Flashscore : Comment vous sentez-vous depuis votre meilleur résultat WTT ? Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
Thibault Poret : "Je commence à réaliser le parcours que j'ai effectué. J'ai super bien joué tout au long de cette compétition, je me sentais vraiment bien, physiquement et mentalement. De jour en jour en plus, c'était de mieux en mieux. J'étais un peu court physiquement sur la finale, j'ai senti que ça avait puisé dans les ressources. Ça a failli suffire, mais bon, malheureusement, ce n'est pas passé loin."
FS : Votre niveau de jeu a été impressionnant, à quoi l'attribuez-vous ?
TP : "Depuis un an et demi, voire deux ans, j'ai commencé à m'entraîner assez dur pour être performant lors des compétitions. Auparavant, j'étais plus orienté sur la compétition. J'accordais un peu moins d'importance à l'entraînement. J'ai ouvert les yeux et pris conscience que les résultats allaient passer par l'entraînement, notamment au niveau senior. J'ai fait pas mal de travail mental avec mon préparateur mental, et donc ça m'a donné beaucoup de solutions sur ce que je pouvais faire de mieux. J'ai aussi bien bosser physiquement avec mon préparateur physique, que ce soit à la table ou en dehors de la table. C'est un cumul des deux qui fait que désormais, j'arrive à encaisser plus de jours d'entraînement et de compétition."
FS : Vous vous entraînez au CREPS de Nantes, depuis quand y êtes-vous désormais ? C'est un endroit où vous semblez vous épanouir...
TP : "C'est ma sixième année. C'est un endroit où vraiment tout est mis à disposition pour les athlètes, que ça soit la salle d'entraînement, la salle de musculation, la salle de récupération, l'hébergement, tout est vraiment au top. Pour l'instant, je n'y vois pas d'inconvénients, donc je me vois encore continuer longtemps ici."
FS : Votre entraîneur Nicolas Gaudelas réalise beaucoup de contenus sur ses réseaux sociaux (rires)...
TP : "Il a un peu délaissé les réseaux, là. Il y a eu beaucoup d'événements où il était occupé. On essayait de se concentrer plus sur le côté entraînement que le côté réseaux sociaux, donc ouais, on a un peu délaissé les réseaux, là."
FS : Vous êtes désormais 34ᵉ mondial, parvenez-vous à prendre de la hauteur sur cet accomplissement ?
TP : "J'étais vachement axé sur les résultats, le classement, quand j'étais plus jeune. En senior, c'est très compliqué de passer des tours, gagner des matchs. Quand tu obtiens une victoire en WTT, souvent, c'est une très bonne performance. Ce qui n'était pas forcément le cas en junior. De ce fait, j'ai eu une période de transition assez compliquée, où j'ai enchaîné les premiers tours. Ensuite, tu dois revenir à l'entraînement avec zéro confiance, beaucoup moins de motivation que si tu avais gagné des matchs. Ainsi, j'ai pris conscience que les résultats passent par l'entraînement. Je me suis un peu moins préoccupé de la compétition. J'y allais en me disant que je suis prêt, mais que bon, même si je prenais 3-0 au premier tour, c'était que l'autre était plus fort et que je n'avais pas forcément fait un mauvais match. Petit à petit, j'ai réussi à gagner des matchs et prendre confiance comme ça."
FS : Mais, au Championnat de France, vous êtes partis loin à cause de votre classement qui ne reflète pas votre réel niveau. Cela vous a-t-il frustré ?
TP : "Non, j'aime bien ce rôle d'outsider. Je partais tête de série N°19, et je savais que ça allait être dur, que le tirage au sort n'allait pas être en ma faveur. Mais je me suis dit que même pour les gens qui allaient me jouer, ça allait être dur, parce que je pense que j'étais un outsider quand même assez dangereux. Je me suis plus mis dans la peau du chasseur que de chassé."
FS : Êtes-vous satisfait de votre résultat ?
TP : "Oui, j'ai réussi à faire trois bons matchs et perdre sur Félix, car je savais que ça allait être dur quand j'ai vu le tableau. Je me suis dit que ça allait être compliqué. Après, j'ai quelques regrets, car je n'ai pas fait mon meilleur match. Je n'ai pas joué comme je l'espérais, surtout tactiquement. Mais bon, on sait que Félix, quand on fait un match contre lui, si tu veux expérimenter quelque chose, il faut faire un match parfait. Lee Sang-su, à Incheon a fait un match quasiment parfait."
FS : Y'a-t-il une pression supplémentaire quand il s'agit d'affronter l'un des frères Lebrun ?
TP : "Il y a forcément une pression supplémentaire. C'est plus une pression médiatique. Mais, vu que c'était dans la continuité de ma compétition, car, j'avais joué Emmanuel Lebesson, ça n'a pas forcément posé de problème. J'ai préparé le match comme si je jouais un adversaire quelconque."
