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Cédric Gonçalves, auteur d'un lob exceptionnel avec Cannes : "Je n'avais jamais réussi ce geste avant"

Le numéro 6 de l'AS Cannes a signé un but extraordinaire mardi face à Guingamp, en quart de finale de Coupe de France.
Le numéro 6 de l'AS Cannes a signé un but extraordinaire mardi face à Guingamp, en quart de finale de Coupe de France.Frederic DIDES / AFP / AFP / Profimedia
Auteur du but du 2-0 sur un sublime lob du milieu de terrain lors du quart de finale de Coupe de France contre Guingamp, le milieu de terrain de l'AS Cannes Cédric Gonçalves a raconté pour Flashscore cette inspiration géniale mais aussi tout ce beau parcours du club de National 2, en quatrième division française. À 31 ans, l'ancien joueur de Clermont rêve de disputer une finale au Stade de France.

C'est comment un lendemain de qualification en demi-finale de coupe de France ?

C'est incroyable. C'est fou ce qu'on a fait, mais on ne réalise pas vraiment. Une fois que le match est passé, c’est là où on se rend compte de l'exploit qu'on a fait mais c'est exceptionnel.

Là vous êtes avec votre fille, ça vous aide à remettre les pieds sur terre…

C’est ça, on revient vite au quotidien de papa, de gérer le retour de crèche et tout ce qui s'ensuit. Donc ça nous met vite les pieds sur terre. Mais c'est que du bonheur aussi de vivre ça avec ma fille.

Vous y avez toujours cru, même si vous aviez déjà éliminé deux Ligue 2 ?

Oui bien sûr, on connait nos forces. On avait éliminé Grenoble et Lorient avec la manière, donc on on a encore plus de confiance. On savait qu'on était capable de le faire. Et quand on voit la première période qu'on fait… C’est incroyable.

C’est le troisième club de Ligue 2 que vous éliminez dans cette Coupe de France, c’est quoi votre secret ?

Jouer notre jeu comme on fait en National 2, sans se retenir de quoi que ce soit, se lâcher, prendre beaucoup de plaisir, parce qu'on en prend énormément malgré la débauche d'énergie qui est incroyable. On kiffe et on joue notre foot, le projet du coach et tout le monde tire dans le même sens, donc c'est génial.

Au milieu de cette soirée historique, il y a votre but, le but du 2-0, sur une inspiration un peu folle, racontez-nous.

C'est de l'instinct aussi. Au départ c'est le gardien qui a la balle et qui veut relancer court. Il fait cette passe plein axe et on récupère de suite. La balle me revient dessus, avec la récupération de Lorenzo, je contrôle. Je vois du coin de l'œil que le gardien de Guingamp n'est pas encore retourné dans sa surface donc, je la tente. C'est quelque chose que j'avais déjà tenté et que je tente à l'entraînement, que je tente aussi parfois en match. Ça ne me réussit pas tout le temps, voire jamais. Je n'ai jamais vraiment réussi ce geste. Parfois, ce n'était passé pas loin, mais hier, c'est rentré. C'était le plus beau jour pour que ça rentre.

Vous êtes une équipe habituée aux tops buts. On se souvent aussi de Julien Domingues qui avait mis un retourné acrobatique spectaculaire contre Dives-Cabourg. Il y a un concours au prix Puskas dans le vestiaire ? 

On se taquine entre nous en se disant qui va être le plus beau but cette année. Mais franchement peu importe, quand on met des buts magnifiques comme ça, qu'on retourne un stade et qu'on fait plaisir à tout le monde, c'est magnifique. C’est que du bonheur.

Au coup de sifflet final hier contre Guingamp quand l'arbitre a sifflé la fin du match, c'était quoi votre ressenti ?

C'est un tout, c'est se dire : "Waouh, à 31 ans, c'est maintenant que ça m'arrive de vivre ça !" Sachant que j'ai quand même été en pro pendant deux ans et que je n'avais pas passé une seule fois les 32es. Et après toutes ces années en N2 où c'était compliqué d'accrocher les 16es, les 32es… Là déjà faire un quart, c'était fou ! En 8es, j'étais blessé, j'étais très déçu de ne pas le jouer et ils se sont qualifiés. De pouvoir disputer ce quart c’était magnifique. 

