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Exclu' - Guillaume Hoarau : "Luis Enrique est le meilleur entraîneur en Europe"

Guillaume Hoarau s'est confié à Flashscore à quelques heures du premier match du PSG.
Guillaume Hoarau s'est confié à Flashscore à quelques heures du premier match du PSG.ČTK/imago sportfotodienst/Federico Pestellini

À quelques heures du premier match du PSG, Guillaume Hoarau (161 matchs, 56 buts) s'est livré à Flashscore News en exclusivité. Le champion de France 2013 est revenu sur la saison historique du club de la capitale, avant de donner son avis quant aux chances du club de remporter sa première Coupe du monde des clubs.

Flashscore - Avec du recul, la victoire du PSG en Ligue des champions te semble-t-elle logique, au-delà d’être méritée ?

Guillaume Hoarau : Alors, avec du recul, mais beaucoup de recul, car nous sommes encore dans l'euphorie, tant on attendait ce moment depuis longtemps. Pour moi, la victoire du PSG est logique, au-delà d'être méritée, parce que cette logique n'a jamais bougé depuis le jour 1. Luis Enrique avait un plan, une vision depuis le départ. C'était un architecte qui voyait déjà la maison finie, avec la décoration à l'intérieur, alors que tout le monde ne voyait que le chantier poussiéreux. Il a su instaurer une ligne de conduite, un travail quotidien et, surtout, son discours n'a jamais changé. Pour lui, il avait sa route logique. En début d'année 2025, Paris a été sur une phase ascendante constante, ils n'ont jamais baissé de niveau. Dans le contenu et le langage corporel, dans la performance individuelle et collective, ç'a toujours été plus, plus et plus. Donc, pour moi, logique, oui, parce que tout simplement, c'était la meilleure équipe qui proposait le meilleur contenu sur 90 minutes.

FS - On parle de conditions météorologiques exceptionnelles pour ce premier match contre l’Atlético, avec une température ressentie de 38 °C. Ça change des derniers matches. Penses-tu que cela peut avoir un impact dans ce que peut proposer le PSG footballistiquement ?

GH : C'est clair que l'été, on sait que ça puise dans l'organisme. Paris, en plus, joue avec un jeu très intensif, avec énormément d'efforts physiques à répétition, que ce soit en phase offensive avec d'énormes courses à haute intensité et à la perte du ballon avec le pressing, donc ils sont dans l'effort constant. Ce sont eux qui dictent le rythme du match. Et c'est pour ça que, pour moi, c'est une équipe impressionnante physiquement, tant elle a été forte au niveau physique, et ce, avec la lucidité technique, même avec la fatigue. Maintenant, jouer ce genre de match à 38 degrés, surtout après ce qu'ils ont enchaîné, ce n'est pas évident. On peut faire confiance au staff et à Luis Enrique. Il prend le temps de soigner ses enfants, comme il les appelle. On peut aussi faire confiance au staff médical qui suit les joueurs au détail près. Le PSG va pouvoir gérer au mieux cette compétition. Maintenant, c'est clair que jouer sur 38 degrés alors que tu viens d'enchaîner les finales de Ligue des champions et Ligue des Nations pour certains, ce n'est pas évident, mais je pense qu'il y aura quand même pas mal de turnover.

FS - Premier gros obstacle, l’Atlético donc. C’est un gros morceau, mais au regard de la forme et du moment, peut-on véritablement arrêter cette équipe du PSG ?

