Suivez les temps forts de la rencontre
Ceux qui suivent attentivement la Liga Portugal et les matches du Sporting ces dernières saisons connaissent parfaitement la réponse à cette question. Geny Catamo est double champion national, mais son parcours au Portugal ne laissait pas forcément présager un tel destin.
Aujourd’hui, l’équipe nationale du Mozambique s’articule autour de "Geny et dix autres" et ce mérite revient en grande partie à Ruben Amorim.
L’actuel entraîneur de Manchester United a relancé un ailier en qui peu de gens croyaient encore, après des passages infructueux à Guimarães et à Madère. Mais dans la vidéo de fin de saison du Sporting, où l’un des moments forts fut le discours d’adieu d’Amorim, les larmes de Geny Catamo en disaient long : la gratitude d’un jeune qui, avant la confiance de son coach, n’était que remplaçant dans une équipe finalement reléguée.
De l’Amora à la désillusion du Caldeirão
Geny Cipriano Catamo est né à Maputo, la capitale du Mozambique, et a rejoint le Portugal via l’Amora. Ce club de la rive sud du Tage comptait une forte présence mozambicaine, sous l’influence de l’administrateur de la SAD, Zuneid Sidat, et c’est là que Geny a découvert le football européen.
À seulement 18 ans, il a été lancé par Pedro Russiano en équipe première de l’Amora, alors en Campeonato de Portugal (quatrième division portugaise), et a attiré l’attention du Sporting, qui l’a recruté pour son équipe junior, sous forme de prêt.
À cette époque, Amorim avait déjà repéré ce gaucher, qui a effectué la pré-saison 2020/21 avec l’équipe première, quelques semaines avant de signer son premier contrat professionnel avec le Sporting, qui ne détenait alors que 25 % de ses droits économiques.
Cette période a servi de test pour le Mozambicain, qui est resté avec l’équipe B, tout en étant régulièrement appelé à s’entraîner avec les pros, jusqu’à ce qu’en janvier, il soit inclus dans l’opération permettant à Marcus Edwards de quitter le Vitória SC pour rejoindre Alvalade, offrant ainsi à Geny l’opportunité de jouer régulièrement en Liga Portugal, quelques jours après ses débuts dans la compétition sous les ordres d’Amorim.

Le contexte était exigeant, d’autant plus que le joueur que Geny devait remplacer était le plus imprévisible de l’équipe de Guimarães, mais le Mozambicain n’a jamais été plus qu’une arme secrète, n’étant titulaire qu’au dernier match de la saison – il a délivré deux passes décisives.
Inutile de préciser que Geny Catamo n’a pas convaincu au D. Afonso Henriques et qu’à son retour au Sporting, il n’avait pas de place, notamment à cause de l’arrivée d’Edwards. Ainsi, lors du dernier jour du mercato, l’ailier a été prêté au Marítimo, pour une saison qui s’est conclue par la relégation du club madérien après 38 (!) ans dans l’élite.
Dans ce contexte, on aurait pu penser que Geny aurait au moins eu du temps de jeu en Liga Portugal, mais cela ne s’est pas vraiment produit. En plus de vivre la première relégation de sa carrière, l’ailier a quitté le Caldeirão dos Barreiros avec seulement 11 matches disputés, dont six comme titulaire.

Un pari inattendu qui a porté ses fruits et l’a transformé en icône
Après deux prêts peu fructueux, il était difficile d’imaginer que Geny Catamo finirait par s’imposer au Sporting, mais Amorim a vu en lui ce que d’autres entraîneurs n’avaient pas perçu, et le Mozambicain a su rendre la confiance de son coach.
Lors du premier match officiel de la saison 2023/24, Geny a profité des soucis physiques de ses coéquipiers pour débuter sur le flanc droit, un poste nouveau, mais qu’Amorim avait déjà testé avec d’autres ailiers comme Gonzalo Plata ou Fatawu. Après avoir été presque invisible au Vitória SC et au Marítimo, Geny a accepté ce nouveau rôle et est devenu une sorte de 12e homme pour Amorim, évoluant aussi bien à droite qu’à gauche, voire en ailier, mais le plus souvent en sortant du banc.
En fin de saison, Geny, qui était considéré comme indésirable par la majorité des supporters en début d’exercice, est devenu une icône à Alvalade grâce à ses deux buts lors de la victoire (2-1) contre Benfica, un succès décisif dans la course au titre.
Le Mozambicain, qui a même eu droit à un rôle principal dans la chanson "Acordar" du rappeur Plutónio, est désormais vu comme le grand ennemi du rival éternel des Leões, d’autant plus qu’il a de nouveau inscrit le but décisif lors de la victoire (1-0) de la saison passée, marquant les débuts de l’entraîneur Rui Borges et un tournant vers un doublé que le Sporting n’avait plus réalisé depuis 71 ans.
Le numéro 10 qui veut porter le Mozambique à la CAN
D’indésirable à figure du Sporting, Geny revient à la CAN avec un tout autre statut, après ses débuts en 2023.
À 24 ans, la timidité qu’il affichait dans ses prises de parole a disparu sur le terrain. Qu’il joue à droite ou à gauche, en piston ou en ailier, le Mozambicain est un joueur plein de ressources, aussi bien dans le dribble que dans la frappe, capable de prendre des risques mais aussi de revenir aider le latéral en phase défensive.
Pour la CAN-2025, il est la grande star de la sélection mozambicaine, comme l’a confié Pepo lors d’un entretien avec Flashscore : "Pour moi, Geny (Catamo) évolue à un tout autre niveau. Ça se voit tout de suite. Par exemple, quand on a joué contre l’Algérie, il était au niveau de leurs meilleurs joueurs. Dans tous les détails – accélération, puissance, vitesse d’exécution, capacité de décision – on comprend immédiatement qu’il est vraiment à part."
La prestation de Geny n’a pas suffi pour battre la Côte d’Ivoire lors de la première journée, même s’il a failli égaliser dans les dernières minutes, mais elle a déjà permis d’attirer l’attention de ceux qui ne le connaissaient pas encore. "Qui est le numéro 10 du Mozambique ?" Geny Catamo, l’ailier révélé par Amorim, est le grand espoir de l’équipe de Chiquinho Conde pour le match de ce dimanche face au Gabon.