On va prendre cette parenthèse pleine de joie et on va voir ce qu'il se passe. On est à une marche du Stade de France donc on va essayer d'y aller. Maintenant on verra l'adversaire en face de nous, mais quoi qu'il arrive on va jouer ce match à fond et en espérant aller au Stade de France. C’est l’objectif.

Pendant le match il y a eu une alarme incendie, est-ce que tu l'as entendue ? À cause d’un problème de cuisson du barbecue…

Non, je n'avais pas entendu, mais c’est les clubs amateurs, on n’a pas l’habitude de ces grands évènements (rires). Il y avait tellement de bruit dans ce stade que franchement, je n'ai rien entendu à part les cris et les chants des supporters. Même nous, sur le terrain, c’était compliqué de s’entendre. C'est la première fois que je vivais ça à Cannes, tout le stade était complet. C'est incroyable quand les tribunes sont pleines comme ça et qu'elles se répondent.

Il y en a qui travaillaient aujourd'hui ou vous avez pu tous fêter ça hier ?

Non, on est tous sous contrat fédéral donc personne ne travaille. On ne vit que du foot. Aujourd’hui, c'était petit déjeuner tranquille entre nous pour bien profiter avec la direction, les présidents…  Ensuite, on a fait un petit décrassage, une récup, pour régénérer les jambes. Le coach nous a donné 4 jours de off comme on ne joue pas ce week-end. On a assez mérité avec tout ce qu'on enchaîne depuis plusieurs mois. On n’a pas arrêté, pas eu un week-end, donc ça va faire du bien de se ressourcer un peu 4 jours et de reprendre lundi notre routine à nous : le championnat.

En championnat justement vous êtes leader de votre poule et invaincu depuis novembre… Ce n’est pas trop difficile de jouer deux fois par semaine ?

Non, franchement non. C'est sûr que ça demande beaucoup d'énergie, mais quand on joue pour vivre des émotions comme ça, le mercredi on n’a pas mal aux jambes. Le plus difficile, c'est le match d'après la Coupe. On l'a très bien géré après Dives-Cabourg, où on est parti gagner à Jura-Sud. Et c'est celui-là le plus compliqué à gérer parce qu'il faut vite se remettre la tête à l’endroit. On ne joue plus devant 10 000 spectateurs mais on joue devant peut-être 300 ou 500 personnes… Ce n’est que du plaisir de jouer tous les trois jours, on rêve tous de ça.

On parle évidemment de votre épopée en Coupe de France, mais il y a aussi cette très belle saison aussi en National 2, alors que ça avait très mal commencé (2 défaites, 4 nuls et une victoire sur les 7 premiers matchs).

Oui, c'est sûr. On sait que le projet a changé cette saison. Il y a eu beaucoup de renouvellement au sein de l’effectif, un nouveau coach, un nouveau projet. Ça a mis du temps à se mettre en route. Après il y a eu des choix de la direction (l’ancien entraîneur Fabien Pujo a été licencié après 7 matchs, ndlr) qui ont payé. On voit aujourd'hui que ce que fait le nouveau staff et le nouveau coach marche parfaitement. On est sur une série folle, j'aimerais bien savoir s'il y a une autre équipe en France, à part peut-être le PSG, qui peut faire pareil. Il faut qu'on reste humble parce qu'on n'a rien fait encore. Si à la fin, il n'y a pas la montée, ce sera tout ça pour rien. On a rattrapé notre retard, maintenant, il faut finir le travail.

Vous avez un peu de pression avec ce nouveau projet ?

Non, pas de pression. Ça fait quatre ans que je suis là, chaque année l’objectif c'était la montée, déjà de N3 à N2, après c'était de bien se maintenir en N2, voire plus… Et aujourd'hui c'est la montée, mais il n'y a pas de pression. Quand on signe à Cannes, on sait qu’on doit remettre l’AS Cannes tout en haut. Juste une grosse ambition de tout un peuple, une direction, une équipe de remettre le club où il se doit.

