Évidemment, l'affiche est moins reluisante qu'avec Tyson Fury, personnage hors-normes tout droit sorti de l'univers de Snatch. Pour autant, un combat à Wembley, avec Oleksandr Usyk en vedette, c'est toujours un événement. Et puis, malgré tout, Daniel Dubois n'est pas un quidam, même si l'Ukrainien l'avait éteint au 9e round il y a quasiment deux ans dans le stade de Wroclaw, remonté à bloc par avoir reçu un coup bas reçu à la 5e reprise qui lui avait nécessité quasiment 4 minutes pour se retrouver.
KO assuré... mais de quel côté ?
Considéré actuellement comme le 2e poids lourd du monde par Boxrec, "Dynamite" a éparpillé Anthony Joshua en 5 reprises en septembre dernier, déjà à Wembley. Jusqu'alors champion du monde IBF par intérim après avoir mis KO Filip Hrgovic à Riyad il y a un peu plus d'un an, Dubois s'est emparé de la ceinture World, laissée vacante par Usyk, pour disputer une revanche contre le meilleur poids lourd du XXIe siècle.
Dubois (22-2-0) dans le ring, c'est l'assurance d'assister à un KO. Seul l'Américain Kevin Johnson en 2018 est parvenu à aller jusqu'à la décision avec 10 rounds. À l'époque, l'Anglais avait 21 ans, l'Américain 39 et il n'y avait pas eu photo pour les cartes. Ses deux défaites aussi ont été par KO, contre Joe Joyce en 2020 et donc contre Usyk. Pas du demi-sel.
Forfait de dernière minute en février au moment d'affronter Joseph Parker, Dubois est face à un immense défi : faire tomber l'invaincu Usyk (23-0-0), réaliser un upset phénoménal et devenir le deuxième poids lourd à unifier les 4 ceintures majeures depuis... l'Ukrainien. Il dépasserait ainsi Lennox Lewis qui, en 1999, avait renversé Evander Holyfield pour détenir les ceintures WBC, WBO et IBF.
Onze ans plus jeune qu'Usyk, Dubois a des références et il retrouve le boss de fin avec l'envie de démontrer sa progression. À l'époque, après avoir été sonné à la 8e, il avait pris une droite de l'Ukrainien, gaucher qui était passé en orthodoxe pour mieux l'assommer avec une droite au menton. Mais a-t-il suffisamment de vécu contre les meilleurs ? Il n'a pas affronté Fury, ni Parker, ni Martin Bakolé. Joshua ? Certes, une très belle victoire mais "AJ" est sur une pente descendante depuis fort longtemps, au point que Fabio Wardley est à présent mieux classé par Boxrec après sa victoire miraculeuse par KO il y a un mois et demi contre Justis Huni. Hrgovic ? Un adversaire de haut niveau mais dont la seule victoire de référence était contre le Chinois Zhilei Zhang après un passage au tapis à la 2e.
Canelo Álvarez en tous cas n'a pas fait mystère de son favori : il a misé 500.000$ sur la défaite du Britannique. "Il va perdre de l'argent, a certifié Dubois. Je suis concentré, je sais ce que j'ai à faire. Je suis un jeune lion et je dois prendre les rênes et être un homme".
"À quel point quelqu'un peut-il changer en deux ans ?, s'est interrogé à haute voix Egis Klimas, le manager d'Usyk. Il sait qu'il peut faire mal à Oleksandr et l'a déjà fait, il a battu des boxeurs de classe mondiale". Pour autant, il ne le voit pas inquiéter son champion outre-mesure, ce qui a fait bondir Don Charles, l'entraîneur de Dubois qui est aussi celui de Tony Yoka au demeurant : "il a dû dormir lors des trois derniers combats de Daniel. Quelqu'un peut le réveiller". Réponse cinglante de Klimas : "pendant que je dormais, Oleksandr a battu Tyson Fury deux fois".
Malgré l'Everest face à lui, Dubois s'est présenté conquérant, convaincu qu'il pouvait écrire l'Histoire : "j'ai gagné beaucoup de confiance grâce à mon entraînement, mes performances à la salle, aux coups que j'ai portés aux gens en sparring. Tout cela est en moi et je suis prêt à le laisser sortir maintenant. Je suis prêt à surmonter tout ce qu'il faudra pour obtenir ces ceintures. Je cours après la gloire et l'excellence. Je dois absolument tout démolir. Ils ont un scénario, mais je vais écrire le mien".
Organisateur de la soirée, Frank Warren voit l'un de ses poulains arriver au sommet en quelques années car affronter Usyk à Wembley représente une occasion immense de réaliser un rêve : que le champion du monde unifié des lourds soit Anglais : "c'est un événement phénoménal avec quatre ceintures en jeu pour la première fois au Royaume-Uni. C'est l'occasion pour Daniel de devenir une icône britannique. Il est au sommet de sa forme et, à en juger par son CV, il a acquis une solide expérience. Je suis convaincu qu'il va y arriver, face à l'un des plus grands boxeurs".
Si tel est le cas, alors Dubois deviendra un immense champion incontesté et incontestable. Un enjeu qui a de quoi donner le vertige.
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