"Je n'ai aucune intention d'expliquer ma tactique, car vous ne la comprendriez pas." Cette déclaration, comme beaucoup d'autres avec Luis Enrique, avait secoué l'opinion publique, suite à ce que le PSG se soit incliné à l'Emirates face à Arsenal en octobre (2-0). Les premières accusations voulaient dénoncer un potentiel caractère misogyne de la réponse à la journaliste de Canal+, Margot Dumont, qui avait rapidement répliqué en défendant le vrai sens de ce qu'avait voulu dire l'Espagnol. Car oui, pour comprendre l'ex-sélectionneur de la Roja, il faut un Bac+5 en Sciences comportementales. Les raccourcis ne peuvent être faits et votre esprit se doit de prendre le plus de hauteur possible, là où est présent le second degré – ou non – de l'entraîneur du PSG.
Effectivement, Luis Enrique n'était pas en train de dire que son interlocutrice n'allait "pas comprendre sa tactique" car elle est une femme. Mais tout simplement parce que sa vision du football est à ses yeux trop compliquée pour le commun des mortels que sont les journalistes dans leur globalité. On peut se demander ce qui est le plus triste entre nous faire croire que l'entraîneur espagnol est misogyne ou que la terre entière peut comprendre les idées poussées d'un professionnel du football. Or, dans le contexte de ce petit jeu, l'Espagnol avait subtilement teasé son (futur) documentaire sorti quelques semaines plus tard sur Canal+, "Luis Enrique : Vous ne pouvez pas comprendre !".
Voilà ce que Luis Enrique provoque quasiment chaque semaine depuis maintenant six mois à chaque fois qu'il s'exprime devant la presse. Car l'homme est tel qu'il est et que cela ne peut pas matcher avec tout le monde. L'Asturien n'est pas du genre à avoir la langue dans sa poche et dit les termes comme il les ressent avec franc-parler. Suite à la défaite contre l'Atlético de Madrid (1-2), le résultat était "totalement injuste" et après le Bayern (1-0), "aucune équipe n'avait plus gêné" les Munichois que le PSG, répliquant aux journalistes : "j’ai plus confiance que vous. Mais je sais que je suis jugé sur les résultats. Vous allez insister sur ce qui vous intéresse".
La surexigence de la presse et des supporters au PSG est un fait. C'est pourquoi Luis Enrique a été vivement critiqué durant cette première partie de saison 2024-2025, beaucoup jugeant son football parfois obsolète par rapport à son époque et considérant que les résultats n'étaient pas à la hauteur du club. Et il est vrai que lorsque vous vous arrêtez sur le classement de la Ligue des champions – chose que tout le monde fait -, vous pouvez considérer que Paris n'a pas assuré jusqu'ici. Problème, comme souvent dans le football, c'est la culture de l'instant qui prend le dessus sur le jugement juste.
Luis Enrique a pris le PSG en main il y a maintenant un an et demi. Sa première saison a abouti par un triplé national avec une demi-finale perdue dramatiquement en Ligue des champions face au Borussia Dortmund. Cette année, Paris compte 10 points d'avance à la mi-saison sur ses poursuivants et se trouve dans une situation délicate en C1 certes, mais toujours gérable puisqu'ils ont leur destin entre leurs mains. Voilà le constat des faits depuis l'arrivée de l'Espagnol. Le jeu de l'équipe, quant à lui, n'a jamais été aussi poussé et travaillé depuis l'ère QSI. Le jeu de position est le mot d'ordre et Paris le réalise de fort belle manière.
Rome ne s'est pas faite en un jour. Et le PSG, s'il souhaite remporter un jour la Ligue des champions, doit comprendre que pour y arriver, il faudra poser des bases solides. Prenez l'exemple de Pep Guardiola à Manchester City. C'est ce qu'est en train de faire Luis Enrique et, comme souvent dans la vie, il faut traverser des hauts et des bas. Mais le plus important est de sortir de ses zones de turbulences avec des certitudes. Si Paris gagne ses deux derniers matches de C1 face aux Citizens et Stuttgart, ce dernier en sortira grandi, ce qui lui permettra d'aborder les barrages avec beaucoup plus de sérénité.
Le PSG n'a pas été épargné par le tirage et il est vrai que, dans les faits, il n'y a que la rencontre face à Arsenal qui peut être réellement critiquable. Un coup du sort face à l'Atlético et un carton rouge bête de Dembélé face au Bayern ont condamné les Parisiens à cette 25ᵉ position après six matches. À présent, laissons du temps au temps à une équipe qui a remporté tous ses matches de L1 face aux gros du championnat. Si victoire contre Manchester City au Parc des Princes il y a, tous les maux seront oubliés. Et si ce n'était pas le cas, il serait contre-productif pour le PSG de s'affoler et de se laisser emporter par l'opinion de la masse populaire qui appellerait à la destitution de Luis Enrique. Car, dans le fond, les choses ne vont pas si mal…