Le fait que ce n'ait pas forcément été très facile en début de saison, ça vous a soudé aussi ?

Oui, bien sûr, parce que malgré tout, c'était des matchs qui tournaient à très peu de choses. Ça ne tournait pas en une faveur, il manquait quelque chose. Aujourd’hui, on a trouvé ce quelque chose. Que ce soit les 11 qui jouent, ceux qui sont sur le banc ou même pas pris dans le groupe, ce qui peut être difficile, on a une grosse dynamique dans le groupe positif.

Si on regarde le 11 de départ qu'a commencé contre Guingamp hier, il y a une moyenne d'âge à 28,4 ans. Vous êtes une équipe plutôt de joueurs expérimentés.

Oui, bien sûr. Déjà, on a le boss, le patron au milieu, Cheikh Ndoye, qui a l’équivalent de toute notre expérience cumulée, voire plus. C'est énorme de l'avoir dans l'effectif parce qu'on sait qu'il a tellement à nous apprendre. C'est bien le seul, je pense, qui a dû faire une finale de Coupe de France. Il y a des joueurs qui ont connu le monde professionnel, dont je fais partie, et d'autres. On sait un minimum ce qui se passe là-haut. L'expérience qu'il faut avoir, c'est surtout avec la N2, parce que ce sont des championnats très difficiles où il n'y en a qu'un seul qui monte, le Sud, les matchs sur des terrains pas faciles… On a l'expérience du haut niveau et du niveau national. C'est un mélange magnifique pour aller loin.

Vous parliez tout à l'heure du fait que Cannes est un club historique, qui est aujourd’hui un peu tombé dans les oubliettes. Cette Coupe de France c’est aussi une façon de remettre le club sur le devant de la scène ?

Bien sûr. Quand on voit le peuple canois heureux, qui partage ces images, un stade plein comme ça… Ce club n'a rien à faire en N2 et il faut vite remonter le plus haut possible. Je suis sûr que ça viendra. Quand on connaît le passé de l'AS Cannes, de le voir revivre comme on le fait revivre en ce moment, c’est incroyable. C’est un honneur pour nous.

Après votre qualification hier on a vu beaucoup d’allusions au décès de Didier Roustan, c’est quelqu’un auquel vous pensez vous aussi ?

Oui évidemment. Déjà personnellement je l'ai croisé plusieurs fois déjà stade, même aux entraînements, quand il est venu passer nous voir en N3 ou N2. J'ai assisté aussi à ses obsèques en début de saison. C'est quelqu'un qui aimait le club. Quand on voit ce qu'on fait, on a une pensée pour lui, qui de là-haut doit être fier de nous et qui doit certainement aussi nous pousser.

Pour la suite de la Coupe de France, vous voulez tirer le PSG ?

Non. On est des compétiteurs, on n’est plus qu’à une marche du Stade de France. Sans négliger les autres équipes, en les respectant totalement, c'est peut-être plus abordable d'avoir un Reims, Brest ou un Dunkerque que le PSG. On sait que le PSG c'est la marche peut-être trop haute pour accéder au Stade de France.

Alors oui, ça serait une belle fête, mais une fête qui s'arrêtera en demi-finale. Est-ce qu'on a envie de s'arrêter en demi-finale ? Je ne pense pas. Si on peut avoir cette finale au Stade de France face à Paris, on ne se privera pas de passer un demi contre Brest, Reims ou Dunkerque.

Vous vous êtes donnés cet objectif commun du Stade de France après la qualification ?

On y pense, c'est sûr. On se demande jusqu’où on va aller. Après, on profite du moment présent et on verra ce qu’il se passe par la suite. Déjà le tirage et on se projettera sur le match, qui sera le 1er ou 2 avril. On aura 10 jours pour le préparer. 

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter sur cette fin de saison ?

Déjà la montée en National et puis le Stade de France. Ce serait magnifique. Si on fait un stade de France mais pas la montée, on aura manqué quelque chose. Alors que si on fait la montée avec ce parcours en Coupe de France, même si ça s’arrête en demies, ça sera une saison incroyable. Donc ce sera la montée avant tout.