Flashscore : Comment vous vous sentez avant cette finale ? Vous avez hâte ?
Kessya Bussy : Oui, forcément, ce sont des événements qui arrivent peu de fois dans une vie, je pense. Et pour moi, c'est la première fois hormis ma finale de championne d'Europe (Euro U19 en 2019, ndlr). Donc, on va dire que pour le moment, j'ai joué qu'une finale et je l'ai gagnée. Donc, j'espère que ça va donner le même résultat samedi.
Les derniers matchs qu'il y a eu entre le PSG et le Paris FC, ce sont deux matchs nuls en championnat et deux matchs qui se sont finis aux tirs-au-but en fin de saison passée. Est-ce que vous sentez que le Paris FC est plus que jamais proche du PSG ?
Moi, je pense qu'on s'en rapproche. Quand j'entends le discours du coach (du PSG) qui n'était pas d'accord sur ça apparemment après notre match… Moi, je pense quand même que les prestations qu'on a rendues cette saison montrent que le niveau des deux équipes se rapproche. Après forcément qu'il y a des écarts de budget, de plein de choses. Mais je pense que les confrontations depuis un an montrent que le niveau se resserre. Après, j'en suis sûre et persuadée que le match de samedi, ça va être une belle opposition entre deux belles équipes et un bon match de football.
Justement, est-ce que cette phrase de Fabrice Abriel, qui avait dit après le dernier PSG-Paris FC que le vrai adversaire du Paris Saint-Germain c’est l’OL et non le Paris FC, ça vous motive ? Vous vous l’êtes envoyée entre vous ?
Non, pas du tout. Forcément, chacune a lu ça de son côté parce que ça a fait un peu le tour sur les réseaux. Mais je vous avoue qu'on fait un peu abstraction de ça. On n'a pas forcément débattu entre nous. On n'a pas besoin de lire ce que dit le PSG pour se mettre dans la rencontre de samedi. Mais on va donner le maximum, en tout cas, pour montrer qu'on est une équipe qui tire le championnat de France vers le haut et qui essaie de se rapprocher au maximum des deux premières équipes du championnat qui sont pour l'instant devant nous.
On disait les derniers matchs entre le PSG et le Paris FC se sont soldés sur des matchs nuls… Vous avez travaillé les tirs-au-but ?
Oui, forcément. C'est quelque chose qu'on a travaillé de toute façon à chaque match de Coupe de France, qu'on ait joué une R1 ou qu'on ait joué une D2 ou une D1. À chaque fois, on travaille les pénalties toute la semaine.
Ce n’est pas trop redondant de croiser autant de fois le PSG. C'était déjà le cas la saison passée où vous les aviez déjà croisés quatre fois. Vous les connaissez par coeur à force ?
Je pense qu'elles aussi elles commencent à nous connaître un peu par cœur (rires). Après ce sont des rencontres que nous on adore jouer parce que ce sont des matchs qui sont excitants. On sait que le niveau est élevé, que la confrontation est rude et qu'à chaque fois sur ces matchs là il y a des enjeux. Donc j'espère que samedi ça va tourner en notre faveur.
Vous êtes deux jeunes équipes, donc vous vous connaissez aussi en dehors…
On se côtoie toutes en sélection, que ce soit quand on est appelé en A ou qu'on soit en U23. On est toutes aussi certaines amies en dehors du terrain. Donc, c'est des confrontations qui sont toujours un peu pimentées à jouer et qu'on apprécie.
Le groupe du Paris FC est assez restreint en cette fin de saison, il y a moins de monde sur le banc que sur celui du Paris Saint-Germain par exemple. Ça complique les choses pour jouer autant de matchs à grosses échéances en si peu de temps ?
Depuis les départs de Julie et Luna, on a un banc offensivement qui est un peu moins fourni, mais on a un groupe. Et le groupe, des fois, ça fait faire de grandes choses. Les remplaçantes, on les a. Ce ne sont peut-être pas les noms qui étaient là en début de saison, mais on fait notre maximum et les filles sont géniales sur ça. Celles qui ont intégré le groupe, les jeunes qu'il y a, en qui la coach fait confiance, font leur maximum pour nous aider et chaque week-end donner le meilleur d'elles-mêmes.
Lors de la cérémonie de remise des trophées de la LFFP lundi dernier, on a vu Sandrine Soubeyrand, votre coach, très émue au moment de recevoir son titre de meilleure entraîneure mais aussi lorsqu’elle a écouté les mots que vous aviez à dire sur elle. Cette Coupe de France vous voulez aussi la ramener pour elle ?
