Qualifier simplement cet Inter-Barça de 'Match de l’Année' serait bien en-dessous de la réalité. C’était une histoire hors du commun, une nuit qui restera gravée dans la mémoire collective du football européen ; un de ces matchs qu’on prend plaisir à revoir encore et encore, et qui se transmettent de génération en génération.
Mais pour vraiment saisir la portée de ce moment, il faut revenir une semaine en arrière, au match aller disputé à Montjuïc, car des soirées comme celle-ci ne surgissent jamais de nulle part.
Au stade olympique Lluis Companys de Barcelone, le score s’est terminé à 3-3, mais avec la sensation d’un roman inachevé. L’Inter a frappé d’entrée, grâce à une talonnade géniale de Marcus Thuram et une reprise acrobatique puissante de Denzel Dumfries, deux buts qui semblaient donner le ton de cette demi-finale.
Mais Barcelone a répondu par le talent pur : Lamine Yamal a illuminé le stade avec l’un de ses buts impossibles – une frappe du gauche défiant les lois de la physique – avant que Ferran Torres n’égalise.
En seconde période, l’Inter a repris l’avantage grâce à Dumfries, mais ensuite la tentative de Raphinha a rebondi sur le dos d'Yann Sommer avant de franchir la ligne. Était-ce la fin ? Loin de là ! Qui pourrait oublier le but d’Henrikh Mkhitaryan, finalement refusé par la VAR pour quelques millimètres ?
Buts, Drame, Football
Avec toute cette tension dans l’air, le 6 mai, le San Siro est devenu le théâtre d’une de ces nuits magiques et inoubliables qui font la légende de ce sport. L’Inter a démarré fort, comme à l’aller : Lautaro Martinez a ouvert le score, puis Hakan Calhanoglu a doublé la mise sur penalty.
Le scénario semblait se répéter, avec Barcelone refusant d’abdiquer et trouvant encore une fois des ressources dans le courage et la magie de Lamine. Eric Garcia et Dani Olmo ont tous deux marqué de la tête pour ramener le score à égalité, et seul Sommer a empêché le prodige de Rocafonda de plier le match prématurément, le privant d’un but.
Mais à trois minutes de la fin, même le gardien suisse n’a rien pu faire sur la frappe de Raphinha qui a parachevé la remontée : 3-2 pour le Barça, et un Giuseppe-Meazza médusé, silencieux, a vu le rêve des Nerazzurri s’effondrer. Pourtant, c’est à cet instant précis que le match est entré dans la légende. C’est là que l’histoire est devenue épique.
Arrêt de jeu... dernière action. L’Inter récupère le ballon avec Dumfries. Le Barça réclame une faute sur Gerard Martin, mais en Europe, ce genre de contact est rarement sanctionné. Le ballon est centré à ras de terre dans la surface, et ce n’est ni Martinez ni Thuram, ni même Mehdi Taremi qui surgit, mais Francesco Acerbi – le défenseur central des Nerazzurri, dur au mal, qui s’est comporté en véritable attaquant.
Un appel tranchant, une finition puissante et précise sous la barre, Wojciech Szczęsny est battu, le Barça est à terre.
Le rugissement de Frattesi
Ce n’était pas seulement un superbe but ; c’était un but pour l’éternité. San Siro a explosé, et la vague d’émotion a tout emporté, même le Barça, laissé entre l’incrédulité et l’épuisement.
On est donc allé en prolongation, où l’épopée exigeait – non, réclamait – un dernier chapitre. Et c’est Davide Frattesi qui l’a écrit, inscrivant le 4-3 et envoyant l’Inter en finale, offrant au football une image iconique : escaladant la tribune vers ses supporters, hurlant vers le ciel, la voix perdue dans la nuit.
C’est l’instantané d’un match et d’une double confrontation qui ont tout connu : talent, erreurs, grandeur, désespoir et joie. Inter-Barça n’était pas seulement une demi-finale retour de Ligue des champions, mais un roman parfait, écrit et raconté de la façon la plus cruelle pour les Blaugrana, mais la plus merveilleuse pour les Nerazzurri.