GH : Et en plus, tu commences contre l'Atlético Madrid ! Donc contre une équipe chiante à jouer. Après, c'est bien, car on connaît l'équipe de Simeone. C'est vraiment l'agressivité compacte, beaucoup de duels. Maintenant, quand tu rentres dans une compétition, tu n'as pas le temps de te jauger. Il faut vraiment être ancré dans le moment présent et prendre les matchs les uns après les autres. Je pense que l'objectif principal du club a été atteint. Cette compétition arrive comme un bonus. Certes, il y a une grosse prime à la clé, mais je pense que le PSG, aujourd'hui, dans son discours, il doit continuer à être cette équipe qui impressionne, qui joue bien au ballon et prendre les matchs les uns après les autres parce qu'en fonction des absents de ceux qui peuvent être là ou pas, des conditions, on verra comment ils vont réussir à s'adapter. Pour revenir à l'Atlético, je pense que cette compétition est aussi une préparation estivale, donc il faut s'entraîner au mieux. C'est parfait de se préparer lors de ce genre de compétition que de faire de simples matchs amicaux. Donc, il y a un mindset à mettre en place qui va suivre toute la saison. Tu commences par le match le plus compliqué à gérer d'entrée. Maintenant, si le PSG arrive à avoir les jambes, ils vont avoir la possession et derrière, il faudra avoir la patience pour contourner un bloc solide défensivement.

FS - Le PSG est-il ultra-favori pour remporter la Coupe du monde des clubs ?

GH : En tant que champion d'Europe, évidemment que le PSG part en tant que favori, maintenant ultra-favori… Je pense que dans la tête des gens, on sait que cette compétition est nouvelle, donc on va lui laisser le temps aussi de s'installer. Certains vont dire qu'ils ne vont pas la jouer à fond, ils vont faire tourner. Je pense que quand on est compétiteur, peu importe ce qu'il y a à gagner, on veut gagner. Aujourd'hui, pour Luis Enrique, il a une nouvelle saison à préparer. Le but, c'est de faire en sorte que tout le monde arrive prêt pour le début de la saison prochaine. Il faudra faire en sorte de mettre à chaque fois une équipe compétitive sur le terrain. Le PSG a un contingent de joueurs très qualitatifs, donc il peut se permettre d'avoir deux équipes qui tiennent la route. Donc, ultra-favori, peut-être pas, mais je dirais favori. Maintenant, il faut voir comment les autres clubs vont gérer ça aussi.

FS - Quand tu viens de réaliser le premier quadruplé de ton histoire, le deuxième triplé national de suite, gagner la LDC, comment gérer et disputer une compétition qui tombe en plein été, qui est plus ou moins importante, sachant les intérêts individuels de certains comme Ousmane… Comment en tant que joueur, tu te prépares mentalement pour cette compétition ?

GH : C'est toute la force du PSG de Luis Enrique ça ! Il a su instaurer vraiment une mentalité de gagnant en harmonisant le groupe sur tous les objectifs, collectifs comme individuels. Si le collectif fonctionne, les joueurs se révèlent forcément et l'énergie a été bonne. On l'a vu tout au long de la compétition, même en championnat, il n'y a jamais eu d'embrouille entre les joueurs et ça, c'est significatif, ça prouve que le groupe vit bien et la hiérarchie est importante. Aujourd'hui, le PSG a donné les clés à Luis Enrique et lui, il a su quoi en faire. Et c'est pour ça que tout le monde est au diapason, qu'un mec comme Ousmane Dembélé contre Arsenal, il est homme du match, parce qu'il n'était pas content après Aston Villa. Donc, ça prouve que l'objectif est d'abord collectif. Dembélé est pour moi le leader de cette équipe collective et forcément, son talent se révèle parce que tout le monde joue sa partition, ni plus ni moins. Et c'est plaisant. Le discours de Luis Enrique est ancré dans cette équipe et, pour moi, il faut partir du principe que cette compétition-là, c'est une préparation avant tout. Donc, il ne fait pas n'importe quoi. Puis avoir quelque chose obsessionnellement dans la tête, c'est le meilleur moyen de passer à côté. Donc, faire confiance, faire confiance à la vie et jusqu'à présent, ils ne se sont pas trompés.

FS - Quel est ton avis sur le travail de Luis Enrique depuis deux ans ? Pourquoi a-t-il réussi à réaliser ce que personne avant lui n’a fait ?

