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Fabrice Abriel licencié, la fin prématurée d'une aventure chaotique au PSG féminin

Fabrice Abriel lors du match de Ligue des champions entre le PSG et la Juventus
Fabrice Abriel lors du match de Ligue des champions entre le PSG et la JuventusCHRIS RICCO/GETTY IMAGES EUROPE/Getty Images via AFP

Au lendemain de la défaite en finale de Coupe de France face à son voisin du Paris FC, le Paris Saint-Germain a écarté son entraîneur Fabrice Abriel. Un départ pour conclure une saison chaotique en interne, à la veille d'une demi-finale de playoffs capitale qui peut encore permettre au PSG féminin de sauver son exercice 2024-2025.

"Dans le football, il faut aussi savoir rebondir, après une grande victoire ou après un échec." Sortie de son contexte, cette phrase, dite à chaud par Fabrice Abriel après la défaite en finale de Coupe de France face au Paris FC (0-0, 4-5 Tab) peut prendre un autre sens.

L’entraîneur du PSG, qui avait à coeur "rejouer vite" après un tel échec, a lui pris un autre chemin ce lundi. Celui du licenciement. La direction sportive du club parisien a estimé que cet échec était celui de trop pour l’ancien entraîneur de Fleury, arrivé sur le banc du Paris Saint-Germain féminin tardivement l’été dernier, après avoir clamé vouloir entraîner une équipe masculine. Il a depuis empilé les déconvenues.

La première remonte à septembre dernier, lorsque le PSG est éliminé avant même la phase de groupes de Ligue des champions, battu deux fois par la Juventus en 2e tour de qualification. Le schéma tactique de Fabrice Abriel avec le choix de mettre cinq défenseures au match retour alors que le PSG avait deux buts à mettre pour refaire son retard (victoire 3-1 de la Juventus à l’aller) donne lieu à de premières critiques. Demi-finaliste sortant de la dernière campagne européenne, le club parisien vit une première désillusion, qui cause des remous en interne. Grace Geyoro notamment, n’a pas digéré qu’on lui retire le capitanat sans en être avisée.

Cette saison, le brassard a voyagé de biceps en biceps entre Paulina Dudek, capitaine numéro 1 revenant des croisés, Katarzyna Kiedrzynek, gardienne remplaçante derrière Mary Earps, elle-même un temps agacé par le management de son coach pour avoir été sur le banc brièvement en début de saison après ses prestations en Ligue des champions, Griedge Mbock, récemment arrivée de l’OL, le club rival, Jackie Groenen et Elisa De Almeida.

Un premier clash avec Grace Geyoro

Premier conflit ouvert entre Abriel et une de ses cadres et première fois aussi que la direction sportive du PSG féminin, représentée par Angelo Castellazzi, prend la parole pour défendre celui qui était son choix d’entraîneur. "C’est normal qu'il y ait des échanges entre des joueuses qui ont une forte personnalité, et c’est bien qu’il y en ait", balayait le dirigeant au micro de Canal+. Castellazzi n’en a jamais démordu, le choix de nommer Abriel était le bon, malgré les critiques qui avaient émaillé son passage au FC Fleury (2021-24).

Et tant pis si cela implique pour le PSG de se passer de Geyoro, l’une des cadres du vestiaire parisien, mise à l’écart par Abriel. L’entraîneur, lui, se braque et ne cherche pas à justifier ses choix devant la presse. "J’ai ce rôle qui est difficile de faire le choix de l’équipe, je ne vais pas vous l’expliquer", répondait-il à Canal+, dont il est pourtant consultant. Une première crise qui en appelle d’autres. Le dernier en date implique Sakina Karchaoui, autre cadre du vestiaire qui a prolongé jusqu’en 2028. Après avoir confié dans une interview pour L’Équipe qu’elle s’entendait mieux avec Jocelyn Prêcheur, l’entraîneur précédent qui a refusé de prolonger, qu’avec l’actuel entraîneur, la milieu de terrain a été mise sur le banc.

Puis un autre avec Sakina Karchaoui

Au point que celle qui a été élue meilleure joueuse du mois de février par la Première Ligue n’a pas débuté la finale de la Coupe de France samedi et a attendu la 60e minute pour faire son entrée. Tout comme Marie-Antoinette Katoto, la star de l’équipe, qui décrivait une "ambiance pesante" au sein du club en début de saison. Leurs entrées ont failli faire basculer le sort de la rencontre face à une équipe du Paris FC épuisée physiquement. "Mon but est d'aligner l'équipe la plus compétitive et la plus équilibrée possible. J'ai beaucoup de talent dans l’effectif. Je sais comment je veux gagner des matches. J'ai une idée très précise et tout cela m’appartient", refusait-il d’expliquer vendredi à Calais, interrogé par Instinct Foot en conférence de presse.

Une façon aussi pour l’entraîneur parisien de répondre aux nombreuses critiques sur son style de jeu, plutôt à l’image de celui qu’il appliquait à Fleury, fondé sur des transitions et de la verticalité, loin de la possession et de la domination prônée par son prédécesseur. Mais les résultats ne tournent pas en sa faveur, puisque le PSG s’est incliné deux fois contre l’OL (1-0 et 2-0) cette saison et n’a pas réussi à battre le Paris FC (0-0, 1-1 et donc une défaite en finale de Coupe de France). Longtemps troisième du championnat derrière son voisin parisien, loin de ses ambitions de titre, Fabrice Abriel avait tout de même clamé après le deuxième derby en mars dernier que le PSG "concurrence l’OL, pas le Paris FC"

Des supporters qui militent pour son départ

Un ton méprisant qui lui serait même reproché en interne, comme lorsqu’il répond à une journaliste en zone mixte qu’il "ne sait pas si elle est en capacité de parler d’identité de jeu ou de plan de jeu". Une succession d’incidents qui agacent les supporters, prenant d’abord parti pour le coach - une banderole "Vos histoires nous fatiguent" est affichée en septembre dans le parcage du PSG à Charléty en septembre - avant que les #AbrielOut ne se multiplient sous chaque publication officielle du club. 

Dans un communiqué relayé par Instinct Foot fin avril, ils s’inquiétaient aussi de l’avenir du club, avec la mise à l’écart régulière de plusieurs promesses, dont Eva Gaetino, révélation parisienne de la saison passée. Pour ces supporters, Abriel "met en danger l'avenir même du projet". Cette saison houleuse va laisser des traces : Katoto, en fin de contrat à l’issue de la saison, aurait acté sa non-prolongation, quand Karchaoui elle, ne cesse de rappeler que son contrat jusqu’en 2028 ne lui empêche pas de rêver d’un transfert à l’étranger. 

"Si tu n'es pas contente d'être là, tu peux partir", répétait d’ailleurs le directeur sportif des féminines dans 100% PSG Le Mag sur France Bleu le 1er février dernier. Le premier à partir sera donc Abriel, pas vraiment de son plein gré. Le club avait déjà en tête de licencier celui qui était sous contrat jusqu'en 2026 à l’issue de la saison, peu importe le bilan sportif (une 2e place en championnat et une finale de Coupe de France), mais a finalement fait le choix d’anticiper ce départ. En son absence et sous la houlette de Paulo Cesar, entraîneur des U19 féminines du club actuellement leader de leur groupe élite, le PSG féminin peut encore sauver sa saison grâce aux playoffs. Pour ça, il faudra réussir à enfin vaincre le Paris FC, en demi-finale, au Parc des Princes.