Plus

Pourquoi l'équipe de France a perdu des points en Islande

Eduardo Camavinga et Jules Koundé au duel avec Kristian Nokkvi Hlynsson.
Eduardo Camavinga et Jules Koundé au duel avec Kristian Nokkvi Hlynsson.HALLDOR KOLBEINS/AFP

L'équipe de France a concédé lundi son premier match nul dans la phase qualificative pour la Coupe du monde 2026. Un résultat surprise puisque la logique donnait les Bleus favoris pour cette rencontre. Voici pourquoi les hommes de Didier Deschamps ont perdu deux points à Reykjavík.

Une défense apathique et déconcentrée 

On ne peut que pointer du doigt l'attitude global des joueurs sur les deux buts concédés. Le premier, sur un coup franc tiré par Gudmundsson et repris par Palsson, la défense française manque de réactivité et se laisse totalement prendre, alors qu'il aurait suffi d'être plus concentré et de mettre le corps quand le ballon trainait dans la surface de réparation.

Sur le deuxième, les Bleus, animés par cette volonté de récupérer le ballon haut et tôt, se font complètement aspirés par le jeu de passes des Islandais. Derrière, Gudmundsson, encore lui, a pris l'ascendant sur son adversaire et Hlynsson est laissé libre de tout marquage. Ce dernier aura la lucidité pour se remettre sur son pied droit pour réaliser un plat du pied, alors que le jeu tendait vers une frappe du pied gauche. 

"Cela arrive, mais ça ne doit pas nous arriver, a expliqué Didier Deschamps après coup en zone mixte. On était peut-être encore en train de fêter le but. Se faire transpercer d'aussi haut parce qu'on était mal positionné, que le porteur n'était pas cadré, ce n'est pas possible. On était certainement trop haut aussi."

Encaisser au moins deux buts, un fait statistique rare 

Sur le papier, c'est l'une des associations qui semble la plus solide. Didier Deschamps ne dispose pas de beaucoup d'options et Dayot Upamecano ainsi que William Saliba possèdent désormais de belles références au plus haut niveau.

Cependant, le football est parfois cruel. Lundi soir, la charnière centrale des Bleus n'a pas été suffisamment performante. Indirectement, elle a encaissé deux buts, une première depuis la demi-finale de Ligue des nations contre l'Espagne en juin dernier (5-4). D'ailleurs, depuis le début de l'année 2024, l'Islande rejoint un cercle très fermé des sélections ayant été capables de marquer deux buts à l'équipe de France

La Roja l'avait déjà réalisé à l'Euro (2-1). Et, avant ça... c'était le Chili qui avait fini par s'incliner 3-2 en match amical en mars 2024. Il se trouve que la charnière Upamecano-Saliba était également sur le terrain face aux Espagnols à l'été 2024. Enfin, pour retrouver la trace d'un match d'éliminatoires durant lequel la France a encaissé deux buts, il faut remonter à novembre 2023 – c'était en Grèce (2-2). 

Globalement, ce qui est arrivé lundi soir est rare avec Didier Deschamps. Mais, au-delà de l'explication visuelle, il se trouve qu'Upamecano est passé à côté de sa rencontre. Certes, avec ballon, il a été efficace et n'a pas commis d'erreur. Mais, sans ballon, à en croire Opta, il a perdu beaucoup trop de duels (6). Aucun autre joueur sur le terrain n'en a perdu plus que lui durant le match. Quant à Saliba, sa performance est peut-être un peu trop neutre et ne permet pas de dire qu'il a su empêcher les Islandais de se montrer dangereux. 

Les erreurs individuelles : les cas de Camavinga et Koundé 

Quand un problème de groupe est mis en évidence, il y a forcément une explication individuelle au souci. Sur les deux buts encaissés, deux joueurs ne sont pas parvenus à se montrer assez altruistes sur le moment : Eduardo Camavinga et Jules Koundé. Le joueur du Real Madrid manque de clairvoyance quand Palsson reprend le ballon dans la surface de réparation. Il est le joueur qui est au marquage, celui qui rate le dégagement sur le centre de Gudmundsson et celui qui doit mettre plus d'intensité au moment de récupérer le second ballon qui traîne. 

Le latéral du Barça, lui, a montré que "switcher" entre le club et la sélection peut parfois poser des problèmes. Son premier réflexe sera celui de monter pour jouer le hors-jeu comme au Barça… alors que ce n'est très certainement pas la consigne en équipe de France. Koundé a d'ailleurs reconnu son erreur au micro de la chaîne L'Équipe :  "honnêtement, je n'ai pas revu le but, mais j'ai la sensation que je peux faire beaucoup mieux sur l'action. Je pense qu'on se fait transpercer un peu facilement. J'ai le mauvais réflexe de monter, de faire ce pas en avant alors qu'il aurait fallu tout simplement reculer. C'est un peu comme ça qu'on défend en club. Mais malheureusement, c'est un mauvais réflexe qui coûte cher".

Un Mike Maignan fébrile

Moins en vue avec le Milan depuis quelque temps, Maignan reste N°1 aux yeux de Didier Deschamps en équipe de France. Avec 36 sélections au compteur, le portier de 30 ans est titulaire chez les Bleus depuis mars 2023. Il n'a été mis sur le banc qu'à trois reprises depuis.

Surtout, pour la première fois de sa carrière, Maignan a porté le brassard de capitaine lundi soir, en l'absence de Kylian Mbappé, rentré blessé à Madrid la semaine dernière. Événement majeur de la vie d'un joueur, le Milanais est un taulier de l'équipe de France, alors que Lucas Chevalier pousse depuis plusieurs mois et s'affichant comme un concurrent pour le poste de N°1. 

Les statistiques de Mike Maignan face à l'Islande
Les statistiques de Mike Maignan face à l'IslandeOpta/AFP

Lundi soir, Maignan s'est manqué. Il n'a pas réalisé un seul arrêt sur les deux tirs cadrés des Islandais. Certes, il fallait se montrer efficace et ce n'est jamais évident, mais là ça n'a clairement pas fonctionné à Reykyavik – d'autant que l'Islande a été tout simplement très efficace. Et cela se vérifie si l'on regarde les statistiques avancées. Maignan n'est pas parvenu à être clutch alors que les tirs adverses n'ont pas été si dangereux que ça...

Des absences notables : Mbappé, Dembélé, Doué, Barcola, Tchouaméni

Oui, les Bleus étaient favoris avant le début de la rencontre. Mais il est aussi factuel de dire que l'équipe de France a pu être pénalisé à cause de ses joueurs cadres manquants. Kylian Mbappé – qui a dû quitter le rassemblement à cause d'une blessure à la cheville face à l'Azerbaïdjan –, Ousmane Dembélé, Désiré Doué, Bradley Barcola, Aurélien Tchouaméni… ces garçons ne sont pas n'importe qui en sélection et quand ils sont absents, il est normal que cela puisse se ressentir. 

Maintenant, bonne nouvelle pour le groupe de Didier Deschamps, ce match nul ne met pas plus en péril la qualification pour la prochaine Coupe du monde. En effet, en cas de victoire au Parc des Princes contre l'Ukraine le 13 novembre, la France sera qualifiée avant le dernier match de la compétition, et ce, quel que soit le résultat du match opposant l'Islande à l'Azerbaïdjan