GH : Le travail de Luis Enrique, on va dire chapeau l'artiste, j'ai été aussi parmi ceux qui l'ont un peu critiqué au départ parce que c'est vrai qu'on n'avait pas trop compris quelles étaient ses intentions parce qu'il mettait des joueurs à des postes qu'on ne comprenait pas trop. Il avait dit, vous ne pouvez pas comprendre donc effectivement, je pense que lui, il avait dans sa tête le profil de joueur pour certains postes. Il avait besoin de temps pour formater ses joueurs par rapport au style de jeu qu'il voulait imposer parce qu'il a toujours dit qu'il allait mourir avec ses idées. C'est un têtu et de temps en temps, on oublie dans ce foot que pour implémenter un projet, il faut 2-3 ans. Et lui, il l'a finalement fait en 2 ans donc il est dans la moyenne et on a envie de lui dire bravo parce que le résultat final est juste magique. Au-delà du fait de gagner, c'est une équipe qui de nouveau procure des émotions. Quand tu la vois jouer, en tant qu'ancien joueur de foot, c'est juste magnifique. Ça réconcilie vraiment les gens avec le sport. Ce que dégagent les joueurs, l'équipe, comme image sur le terrain, c'est juste incroyable. Donc bravo à lui.

Et pourquoi il a réussi à faire ce que personne n'a fait ? Le fait que Nasser (Al-Khelaïfi) lui a donné les clés et qu'il ait pu vraiment diriger et donner les bases, les fondements et les règles… On va dire les choses comme elles sont : il a su gérer les égos. À partir du moment où la star, c'est l'équipe et que personne ne va à l'encontre de cela. Le football est un sport collectif, on a besoin de l'autre pour gagner et lui, il déteste le fait d'être dépendant d'un joueur, il veut que ça soit vraiment son équipe, indépendamment des joueurs qui la composent. Bien sûr, les joueurs sont extrêmement talentueux, donc ça aide forcément. Mais voilà, comme je répète, il est l'architecte de ce projet et aujourd'hui c'est juste le meilleur entraîneur en Europe.

FS - En tant qu'ex-joueur du club, aurais-tu aimé jouer dans ce PSG ? Penses-tu que ton profil aurait "clické" avec la philosophie de jeu de Luis Enrique ?

GH : Bien sûr ! Qui n'aurait pas aimé jouer dans ce PSG. Et puis, au-delà de ce PSG, c'est vraiment le projet, ce projet ambitieux qu'a eu le club, structuré avec avec un coach qui a eu vraiment le temps de travailler, pouvoir mettre des choses en place. C'est une équipe avec un niveau incroyable. À mon humble niveau, j'ai été un joueur s'appuyait énormément sur le collectif, de par mon rôle de numéro neuf, de vrai neuf, pas de faux neuf. Je faisais partie des actions en tant qu'appui, en tant que soutien et en tant que finisseur. Donc, forcément, dans un projet collectif comme le PSG, j'aurais aimé jouer dans cette équipe-là, juste pour pouvoir m'amuser parce qu'on voit qu'ils s'amusent, ils ont la banane quand ils le jouent. Et puis la philosophie de jeu, c'est "on joue ensemble, on perd le ballon ensemble, on le récupère ensemble et on fait tout ensemble". Donc, forcément, moi qui adore le collectif, je me serais éclaté sans aucun doute.

FS - Ousmane Dembélé, Ballon d'Or 2025 ?

GH : Oui, Ousmane Dembélé, Ballon d'Or, évidemment ! Après, il faudrait qu'on redéfinisse clairement quelles sont les règles, comment on décide qui gagne le Ballon d'Or, parce que si c'est par rapport au résultat sportif ou individuel, forcément, c'est Ousmane. Maintenant, lui et Lamine Yamal, pour moi, ce sont deux joueurs extraordinaires. Le Ballon d'Or, pour moi, c'est le joueur qui te procure, en tant que footballeur, des émotions. Aujourd'hui, les deux t'en procurent. Objectivement, c'est un peu compliqué, parce que c'est Paris, donc je vote pour Ousmane. Mais si c'est Yamal qui le gagne, je ne serai pas non plus surpris, parce que ce sont deux joueurs qui, quand tu les regardes jouer, il se passe quelque chose et tu as envie qu'ils continuent de jouer le plus longtemps possible. On aime ce sport par rapport aux émotions qu'ils procurent et, eux, font partie, en tout cas, de cette bande de joueurs qui te font kiffer le foot.