Un match qui a failli ne jamais avoir lieu. Programmé puis menacé d'être annulé, d'abord sans stade puis finalement hébergé à Montjuic, ce "match pour la paix" tel qu'il a été nommé par les fédérations catalane et palestinienne a finalement eu lieu ce mardi 18 novembre, dans le stade où évolue le Barça en exil depuis deux saisons. Coup d'envoi 18h30, ce qui rend difficile d'afficher un stade plein au coup d'envoi, dans un pays où finir le travail à 19 ou 20 heures est monnaie courante.
Aux alentours du stade, dans les marches et les escalators qui permettent de grimper sur la colline de 185 mètres où campe ce stade Lluís Companys, les drapeaux indépendantistes catalans se mêlent aux drapeaux palestiniens, dans une atmosphère relativement moins chaleureuse que celle affichée ce week-end à Bilbao. Les supporters des deux camps, qui défendent surtout ce mardi soir la liberté pour les peuples, se pressent pour ne pas louper des hymnes vivement applaudis, pendant que descendent des "llibertat Palestina" (liberté pour la Palestine en catalan, ndlr) ou des "independència" (indépendance en catalan, ndlr) de toutes les tribunes, les uns prenant part à la cause des autres.
Un but palestinien plus applaudi que les buts locaux
Une confraternité de courte durée puisqu'après 4 minutes de jeu, la Catalogne ouvre le score sur un coup franc lointain de Sergio Gomez, qui flotte dans la surface et est repris de la tête par Illie Sanchez, défenseur central d'Austin FC. Un but fêté par les joueurs, moins par les supporters locaux, qui préfèrent chanter "puta Espanya". Les Catalans dominent même clairement la partie, le gardien palestinien Rami Hamadeh devant réaliser deux belles parades devant Jofre Carreras puis Antoniu Roca (7e et 16e).
La première frappe de la Palestine qui termine largement au-dessus se fait elle sous les hourras d'un public de plus en plus conquis par la cause des visiteurs (17e). Même sort pour le coup franc de Zaid Qunbar, tout aussi manqué mais applaudi (19e).
Mais c'est bien la Catalogne qui double la mise sur un but contre son camp après un centre de Joel Roca repoussé dans ses propres cages par Ameed Mahajna, 2-0 (27e). Avant la pause et alors que se déplie un tifo symbolisant les drapeaux catalan et palestinien réunis, Zeidan marque sur corner pour permettre à la Palestine de réduire le score, 2-1 (30e).
Et l'applaudimètre est unanime : c'est le but le plus acclamé de la soirée jusqu'ici, malgré les grands drapeaux indépendantistes qui fleurissent aux quatre coins de l'antre catalan. Sur une nouvelle percée de Qunbar et une sortie totalement ratée par Arnau Tenas, ex-gardien du PSG aujourd'hui à Villarreal, la Palestine avait même dans ses pieds le but du 2-2. Mais il ne trouve que le petit filet extérieur (41e).
Une mi-temps de cohésion plus que de spectacle
Au retour des vestiaires, le speaker annonce la bonne nouvelle : 30 018 spectateurs sont présents dans le vent glacial de Montjuic. Moins que les 53 000 de Bilbao samedi, mais pas si mal pour un match confirmé il y a moins de 10 jours. Niveau terrain Rami Hamadeh doit encore faire des miracles sous sa barre, face à un XI catalan presqu'entièrement changé. Les entrants locaux se montent vite dangeureux, Jordi Cano ou Jaume Jordi prenant leur chance en frappant rapidement après avoir hérité du ballon (64e et 68e).
Mais cette équipe de la Catalogne objectivement moins forte individuellement que celle alignée au coup d'envoi laisse peu à peu la partie tomber dans un faux-rythme, qui a un impact certain sur des tribunes qui ne se réveillent que pour chanter de façon conjointe "Puta España y puta Israel". Un peu seul au monde, Cano continue de se battre sur le front de l'attaque. Le coup de sifflet final libère aussi bien les 22 acteurs que l'ensemble du public, en quête de cohésion et de reprendre en coeur "Visca Catalunya y visca Palestina".
Malgré le piètre spectacle offert en deuxième période, les supporters restent au-delà des 90 minutes pour saluer les deux équipes qui se rejoignent pour finir le tour d'honneur ensemble. Les Palestiniens sont même plus applaudis que les autres, avant de prendre une photo avec tous les acteurs de ce match pour la paix historique.
