Les débuts de Fermín Aldeguer dans la catégorie reine ont été moins flamboyants que ceux de Pedro Acosta la saison dernière mais, en à peine 5 courses, il est monté sur le podium et tout indique que, sur la durée, il sera plus régulier que Tiburón de Mazarrón qui a progressivement reculé dans ses performances au guidon de sa Tech3-KTM.
Monté chez KTM, Acosta stagne, notamment en raison des difficultés économiques de la firme autrichienne, proche de la banqueroute. Pendant ce temps, Aldeguer prend du galon et ses crocs s'aiguisent déjà. Dans un podcast pour le site Motorsport proposé avant le GP de Silverstone, le pilote 54 exposait ses ambitions croissantes : "je crois qu'il est possible de gagner une course dès ma première année, car je me sens vraiment bien".
Bientôt avec une moto toute rouge ?
Surtout, il a déjà fait acte de candidature pour devenir pilote officiel de Ducati : "l'objectif de tout rookie qui pilote pour un team satellite est de finir dans l'équipe d'usine,a-t-il expliqué. J'ai la chance d'être directement sous contrat avec Ducati. Cette année, on a pratiquement la même moto que les pilotes d'usine. Compte tenu de mon âge et de ce contrat, j'ai un petit avantage sur les autres". Pour lui, outre une question de performance, c'est aussi une équation mathématique élémentaire : "j'ai un contrat de 4 ans, 2+2. Si mes résultats sont bons, le passage à l'équipe d'usine devrait se faire en 2027. On verra bien, en tout cas c'est le plan".
Le calcul n'est pas aberrant puisque, dès la fin janvier, Gigi Dall'Igna le directeur général de Ducati Corse, avait perçu chez Aldeguer "beaucoup de très bonnes choses et aussi certaines choses qu'il doit développer et mieux comprendre. Mais je pense que nous pouvons l'aider à le faire. Je suis convaincu que dans une paire d'années, il sera dans la lutte pour le championnat". En à peine 7 weekends, il peut constater que le nouveau venu est déjà capable de se mêler à la lutte pour le podium.
Son accrochage avec Miguel Oliveira lors de la sprint en Argentine semble déjà bien loin pour Aldeguer. Le GP des Amériques fin mars a constitué un premier basculement dans sa saison : "le fait est qu'on s'est beaucoup améliorés depuis Austin. Je me sens de mieux en mieux avec l'équipe. Le feedback que j'apporte vient plus vite et ça nous aide à aller dans la bonne direction. On a besoin de plus de temps pour vraiment se battre pour la victoire, mais je pense qu'on s'installe dans le top 5 et j'en suis très fier".
Pour autant, il sait que le plus difficile est devant lui et que plus on lutte pour un podium, plus les chronos sont durs à améliorer : "il est certain que la barrière des trois dixièmes pour se battre pour la victoire sera un mur difficile à franchir. Álex et Marc (Márquez) m'ont déjà prévenu : au début, on fait tomber des murs, on descend d'abord de deux secondes, puis d'une seconde, d'une demi-seconde... mais ça devient de plus en plus difficile. Je pense qu'on a fait tomber beaucoup de murs, mais il en reste encore beaucoup d'autres, et ce sont les plus difficiles".
Éphémère leader du GP de France, capable de reprendre 4 secondes à Acosta pour signer son premier podium, Aldeguer ne nourrit aucun complexe et, dans le sillage d'Álex Márquez, il se fait une place parmi les sérieux outsiders. La saison est encore très longue mais les débuts laissent augurer un futur brillant. Et pourquoi pas dès ce weekend en Aragon ?