FS : Le public oublie pourtant qu'il existe d'autres très bons joueurs français et vous essuyez quelques critiques... Cela vous affecte-t-il ?
TP : "J'ai regardé le classement mondial, je crois que c'est la première fois, qu'on ait 8 Français dans le top 100 mondial depuis très longtemps. Il faut se rendre compte déjà du niveau de l'équipe de France et des Français. C'est une bonne chose pour la suite, je pense. Ça va mettre encore plus de concurrence dans le système français. Les critiques, on commence à en recevoir. Quand il y a des critiques, j'aime bien ça. Ça veut dire que c'est positif et que les gens ont une attente envers toi et qu'ils espèrent quelque chose. Je n'y prête pas forcément attention."
FS : Le système de la Coupe du monde a encore fait débat, quel est votre avis ?
TP : "J'avais joué un peu la Coupe du monde mixte par équipes (à Chengdu en 2024, ndlr), avec un format similaire, en 3 sets secs. Là, c'était 4 sets secs. J'avais bien aimé ce format, car ça demande vraiment de l'intensité sur chaque set. Tu ne peux pas délaisser un set. Tu es obligé de jouer à fond, parce que c'est hyper important. Chaque set vaut de l'or. Même, en tant que spectateur, j'aime vraiment bien le concept."
FS : Vous auriez aimé être à Macao, mais vous serez à Doha...
TP : "Oui, les gros championnats, c'est un rêve d'y être et d'y jouer."
FS : La préparation, ça commence déjà ? Vous pensez déjà aux Mondiaux ?
TP : "Là, j'ai trois semaines d'entraînement. Après, je vais faire le Contender à Tunis (22-27 avril, ndlr). Ensuite, je reviens à Nantes pour préparer les championnats du monde. Avec l'équipe de France, on a un stage prévu du 1ᵉʳ au 10 mai."
FS : Forcément excité à l'idée d'y participer ?
TP : "Oui, ce seront mes premiers Championnats du monde. Forcément, ça va être un événement où je vais avoir envie de performer, envie de bien jouer. Donc, il faut se préparer au mieux. On verra comment je peux bien performer là-bas."
FS : Et ce n'est pas difficile de parvenir à jongler entre les différents objectifs ? Notamment ceux en club ?
TP : "Non, car je fais ça depuis que j'ai l'âge de 12-13 ans, entre les compétitions le week-end et le club. Après la semaine, je peux partir en WTT maintenant. Donc non, ça fait partie de mon quotidien réellement depuis 2-3 ans."
FS : Comment appréhendez-vous ces playoffs de Pro B ?
TP : "Là, on va jouer la demi-finale le 27 avril et le retour le 29 sur une équipe de Lille qui jouait le maintien en début de saison, comme beaucoup de clubs en Pro B, mais qui, au fur et à mesure, ont réussi à se détacher et avoir une équipe très compétitive. On l'a vu avec Romain Brard qui a fait des Championnats de France incroyables. Et aussi le leader de leur équipe, Hodaei (Seyed Amir, 220e mondial, ndlr), qui joue extrêmement bien en WTT. Ça va être quelque chose de difficile à aller chercher, mais on est prêt. On a l'équipe, je pense, pour rivaliser contre eux et on va tout donner pour monter."
FS : Seul le vainqueur monte en Pro A ?
TP : "On ne sait pas encore avec la formule. Vu qu'il y a Jura-Morez qui arrête. On ne sait pas encore s'il y a deux montées ou bien si le dernier de Pro A se maintient."
FS : Ce n'est pas quelque chose que vous gardez en tête ?
TP : "Si on gagne déjà la demi-finale, on sera en finale. Donc après, s'il y a deux montées, on sera obligatoirement en Pro A. Ce serait exceptionnel. Mais pour l'instant, on est concentrés sur la demi-finale et faire le job."
FS : La date de la finale a été déjà été communiquée ?
TP : "Non, il me semble que ça sera fin mai. Mais on ne connaît pas la date exacte."
FS : Finalement, un gros mois de mai vous attend, mais ensuite ?
TP : "Il y a une tournée européenne où il y a trois WTT et je vais en jouer deux pour avoir une période d'entraînement entre le mois de juin et le mois de juillet. Le calendrier cet été est quand même assez dense. Il y a le Grand Smash à Las Vegas. Et après, il y a quelques compet' en Amérique latine. C'est assez chargé."
FS : Quels sont vos objectifs personnels pour 2025 ?
TP : "C'est de rester dans la continuité de mes résultats depuis le début de saison. Continuer à jouer des matchs et progresser."
FS : Bonne chance pour les Championnats du monde, en espérant que vous puissiez créer la surprise…
TP : "J'espère aussi, oui."