Samedi, la Roma, leader du championnat, reçoit l'Inter pour la septième journée de Serie A. L'enjeu est de taille : les Giallorossi sont en tête du classement avec Naples, les Nerazzurri sont à trois points. Mais la Roma contre l'Inter a souvent été bien plus qu'un match : c'est une histoire qui s'éternise, faite de fierté, de blessures et d'images qui restent. Parmi celles-ci, le coup de pied de Francesco Totti infligé à Mario Balotelli a marqué le football italien.
Le contexte de cette soirée – la finale de la Coppa Italia au Stadio Olimpico en 2010 – est essentiel pour comprendre la tension. Quelques jours plus tôt, la Roma avait mis fin à une extraordinaire remontée en s'inclinant 2-1 à domicile face à la Sampdoria : un revers malheureux qui lui enlevait toute chance réelle de remporter le Scudetto.
L'Inter en a profité pour prendre la tête du championnat. Mourinho, au cours de ce mois décisif, remporte un succès qui deviendra historique : la victoire 1-0 à l'Olimpico (Milito a été décisif).
Il restait trois minutes à jouer en finale lorsque se produisit l'épisode dont tout le monde se souvient. Alors que l'Inter menait au score, Totti a couru après Balotelli et l'a frappé par derrière d'un coup de pied. Une faute insensée qui lui a valu une expulsion immédiate. La scène a fait le tour du monde.
La version du capitaine
Au fil des ans, des tentatives ont été faites pour encadrer ce geste. On a parlé de provocation verbale, d'insultes, de phrases limites qui auraient enflammé les esprits. Totti lui-même, dans sa biographie "Un Capitano", raconte que la mesure était prise : il se souvient d'altercations antérieures avec Balotelli pendant le match, de la frustration d'une équipe de la Roma qui n'avait pas réussi à revenir, et du moment où "à trois minutes de la fin... je n'y voyais plus rien".
Il parle d'une course d'élan non pas tant sur le ballon que sur la jambe de l'adversaire, d'un coup de pied "terrible", de l'expulsion pour laquelle il a été renvoyé et de sa surprise face au manque de réaction collective des Nerazzurri sur le terrain. Une autocritique qui ne cache pas l'intentionnalité du geste ni le remords de ses conséquences.
La paix
Le temps, comme souvent, a également adouci les angles de cet épisode. Dans une émission en direct avec Fabio Cannavaro, Totti a plaisanté et rappelé l'incident, et parmi les commentaires, il y en avait un de Balotelli : "J'ai encore mal à la jambe", lu par Totti qui, à sa manière, a répondu par une plaisanterie ("Tu as été sauvé parce que je ne t'ai pas bien pris").
Une plaisanterie qui masque et confirme en même temps que le souvenir reste vivant, mais aussi que pour les protagonistes, il s'agit d'un chapitre clos. Totti, au fil des ans, a admis à plusieurs reprises qu'il avait des remords.
"Si je pouvais revenir en arrière, je ne le referais pas", a-t-il déclaré, reconnaissant que ce chapitre ne figure pas parmi les plus nobles de sa carrière.