"C'est boucler la boucle, comme une de mes premières grandes joies comme joueur professionnel a été la finale de Séville en 2004", a estimé Rafael Nadal dans la vidéo d'annonce de sa fin de carrière, diffusée en octobre sur les réseaux sociaux.
"Ça fait 20 ans que je dispute cette compétition, j'ai connu beaucoup de générations différentes, a témoigné le maître de la terre battue lundi en conférence de presse. La clé du succès pour notre pays, c'est que nous avons toujours eu des relations étroites" entre les joueurs alignés en Coupe Davis. Ça aide d'avoir le sentiment que quand tu gagnes, tout le monde gagne et quand tu perds, tout le monde perd".
3 décembre 2004. Nadal, 51e mondial à 18 ans, peine à croire qu'il a été préféré à ses glorieux aînés Juan Carlos Ferrero et Tommy Robredo pour affronter l'Américain Andy Roddick en finale de Coupe Davis.
"Quand Rafa est venu me voir pour me dire qu'il était prêt à céder sa place contre Roddick à l'un de ses deux équipiers, je lui ai dit non, que c'était une décision des capitaines et que de toute façon, il avait toute ma confiance", raconte son équipier d'alors et futur entraîneur Carlos Moyà dans une biographie du gaucher de Manacor publiée en 2011.
Aussi élégant envers ses équipiers qu'impitoyable pour ses adversaires, le jeune Nadal terrasse en quatre sets et 3h38 le lauréat de l'US Open 2003 et offre un deuxième point à l'Espagne, qui remportera le 5 décembre son deuxième Saladier d'argent.
"Il est tellement bon, s'émerveille Roddick, beau joueur, au sujet de l'Espagnol après sa défaite. C'est un joueur de grands matches, c'est une qualité qu'on a ou qu'on n'a pas et ça ne dépend pas de l'âge. Ce n'est un secret pour personne qu'il a un brillant avenir".
"Différent de notre routine"
"Il y a eu plusieurs matches clés dans ma vie. Celui-là en est sûrement un, identifie alors Nadal, sans imaginer qu'il collectionnerait 22 trophées en Grand Chelem dans les deux décennies à suivre. La Coupe Davis a toujours été un rêve pour moi. Tout le monde sait combien j'aime mon pays, je suis heureux de vivre en Espagne et d'y jouer ma dernière compétition, a-t-il insisté lundi. Je ne pourrai jamais remercier assez les gens en Espagne pour le soutien que j'ai reçu et l'amour que j'ai ressenti auprès des médias, des spectateurs, des enfants", a poursuivi le plus jeune vainqueur de la Coupe Davis en 2004, à 18 ans et 187 jours.
Le jour du premier sacre sévillan, le stade de la Cartuja héberge 27.000 spectateurs, la plus grande foule réunie pour un match de tennis à l'époque.
Le premier contact de Nadal avec la Coupe Davis remonte encore plus tôt, à 2000, quand il avait été choisi pour porter le drapeau de son pays, à 14 ans, en finale entre l'Espagne et l'Australie, à Barcelone. Après le titre inaugural de 2004, le Majorquin remportera trois autres Saladiers d'argent : en 2009 (à Barcelone), 2011 (à nouveau à Séville) et 2019 (à Madrid).
"Partager les bons et les mauvais moments" en équipe en Coupe Davis, "c'est quelque chose de différent de notre routine sur le circuit", où le tennis se résume "à un sport très individuel", a analysé Nadal lundi.
Le revoilà sur ses terres, après cinq ans d'absence - dans une compétition au format totalement chamboulé depuis - pour écrire le mot fin. Mais à plusieurs mains.