Évidemment que ce serait une belle récompense pour l'équipe mais aussi pour tout le club. On sait que ce serait le premier trophée féminin pour le Paris FC donc ça serait quelque chose de grand. Après l'année dernière on a été frustrées de ne pas repartir avec un trophée, mais on avait laissé aussi beaucoup d'énergie en Ligue des champions, on avait été loin dans la quête européenne. Donc cette année, on a pu mettre nos énergies, se focaliser plus sur le championnat et la Coupe. Maintenant qu'on est en finale, forcément qu'on a à cœur de revenir avec le trophée après le match samedi.
Ça sera aussi l’un des tous derniers matchs de Gaëtane Thiney, qui rêve tant de gagner un titre avec cette équipe.
Oui, on a à cœur forcément de l'aider à bien finir sa carrière sur quelque chose de grand. On sait à quel point le club compte pour elle, qu'elle compte beaucoup pour l'histoire du club aussi. Donc, je dirais que c'est un petit élan en plus qui nous motive pour aller chercher quelque chose de grand sur cette fin de saison, forcément.
Vous la regardiez jouer quand vous étiez jeune ?
J'avoue que je ne regardais pas forcément de football féminin avant mes 14 ans. Je n'étais même pas née quand elle a commencé comme professionnelle. Forcément, dès que j'ai commencé à suivre le football, elle jouait avec l'équipe de France, elle fait partie des meilleures buteuses de la sélection, alors que ça fait un moment qu'elle n'est plus appelée. Je sais très bien qu'avant c’était Juvisy qui faisait aussi partie de l'histoire du football féminin et depuis que je la côtoie, c'est forcément une personne qui incarne le respect et le travail. Donc c'est stimulant de l'avoir dans son groupe.
Quand vous pensez aux trophées, vous pensez aussi évidemment aux play-offs de la Première Ligue ?
Oui, on se focalise match après match. La coach adore nous inculquer ça. Pour l'instant, on se concentre sur le match de samedi. On verra le match au Parc dès le lundi, dès qu'on reviendra à l’entraînement, voire même, on va se concentrer sur Dijon (dernier match de la saison régulière, ndlr), même si c'est un match qui n'a pas forcément d'importance sur le classement. C'est un match qu'on va prendre au sérieux. Mais là, on se focalise déjà entièrement sur le match de samedi, même si on sait qu'on va re-rencontrer le Paris Saint-Germain lors des playoffs.
Vous, personnellement, vous préférez remporter les playoffs du championnat ou la Coupe de France ?
On va dire que c'est difficile de choisir, mais si on pouvait avoir les deux, moi, je prends les deux, forcément. Après, à choisir, forcément, rien qu'un titre, ce serait déjà incroyable pour le club puisqu’on n’en a jamais remporté. Moi, à titre individuel, je n’en ai jamais remporté en club. Je dirais que le championnat ça a une autre saveur, parce que c’est une forme particulière : c’est sur l’année, derrière, il y a des playoffs… C’est une compétition différente alors que la Coupe de France tout le monde sait ce que ça représente. L'un ou l'autre on serait ravis.
Le choix de la localisation de la finale de cette Coupe de France à Calais, alors que c’est une finale 100% francilienne, avait fait un peu débat. Comment vous avez vécu ce choix ?
Moi, je suis d'accord sur le débat autour de la localisation du stade. Après, je comprends qu'il faut aussi mettre des matchs un peu partout en France donc Calais, c'est aussi une ville à mettre en lumière et en valeur. Mais je pense qu'il y avait peut-être d'autres villes à cibler avant Calais, qui étaient un peu plus accessibles, même pour les supporters. Parce que là ça fait un peu loin quand même pour les deux équipes. Je ne pense pas que ce soit aussi la localisation la plus adaptée pour se rendre dans la ville. Nous on ne choisit pas, on ne peut pas faire nos choix, mais je pense qu'il y avait pas mal d'autres stades en France où la finale aurait pu se dérouler et que ça aurait été fort appréciable comme contexte ou comme cadre.
Pour compenser ça, le Paris FC a mis en place des cars pour vos supporters, qui sont pleins.
