Comment vous vous sentez avant de jouer une demi-finale de Ligue des champions ?
Pour être honnête, ça va être ma première demi-finale de Ligue des Champions. Donc c'est une nouvelle expérience, mais je le prends comme si c'était un match comme un autre. Je ne mets pas de pression particulière, même si en face c'est un club qui a des gros joueurs et sur papier qui est très haute, ils ont des qualités individuelles qui sont vachement supérieures aux nôtres peut-être. Mais non, je le prends plutôt sereinement.
Al-Nassr est un club qui fait beaucoup parler depuis l’arrivée de Ronaldo…
Je pense que c'est une chance de pouvoir faire connaître mon nom au grand public et pas qu'au Japon mais plus à l’international donc pour moi je le prends plus comme une chance, comme une opportunité de pouvoir faire une bonne performance.
Ça fait peur d’affronter une équipe avec autant de grosses stars, comme Brozovic, Mané, Duran etc ?
Je pense que c'est plus l'équipe en général après chaque joueur a des qualités différentes donc ça ne fait pas peur. Je dois être plus à l'affût sur certaines actions, peut-être des frappes de loin, des frappes qui sont complètement différentes de celles que je peux peut-être recevoir au Japon, des dribbles, des centres… Tout ça ce sont des choses qui vont être différentes en fonction des joueurs qui seront sur le terrain donc il faut juste que je sois attentif et il ne faut pas que je sois le seul à être attentif. Il faut que je dirige ma défense pour qu'eux aussi soient vigilants sur ces options-là.
Est-ce que vous avez travaillé certaines choses spécifiquement ?
On n'a pas fait d'entraînement particulier ou quoi. Parce que, déjà, on n'a pas eu énormément de temps pour se préparer (ils ont joué leur quart de finale dimanche soir, ndlr). Là, c'est plus au niveau de la condition physique de se mettre à 100%. Mais bon, Ronaldo, je pense que tout le monde le connaît. Tout le monde connaît son style de jeu même si justement c'est pas le même Ronaldo qu'il y a 10 ans et qu’on peut voir quelques changements dans son style de jeu. Il ne faut pas se focaliser que sur lui mais sur l’équipe en général et comment ils utilisent leurs joueurs phares pour gagner.
Comment vous jugez le niveau d’Al-Nassr ?
C'est une bonne équipe après c'est sûr que ce ne sont pas des joueurs qui sont à leur pic de leur performance donc forcément il ya une différence par rapport à ce qu'ils ont pu faire auparavant. La ligue saoudienne ne vaut pas les top ligues européennes mais c'est vrai que ça s'en rapproche.
À l’inverse, quelles sont les forces de Kawasaki ? Vous avez réussi à éliminer Al-Sadd (victoire 3-2 ap), le leader du championnat qatari en quarts.
On a des joueurs qui ont les qualités individuelles, mais je trouve que la qualité collective est supérieure justement à la qualité individuelle. Donc ce qui fait qu'on se connaît mieux entre nous, on sait comment réagir sur telle ou telle phase que ce soit défensivement ou offensivement. Donc, je pense que c'est sur ça qu'on a beaucoup à jouer. Le style japonais ça joue plus ensemble, ça fait plus les efforts défensifs, le pressing, etc.

Vous sentez l’équipe assez forte pour aller loin ?
Je pense qu'il y a moyen de faire de très belles choses. On ne doit pas s'adapter et essayer de changer notre style de jeu parce qu'en face ce sont des grands joueurs. Je pense qu'au contraire, il faut les mettre en difficulté en sachant qu'ils n'ont pas forcément eu beaucoup d’expérience à jouer contre des équipes japonaises. Et puis, je ne dirais pas que les équipes japonaises sont « sous-cotées », mais il y a beaucoup de choses intéressantes. Elles font pas mal de choses qui sont peut-être un peu différentes de la norme, ce qui fait que ça peut créer la surprise. Et dans des matchs comme ça, c'est ce qu'il y a de plus important et je pense que c'est une de nos forces.
Vous vous étiez fixé quel objectif en Ligue des Champions ?
Notre objectif c'est de la gagner. Pour être honnête, depuis le début de saison, on a 4 coupes cette année possibles à gagner et on veut les 4.
Si on parle de vous, comment vous vous êtes retrouvé à être gardien titulaire de Kawasaki Frontale ?
Je suis allé la chercher cette place parce que ce n'était pas gagné. J'ai travaillé dur pour l’avoir. Moi de base j'ai commencé le foot au Japon, au FC Tokyo, après j’ai fait le centre de formation du FC Lorient pendant trois ans. J’ai fait mes débuts en professionnel en Espagne et ensuite je suis revenu au Japon. Et ça a été compliqué de trouver un club de première division où j'aurais pu jouer dès le début. Et moi c'est ce que je cherchais, du temps de jeu. J’ai préféré descendre d’une catégorie pour avoir du temps de jeu, que j’ai eu. Et puis petit à petit j’ai réussi à monter les échelons et aujourd’hui je me retrouve à être titulaire dans ce grand club au Japon.
Vous avez démarré en Espagne, mais à ce moment-là c’était compliqué : vous n’avez pas forcément beaucoup joué, vous avez fait plusieurs clubs… Vous avez douté ?
Non je n'ai pas douté parce que je savais que c'était des expériences qu'il fallait que je fasse, qu'il fallait que je passe par là pour pouvoir atteindre ce que je voulais. Et pour un gardien notamment, c’est très important de passer par ces étapes-là. Et puis je pense que tous les gardiens sont passés par ces étapes-là, de ne pas avoir beaucoup de temps de jeu, d'avoir une concurrence assez élevée. Et malgré ça, je pense que c'est une expérience qu'il fallait que j’ai. Cette expérience-là m’a aidé pour avoir cette place de titulaire aujourd'hui, je pense.
Vous vouliez rentrer au Japon ensuite ? Pour être proche de votre famille ?
Alors de base moi je voulais rester en Europe pour atteindre le haut niveau européen, le très haut niveau européen. Mais j'ai préféré passer par un autre chemin pour ça, que je suis en train d'accomplir en ce moment. Donc c'est vrai que ma décision n'a pas été simple, pour être honnête. Mais le fait que ma famille soit au Japon, ça a été un argument qui a pesé dans la balance. Et je n'ai aucun regret d'être revenu au Japon. Au contraire, je suis très content. Et donc, c'est un plus pour moi que ma famille soit proche.

Si vous gagnez les quatre, peut-être que vos performances seront repérées, que vous pourrez retourner en Europe ?
Ouais, vraiment, c'est quelque chose que je garde en tête.
Si on vous avait dit en quittant Lorient que vous joueriez une demi-finale de Ligue des champions, face à Ronaldo, vous l’auriez cru ?
Ah non, pour être honnête, je ne pense pas. Pas du tout. Mais bon, c'est le football. On ne sait pas ce qui peut arriver. C’est une super opportunité. J'ai hâte de jouer.