C'est le genre d'interview qui ne se joue à rien pour nous autres, les journalistes. Contextualisons : le Real Madrid se présentait à Paris ce mardi 17 décembre pour y affronter une équipe du Paris Basket leader de l'Euroleague. Les Madrilènes, dans la deuxième partie du classement, était dans l'obligation de gagner après trois défaites consécutives en Europe contre l'ASVEL, le Fenerbahçe et Zalgiris Kaunas, et avec un bilan de 6 victoires pour 9 défaites.
Résultat des courses, le Real Madrid retrouve de sa splendeur dans la capitale française, porté par Facundo Campazzo (19 points), Mario Hezonja (17 points), Sergio Llull – et ses "mandarines" - (9 points) et… Edy Tavares (10 points, 14 rebonds et 3 contres). Monstrueux dans la raquette, le pivot cap-verdien a permis aux siens de faire un sacré nettoyage sous le panier tout au long du match, avant d'inscrire plusieurs paniers décisifs en deuxième mi-temps.
Edy Tavares aurait-il été chaud de discuter avec Flashscore dans le cas où le Real aurait perdu une quatrième fois ? Compliqué de le dire. Mais ce qui est sûr, c'est que, parfois, pour obtenir quelque chose, il faut aller le chercher. Pour les journalistes, la beauté d'un sport comme le basket, c'est que l'accès aux sportifs et aux entraîneurs est bien plus simple que dans un sport comme le football, ou même le tennis. Direction donc la zone mixte de l'Adidas Arena, celle-ci étant en face des vestiaires coach.
Là, avec le vestiaire du Real Madrid pas très loin, à une vingtaine de mètres sur notre droite, nous décidons de tenter le coup et de passer deux portes battantes pour nous mettre devant leur entrée. L'un de nous connait bien l'attaché de presse du club espagnol et l'objectif est simple : pouvoir l'intercepter pour lui demander le Cap-Verdien en one-to-one. On aperçoit alors Felipe Reyes, légende du Real Madrid Baloncesto et du basket espagnol, et on lui demande s'il peut appeler l'attaché de presse. Aimablement, ce dernier le prévient et, dans la foulée, nous pouvons réclamer ce que nous souhaitons. La demande est acceptée sans aucun problème… Un exemple pour les autres sports dont le relationnel est bien plus compliqué avec la presse.
Flashscore News : Belle manière de l'emporter face au leader de l'Euroligue, le Paris Basket, après trois défaites d'affilée en Europe. Quelles sont tes sensations sur le collectif ce soir ?
Edy Tavares : Je suis très heureux, très satisfait de cette victoire. Je pense que nous avons très bien joué et que nous avons été très bien organisés. Nous avons su bien défendre, et je pense que c'est en défendant ainsi que nous obtiendrons plus de victoires en Europe. Nous n'avons pas été très bons en défense jusqu'ici… C'est sur cet aspect-là que nous devons être plus attentifs lors des prochains matches, car, selon moi, je ne pense pas que nous ayons des problèmes en attaque. Nous devons simplement mieux défendre et je pense que cela nous aidera beaucoup à l'avenir.
FS : Tu as réalisé un super match avec 10 points et 14 rebonds, importantissime en attaque comme en défense. Es-tu satisfait de ce que tu as apporté à l'équipe ?
ET : J'en suis très heureux. J'ai juste un peu rigolé à la fin, parce qu'on me prive souvent de quelques contres que je réalise en plus… Sur la feuille de statistiques, je n'en ai que trois… Alors que je crois que j'en ai fait cinq aujourd'hui… Mais ce n'est pas grave. Le plus important, c'est que nous ayons gagné ce match. Nous avons hyper bien défendu et c'est ce qui compte pour nous. Défendre en équipe et s'entraider en cas d'erreur.
FS : Paco Redondo (l'entraîneur adjoint du Real Madrid) a récemment parlé du manque de continuité du Real Madrid en Euroligue. Selon toi, quelle est la clé pour renouer avec la victoire lors du prochain match ?
ET : Ce que j'ai dit, la défense. Si nous défendons en équipe, nous pouvons gagner contre n'importe quelle équipe. Parce qu'en attaque, je ne pense pas que nous ayons beaucoup de problèmes. Parfois oui, mais c'est la défense qui nous donnera plus de confiance et de rythme pour gagner les matches importants.
FS : Après autant d'années en Espagne, comment te sens-tu au Real Madrid ?
ET : C'est un honneur pour moi d'être ici au Real Madrid. Cela fait maintenant sept ans que je suis à Madrid. Pour moi, c'est toujours une source de fierté. J'essaie toujours de faire de mon mieux pour aider cette équipe à gagner. Cette année, nous sommes un peu dans une situation délicate, nous ne parvenons pas à gagner cinq ou six matches d'affilée. Mais c'est comme ça, il faut en tirer les leçons. Nous savons que cette saison ne sera pas comme nous le pensions, mais puisque nous sommes ici, maintenant, nous allons devoir nous battre jusqu'à la fin !
FS : Eddie, l'année 2025 sera importante pour toi. Il y a bien sûr le championnat espagnol, l'Euroleague, mais il y a aussi l'AfroBasket. Est-il temps de gagner quelque chose avec le Cap-Vert ?
ET : Toujours, toujours (rires). Pour nous, l'afro-basket est un moyen de mettre en valeur les nouveaux talents que nous avons au Cap-Vert. C'est un moyen de réaliser quelque chose de sympa dans un tournoi qui ne dure que deux semaines. Pouvoir gagner quelque chose avec le Cap-Vert serait la meilleure chose au monde. Je peux dire que c'est mieux que de gagner deux Euroligues d'affilée – de gagner quelque chose avec le Cap-Vert. Nous savons que c'est difficile, mais réaliser des choses très positives avec le Cap-Vert aide le basket-ball à se développer et peut apporter beaucoup à l'avenir à notre pays. Nous savons que le Portugal nous aide beaucoup avec ses joueurs. Je pense que nous avons un plus grand nombre de joueurs au Portugal, mais, à mon sens, nous devons faire plus pour avoir plus de joueurs natifs du Cap-Vert.
FS : Vous avez déjà gagné trois matches consécutifs en qualification (Ouganda, Libye, Nigéria). En remportant un match de plus, normalement, vous êtes qualifiés…
ET : Je serai là pour les soutenir et tout faire pour qu'ils gagnent le match qui leur manque pour se qualifier à l'AfroBasket. Pour moi, l'afroBasket sera une sorte d'avant-après. Car il y a des joueurs présents dans l'équipe nationale depuis de nombreuses années, donc c'est une opportunité en or de faire quelque chose d'important pour notre pays.
FS : Vous êtes un exemple pour la jeunesse cap-verdienne, vous le savez ?
ET : J'essaie toujours de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour les motiver et leur faire penser que s'ils travaillent, s'ils mettent à bien ce qu'ils ont entre les mains, ils pourront quitter le Cap-Vert et avoir un meilleur avenir, dans lequel ils pourront mettre un repas sur la table de leur famille. C'est le message que nous essayons de transmettre aux plus jeunes du Cap-Vert : qu'à travers le sport, ils peuvent avoir l'ambition d'étudier, de vouloir faire du sport, de pouvoir gagner leur vie. Tout ne dépend pas de la chance, mais du travail, et que la chance, elle, peut être plus proche que jamais.