Plus

Flashback : Le triomphe en solitaire de Thibaut Pinot sur le Tour de Lombardie 2018

Thibaut Pinot vainqueur en solo à Côme
Thibaut Pinot vainqueur en solo à CômeLuk BENIES / AFP

En octobre 2018, Thibaut Pinot vit une semaine proche de la perfection en Italie. Deuxième des Trois Vallées Varésines et vainqueur de Milan-Turin, il signe un numéro magistral dans le final du Tour de Lombardie où il fait craquer successivement Primoz Roglic, Egan Bernal et le tenant du titre Vincenzo Nibali.

L'ultima, la più bella : le dernier Monument de la saison mais aussi la plus belle. Telle est l'image de marque du Tour de Lombardie qui se dispute aux premiers frimas de l'automne. En 2018, Vincenzo Nibali est double vainqueur de l'épreuve (2015 et 2017) et il se verrait bien accrocher un nouveau succès. Un objectif qui clôturerait parfaitement sa saison 2018 au début de laquelle il a remporté Milan-San Remo. 

Mais le tenant a un rival de taille qui a découvert tardivement les courses italiennes et s'en est pris d'amour : Thibaut Pinot. Et le Français a des jambes de feu. En septembre, il a gagné aux Lacs de Covadonga et à Andorre sur la Vuelta. Sa semaine italienne qui achève sa saison confirme cette sensation de plénitude : trois jours avant le départ de Bergame, il a levé les bras sur Milan-Turin, 24 heures après avoir pris la 2e place des Trois Vallées Varésines derrière Tom Skujins

La course débute réellement dans le Ghisallo. La Jumbo-Visma met un bon tour de vis en tête de peloton pour étouffer la Bahrain-Merida de Nibali, même si le vent tourbillonnant est particulièrement piégeux. À 50km de l'arrivée, Primoz Roglic est en tête de peloton et il tente le coup en solitaire dans le mur de Sormano, profitant d'un marquage très lâche de ses rivaux. tente sa chance en solitaire. Son avance frise les 15 secondes. Nibali profite d'un dernier relais de son coéquipier Franco Pelizzotti pour partir à la poursuite du Slovène, accompagné de Pinot. Le Squale ne le sait pas encore mais le plan de Pinot se déroule comme imaginé. Comme souvent, la route est étroite, les voitures officielles mal garées, les spectateurs et les photographes réduisent la visibilité au minimum. 

Personne ne lui résiste dans le Civiglio

Le duo attendu contre et dépose le Slovène qui s'accroche jusqu'au sommet quelques mètres derrière. Le plus dur arrive pour Pinot : la bascule contre deux fieffés slalomeurs. Mais c'est Nibali qui perd l'arrière en sortie de virage et s'en sort de justesse. Un quatrième larron rejoint la tête : Egan Bernal réussit à faire la jonction en prenant tous les risques. Le quatuor tourne ensemble pendant 25 kilomètres mais le Civiglio se profile et malgré une petite bosse inédite qui agrémente le final, la course se jouera là.

Lucide et survolté, Pinot dynamite le groupe. Déjà proche de la panne sèche, Roglic saute rapidement. Puis c'est au tour de Bernal de renoncer. Seul Nibali parvient à suivre le Vosgien et à prendre un relais. Mais le Requin de Messine cale à mi-pente, pris d'un coup de chaud qui le pousse à se vider un bidon sur la tête. Et si ses coéquipiers ont bien ralenti l'organisation du peloton qui n'était qu'à une quarantaine de secondes, sa voiture n'a pas assuré : le Sicilien n'a plus de carburant et demande même un bidon à une moto assistance. Il est repris par un groupe de poursuivants tandis que Pinot s'est envolé et compte 40 secondes de marge. Profitant de la présence d'Ion Izagirre, Nibali trouvera les ressources pour contrer à 2 bornes de la ligne pour prendre la 2e place. 

Devant, Pinot peut célébrer son éclatant succès au bord du lac de Côme. À 28 ans, il remporte son premier et seul Monument, 21 ans après Laurent Jalabert, dernier vainqueur tricolore. Devenu "italien" dans la deuxième moitié de sa carrière, "Tibopino" prendra sa retraite sur ces mêmes routes, en 2023, en héros populaire qu'il est devenu au fil des années.