Ça fait plaisir ! On sent qu'on est soutenu, ça nous fait du bien aussi parce qu’on sait que les échéances sont grandes aussi pour l'équipe masculine de la Ligue 2, qui jouent la montée en Ligue 1. Et de se sentir nous aussi soutenues sur un match aussi important… Ça fait du bien de voir que le club nous soutient, que l'équipe masculine aussi et que les supporters veulent aussi se rendre à nos matchs. Je remercie encore le Paris FC d'avoir mis à disposition ces cars pour les supporters.
Il y a un peu de challenge avec les garçons, vu qu'eux jouent leur montée en Ligue 1 ce week-end aussi ?
Je ne dirais pas un challenge, je dirais plutôt du soutien, on se soutient énormément, même là quand on a fait la remise des nominations UNFP, on l'a fait ensemble. À chaque fois qu'on se croise, tout le monde est fort amical et se donne le maximum de mots encourageants pour nos deux échéances qui sont distinctes et en même temps communes parce que tout le monde le sait qu'on est forcément liés à eux aussi. Mais nous, on a à cœur pour eux qu'ils montent, qu’ils obtiennent enfin cette accession en Ligue 1 et je pense qu'eux seraient très contents pour le club et pour nous qu'on ait enfin ce titre de championne de France.
On a vu que Maxime Lopez a partagé l’un de vos matchs en story…
On s'entend très bien avec beaucoup de joueurs de l’équipe et nous on va souvent voir leurs matchs de Ligue 2, on les a soutenus tout au long de la saison. Maxime, c'est un ami à nous. Forcément, il a à cœur aussi pour nous qu'on remporte ce trophée et il sait très bien que nous aussi on soutient énormément son équipe. Mais ce n'est pas le seul, il y a plusieurs autres joueurs qui suivent nos résultats de très près. À chaque fois qu'on revient d'un match, même en championnat, ils nous félicitent, ils savent très bien qui a marqué, qui a donné des passes décisives, son temps de jeu, le score… Les deux groupes suivent assidûment les résultats de l'autre équipe.
On a la sensation qu’il y a pas mal de réussite au sein du club cette saison. Quand Clara Mateo a été absente pour une blessure, vous et Maëlle Garbino avez pris le relais pour marquer. Cette bonne énergie, ça vous porte avant la finale ?
Oui, forcément, on essaie d'être un groupe soudé sur le terrain, de se battre les unes pour les autres. On pense aussi aux copines qui sont blessées sur le moment, donc ça tire vers le haut. Après, on a su répondre lorsque Clara s'était blessée et Clara a su répondre aussi toute la saison, à chaque match où on avait besoin d'elle. On a aussi Mathilde (Bourdieu), qui a été très performante au moment où on en avait besoin. Donc c'est tout un groupe, même si là, on parle des attaquantes parce que ce sont celles qui marquent les buts mais forcément que la défense a été très solide, les milieux aussi, les gardiennes et même les filles qui rentrent peu sur le terrain, tout le monde est important dans l'équipe et ça on en a grandement conscience.
Si on parle de vous, vous avez vécu personnellement une belle saison. On vous a sentie très légère sur le terrain. Votre fracture de fatigue est loin derrière vous maintenant ?
C'était la première saison après ma blessure où j'avais pu bien me préparer, faire la prépa collective avec tout le monde et repartir sur de bonnes bases pour commencer la saison. Le début de saison n'a pas été facile parce que je n'étais pas titulaire tout de suite et fin novembre, j'ai su prendre ce poste de titulaire et forcément que ça m'a mise en confiance. Les vacances de Noël aussi et de décembre ont fait du bien. J'ai su revenir en forme et avec un mental déterminé pour attaquer cette deuxième partie de saison. Pour le moment, ça se passe bien. Et j’espère que ça va continuer, qu’on va conclure la saison avec un trophée collectif surtout.
Avant cette saison, vous vous étiez fixé des objectifs personnels ? En termes de stat' par exemple ?
Je m'étais fixée l'objectif déjà d'être titulaire dans mon équipe, parce que ce n'était pas le cas avant de commencer la saison. Et à chaque fois, je me dis de faire mieux que l'année passée, donc là je suis contente de ce que j'ai fait. Forcément, dans un petit coin de ma tête, il y avait l'objectif de remporter un titre, même si c'était très lointain, et encore plus loin dans ma tête, de retrouver l'équipe de France A.
Donc, vous avez plutôt réussi…
Je suis contente, oui, je suis contente. On va dire que pas mal d'objectifs sont atteints, il manquerait le titre quand même, ce serait cool.