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Désormais, Mbappé ne peut plus se contenter d'être le héros des succès faciles du PSG

Désormais, Kylian Mbappé ne peut plus se contenter d'être le héros des succès faciles du PSG
Désormais, Kylian Mbappé ne peut plus se contenter d'être le héros des succès faciles du PSGProfimedia
Transparent ou presque contre l'Olympique Lyonnais, Kylian Mbappé est épargné par les critiques, les performances de Lionel Messi lui autorisant d'être encore dans l'ombre. Néanmoins, le nouveau capitaine des Bleus ne plus se permettre de proposer des matches sans relief, surtout s'il fait de nouveau parler de lui pour des sujets extra-sportifs.

Kylian Mbappé voulait un contrat mirobolant : il l'a eu. Il réclamait des responsabilités : il les a, en club comme avec l'Equipe de France. Et quand il se lâche publiquement contre son employeur, c'est l'employeur qui s'excuse, démontrant par l'absurde l'existence effective d'un "Kylian Saint-Germain", expression qui fera date et fera certainement plus de mal que de bien à son inventeur. 

Pourtant, lorsque le PSG passe au travers, Lionel Messi est toujours la première cible des critiques. La défaite au Parc des Princes contre l'Olympique Lyonnais en atteste, comme ce fut déjà le cas contre le Bayern lors du 1/8 de finale retour de Ligue des Champions. Sur les photos, chez de nombreux media, c'est très majoritairement la Pulga qui est exposée, beaucoup plus rarement KMB. 

Kylian Mbappé au premier plan, Leo Messi dans le flou
Kylian Mbappé au premier plan, Leo Messi dans le flouAFP

La raison est évidente : taper sur Messi est gratuit. L'Argentin n'a aucun lien avec le Paris Saint-Germain, débarqué dans la capitale par hasard et par manque de possibilité après son départ précipité du FC Barcelone. Il n'y a aucune conséquence à le mettre au pilori, sachant aussi que, derrière les salves de sifflets, se cachent aussi du ressentiment après la finale de la Coupe du monde. En revanche, il existe un vrai intérêt à épargner, voire à protéger, Mbappé. Qui voudrait bien se mettre à dos le représentant nº1 du football hexagonal ? Cependant, incriminer principalement Messi revient à signifier que c'est lui le leader et c'est donc rétrograder Mbappé dans la hiérarchie. 

Car à l'instar de Messi, Mbappé n'a pas été guère plus en évidence sur de nombreux matches. Or lui ne peut plus se permettre de disparaître de la circulation quand les matches deviennent durs. Désormais, il est condamné à l'excellence. Cette mission n'est pas à temps partiel et ne se cantonne plus aux matches faciles, quand l'adversaire laisse beaucoup de profondeur, quand aucune aspérité ne vient entraver la puissance du club parisien. Alors, après une saison 2021-2022 très consistante (28 buts et 19 passes décisives en L1, 6 buts et 6 passes décisives en Ligue des Champions), considérer qu'il marque le pas, qu'il n'a pas été présent lors du match le plus important de la saison, relève de la simple constatation et ne remet pas en cause ce qu'il a réalisé précédemment et ce qu'il pourrait accomplir par la suite. Simplement, il ne peut pas être exonéré de critiques quand il a tout fait pour être au centre de l'attention, quitte à froisser une partie du vestiaire. 

Son rôle désormais est de porter son équipe à temps complet. Il doit la représenter dans les campagnes institutionnelles, mais aussi dans le jeu. Messi rate beaucoup mais il a le mérite d'essayer de sortir de sa zone, de venir plus bas pour toucher le ballon et pour essayer d'organiser. Encore trop unidimensionnel, Mbappé éprouve toujours des difficultés contre des blocs bas et à trouver la justesse technique nécessaire quand l'équipe adverse est organisée et laisse peu d'espaces. Et quand il parvient à se procurer une occasion, comme celle de la 9e minute après une passe d'orfèvre de Messi, il doit marquer, surtout quand il a eu le temps et l'espace de piquer le ballon par-dessus Anthony Lopes

Anthony Lopes sort au devant de Kylian Mbappé
Anthony Lopes sort au devant de Kylian MbappéAFP

En somme, Mbappé performe dans son registre, c'est-à-dire contre les équipes nettement inférieures où, tôt ou tard, le talent suffit à faire la différence. Hormis contre Lille, sa victime préférée cette saison avec 5 buts et contre l'OM, dont il faut tout de même rappeler que, lors de la 25e journée, les Phocéens étaient privés de leurs deux meilleurs défenseurs (Chancel Mbemba et Samuel Gigot), le bilan contre les équipes de haut de tableau reste mince. Au lendemain de la 29e journée, il n'a marqué ni contre Monaco (il n'a disputé que l'aller) ni contre Lyon ni contre Lorient ni contre Lens (seul l'aller a été disputé) ni contre Rennes. Beaucoup trop peu.

19 buts dont 2 penalties en L1 (et 7 buts en C1) avec une telle équipe et tels pourvoyeurs de ballons, c'est tout à fait honorable mais ce n'est pas phénoménal (et cela pose la question de leur remplacement à court et moyen termes car il sera difficile de trouver aussi bien). Il partage la tête du classement des meilleurs buteurs avec Jonathan David, qui est talonné par Alexandre Lacazette et Folarin Balogun (17), sans oublier Loïs Openda et Habib Diallo (15) en embuscade. À titre de comparaison, l'année de ses 25 ans, en 2012, Messi avait inscrit 91 buts dont 59 rien qu'en Liga. En 2009-2010, Cristiano Ronaldo, qui découvrait la Liga avec le Real Madrid, avait marqué 26 buts et adressé 9 passes décisives, sachant qu'il avait comme concurrents en attaque Gonzalo Higuaín, Karim Benzema et Raúl. Et c'est sans même évoquer leurs trophées européens et leurs Ballons d'Or déjà empilés. 

Autre point, soulevé par Christophe Galtier lui-même en conférence de presse d'après-match dimanche. Le coach parisien a évoqué le besoin d'un dépassement de fonction de la part d'une partie de son équipe, à commencer par les milieux de terrain. Or pour l'obtenir, il faut donner l'envie de se dépasser. C'est ce que Messi est arrivé à faire avec l'Argentine et avec le Barça. Mais il est totalement illusoire de lui demander une telle chose avec le PSG : il n'a ni le lien affectif ni l'ambition ni même l'envie de le faire.

Ça, c'est le travail de Mbappé car il s'agit de "son" club. Lui le fan de NBA a voulu, voire exigé, ce statut de franchise player surexposé et surmédiatisé. Au PSG, le projet c'est Mbappé. Il a prolongé pour ça, à un tarif qui le "bloque" car aucun club au monde ne pourra lui offrir un contrat équivalent. Partir, ce serait renoncer. Partir, ce serait opter pour un challenge plus abordable, à rebours de l'image qu'il veut renvoyer. Cela passe par des performances statistiques plus élevées, mais aussi par une mutation de son jeu. Mbappé ne pourra pas toujours compter sur sa vitesse. Techniquement et tactiquement, il doit évoluer. La question est de savoir s'il en a les aptitudes, la volonté et si son entourage, personnel comme médiatique, le pousse à sortir de sa zone de confort. Cela passe par aussi par des critiques plus aigües de ses performances. Ses accomplissements futurs en auront d'autant plus de valeur.