté par Mohammed ben Salmane, prince héritier et dirigeant de facto du pays.
Parmi les abus recensés lors de 155 entretiens menés par l'ONG: des frais de recrutement exorbitants infligés aux candidats à l'emploi, des salaires impayés, une exposition à la chaleur extrême et des restrictions sur la mobilité professionnelle.
Selon HRW, ces abus touchent les travailleurs migrants à chaque étape de leur parcours.
La pression pour respecter des délais irréalistes accentue les risques. "Chaque jour, un ou deux travailleurs s'évanouissent", a confié à HRW un employé du projet Neom, une mégalopole futuriste qui doit voir le jour dans le désert.
Comme les autres pays du Golfe, l'Arabie saoudite compte des millions de travailleurs indiens, pakistanais ou philippins, occupant des emplois subalternes aux salaires bas, largement boudés par les nationaux.
Malgré les réformes du droit du travail introduites en 2021, les travailleurs disent continuer de dépendre de leurs employeurs pour changer d'emploi ou quitter le pays, un système que HRW qualifie d'exploitation.
Entre janvier et juillet 2024, 884 travailleurs bangladais sont décédés en Arabie saoudite selon des informations obtenues par l'ONG, dont 80% de "causes naturelles" non recherchées, selon HRW. Ces décès inexpliqués laissent souvent les familles sans compensation ni soutien financier.
"Il n'avait aucun problème de santé, on ne croit pas qu'il soit mort de causes naturelles comme indiqué sur le certificat de décès", a déclaré la veuve d'un plombier indien.
Pour HRW, si la Fifa attribue l'organisation du Mondial-2034 à l'Arabie saoudite, seule candidate, début décembre, elle aura décider d'ignorer ces abus.
La construction des infrastructures nécessaires, dont une dizaine de nouveaux stades et des centaines de milliers de chambres d'hôtel, risque d'aggraver les violations déjà documentées, affirme l'ONG.
"La Fifa ferme les yeux", déplore Michael Page, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient.
Dans son rapport d'évaluation publié samedi, la Fifa qualifie la candidature saoudienne de "solide", tout en soulignant que les engagements de l'Arabie saoudite en matière de droits humains nécessiteront "un effort significatif en temps et en énergie" avant le Mondial-2034.