"C’est probablement l’un des joueurs les plus importants, sinon le plus important, de l’histoire de ce sport et de ma carrière qui s’en va..." C'est par ces mots que Rafael Nadal s'est confessé en conférence de presse jeudi, avant la retraite de Roger Federer. C'est par des larmes, hier soir, qu'il lui a définitivement dit au revoir.
Tous les amoureux de ce sport ont dû ressentir la même chose que l'Espagnol au moment où la légende suisse et le public de l'O2 Arena était en communion. C'était sa dernière, en double, aux côtés de Nadal, son grand ami, face à la paire américaine Jack Sock-Frances Tiafoe.
Le "Fedal" aura marqué l'histoire de ce sport. En tout, c'est 18 ans de rivalité qui s'achève. La première entre les deux légendes remonte à un double disputé au Masters 1000 d'Indian Wells en 2004 : le Suisse, avec son compatriote Yves Allegro, s'était incliné face à la paire Nadal-Robredo.
Par la suite, les deux se sont rencontrés 39 fois, dont 24 fois en finale. "Avec eux, j’ai vu de près le sport à l’état pur : une bataille jusqu’au dernier souffle sans jamais perdre le respect de son rival et, surtout, du jeu", a confié Toni Nadal à la Gazzetta dello Sport.
La plus grande rivalité de l'histoire du sport ?
De grandes et importantes rivalités dans l'histoire du sport sont à noter : Tom Brady-Peyton Manning, Messi-Ronaldo, Borg-McEnroe, Sampras-Agassi, Magic-Bird, Prost-Senna, et, surtout, Ali-Frazier. Toutes sont légendaires et, forcément, le Federer-Nadal s'y inscrit en étant l'une des plus impactantes. Dix-huit années durant lesquelles les deux légendes se sont disputées le trône du tennis mondial, c'était un combat sur la longévité qui obligeait à chacun à ne pas céder.
"Le tennis est un sport individuel où il n’est jamais possible de se cacher", avait affirmé l'oncle de l'Espagnol, lorsqu'il comparait la rivalité entre son neveu et la légende suisse avec celle des deux boxeurs américains. Oui, ce sport a exigé aux deux athlètes de maintenir un niveau de forme extraordinaire pendant plusieurs années et inégalable avec ce que l'on a connu. Et c'est que l'enjeu était bien trop grand : le record de titre du Grand Chelem.
Tout comme les confrontions directes - 24-16 pour le Baléare -, l'histoire aura voulu que ce record soit du côté de Rafael Nadal. Et même si cette course est toujours d'actualité, avec un Novak Djokovic à l'affût (21 titres), l'Espagnol aura remporté cette bataille historique face à son meilleur ennemi : 22 Majeurs à 20.
Wimbledon 2008 : la plus grande finale d'un Grand Chelem
Du pur bonheur pour les fans, ce duel aura offert des matches d'anthologie, gravés à jamais dans nos mémoires. Et, automatiquement, vient à nos esprits ce 6 juillet 2008. Commencé comme à son habitude en milieu d'après-midi, et forcé à se terminer au crépuscule après trois interruptions par la pluie, la finale de Wimbledon 2008 est considérée comme l'un des plus grands matches de l'histoire de ce sport.
Avec un niveau de jeu jamais atteint auparavant entre les deux joueurs, ce combat épique verra un Nadal, âgé de 22 ans, renversé le roi sur son gazon (6/4, 6/4, 6/7, 6/7, 9/7) et remporté son premier titre à Londres. Un tournant dans la carrière de Federer : quintuple tenant du titre, le Suisse comprit dès lors qu'avec le Mallorcain à ses pattes, tout aller devenir plus compliqué.
Mais la der des der, en finale d'un Grand Slam, c'est Roger qui va la remporter. Une autre finale qui restera dans l'histoire par son contexte. Open d'Australie 2017. Une affiche inattendue. L'ancien numéro 1 mondial suisse venait de reprendre la compétition après une grave blessure. En face, son rival de toujours tente tout. Le match se joue en cinq sets et devient finalement l'un des derniers coups d'éclats de Federer (6/4 3/6 6/1 3/6 6/3) face à l'Espagnol.
"Wimbledon 2008, cette finale est très spéciale pour moi et je pense que pour lui aussi. Et je pense honnêtement que la finale de 2017 en Australie était un autre moment très spécial, parce que la signification est différente. Quelques mois avant, nous étions ensemble, blessés, à parler de comment les choses allaient se passer, si nous allions être capables de revenir sur le circuit à ce niveau, et quelques mois plus tard nous jouons la finale en Australie, un match en cinq sets", a avoué Rafael Nadal.
Les deux meilleurs ennemis ont finalisé cette dernière danse tous les deux en larmes hier soir, assis sur le banc Europe. Dix-huit années de sport se sont envolées, à Londres. Baisser de rideau, la pièce Federer-Nadal s'est achevée. Merci, messieurs.
