Même blessée gravement aux ligaments croisés quelques jours avant le début de l'Euro, Alexia Putellas a remporté le Ballon d'Or pour la deuxième année consécutive. Si son sacre en 2021 était attendu, celui de 2022 était moins évident, malgré une saison pleine de succès
La milieu de terrain du FC Barcelone a survolé la saison en Espagne. En championnat, le club blaugrana a achevé la saison avec 90 points : 30 victoires en 30 matches. Un tour de force inédit sous les ordres de Jonatan Giráldez, un entraîneur d'à peine 30 ans qui a succédé à Lluís Cortés, écarté par les cadres du club malgré la conquête de la première Coupe d'Europe de l'histoire du Barça. Outre ce carton plein, Putellas a réalisé le triplé domestique en ajoutant la Copa de la Reina et la SuperCopa. Seule la Ligue des Champions lui a échappé, après une défaite cinglante contre l'Olympique Lyonnais (3-1). Sur le plan statistique, elle a inscrit 34 buts toutes compétitions confondues, dont 11 en C1 (meilleure réalisatrice), compétition dont elle a été élue meilleure joueuse avant d'être de nouveau sacrée meilleure joueuse de l'année de l'UEFA, là aussi pour la deuxième année consécutive.
Tout pour elle... sauf l'Euro
Pourtant, avec le nouveau sacre de l'OL en C1 et la victoire de l'Angleterre à l'Euro, rien ne garantissait la nouvelle victoire de Putellas, surtout après sa blessure. Wendie Renard, Beth Mead, Lucy Bronze voire Alexandra Popp auraient pu la devancer mais c'est bien la native de Mollet del Vallès qui s'est de nouveau imposée.
Sur le papier, sa victoire n'est pas usurpée, loin de là. Rien à voir avec le "blitz" de Megan Rapinoe, vainqueur en 2019 sans jouer un seul match de la saison avec son club mais très performante lors de la Coupe du Monde en France (6 buts et 3 passes décisives en 5 matches).
A l'heure où le football féminin gagne en popularité, en exposition et en niveau, Putellas est devenue une figure de sa discipline. Comme chez les hommes, il faut des figures marquantes et identifiables. Ce qu'est la Barcelonaise.
Cette victoire tend aussi à prouver que les compétitions de clubs ont pris le dessus sur le grand rendez-vous continental de l'année. La régularité de Putellas, son exposition facilitée par son poste de milieu offensive ainsi que par les rencontres du Barça disputées dans un Camp Nou comble ont été autant d'arguments qui lui ont permis d'arriver en haut des suffrages.
Mais rien ne garantit que la fédération espagnole puisse profiter des retombées. En conflit ouvert avec Luis Rubiales, président de l'institution, et Jorge Vilda qui cumule les postes de sélectionneur et de directeur sportif des sélections féminines, Putellas, ainsi que de nombreuses coéquipières, ont clairement remis en cause leur gestion sur et hors du terrain. Ce deuxième Ballon d'Or sera une magnifique caisse de résonance pour changer les choses en Espagne, quelques mois avant un Mondial 2023 qui pourrait être le couronnement de la carrière de la Catalane.