Dans la course à la troisième place, la seule du podium encore disputée lors de l'ultime étape de montagne du Tour vendredi, Florian Lipowitz a fini par prendre le meilleur sur son rival Oscar Onley, malgré l'étrange numéro de son coéquipier Primoz Roglic.
Pour vibrer, alors que Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar avaient décidé de se contenter du service minimum en se neutralisant dans la montée finale vers La Plagne, il fallait regarder à l'échelon en-dessous.
Un étage où deux jeunes hommes, un Allemand, Florian Lipowitz, et un Écossais, Oscar Onley, se rendent coup pour coup depuis plusieurs jours pour gagner le droit d'accompagner les deux phénomènes sur le podium dimanche soir, le tout vêtu du maillot blanc de meilleur jeune.
22 secondes séparaient les deux espoirs avant de se lancer dans cette courte étape (95 km), après la superbe opération réalisée la veille dans le col de la Loze par Onley, qui avait repris 1 min 39 à "Lipo".
"Leçon"
L'ancien biathlète de 24 ans avait payé, au-dessus de Courchevel, les efforts consentis durant la journée où il avait tenté de prendre le large avant de craquer.
"Comme on a pu le voir dans la première partie du Tour de France, il s'échappe parfois à l'instinct, c'est ce qui s'est passé hier, et il en a payé le prix fort", a résumé vendredi soir Enrico Gasparotto, directeur sportif de l'équipe Red Bull-Bora.
"On en a parlé ce matin, j'ai essayé de lui expliqué ce qu'était le cyclisme, ce qui se passé dans les grands Tours et dans la troisième semaine, et je pense qu'aujourd'hui il a appris cette leçon, je suis content pour lui parce que plus tôt il apprend, plus tôt il progresse et plus tôt il aura du succès", a-t-il poursuivi.
Dans une posture défensive pendant que son coéquipier Roglic tentait sa chance à l'avant, l'Allemand a effectivement joué juste, sans en faire trop dans le sillage de Vingegaard et Pogacar, pour surveiller Oscar Onley et accélérer lorsque l'Écossais de 22 ans a cédé du terrain dans les dernières rampes, pour terminer à 41 secondes.
"Florian a été très fort, il a retrouvé de bonnes jambes, on se demandait s'il allait pouvoir tenir aujourd'hui mais il a pu suivre tout le temps Oscar Onley et a même pu reprendre du temps", s'est réjoui Bernhard Eisel, un autre directeur sportif de Red Bull-Bora.
Roglic électron en roue libre
La journée a été moins bonne pour leur autre leader Primoz Roglic, cinquième vendredi matin et huitième après cet ultime épisode alpestre.
"Ces derniers jours, je pense que la priorité de Primoz était une victoire d'étape, de se battre pour ça, parce que pour lui, finir cinquième, sixième ou septième du classement général ne change rien à sa vie, il veut gagner quelque chose ici sur le Tour", a estimé Enrico Gasparotto.
Le quadruple vainqueur de la Vuelta, plutôt bien intégré à la stratégie de son équipe depuis le début du Tour au côté de son jeune compère, troisième du dernier Dauphiné, a préféré enfiler le costume de l'électron libre lors des deux dernières étapes.
Il s'est glissé dans une échappée qui n'a jamais pu prendre de champ, et s'est complètement désintéressé de la lutte pour le classement général une fois repris, finissant l'étape à plus de 12 minutes du vainqueur, sans avoir été d'aucune utilité pour Lipowitz.
Heureusement pour l'équipe allemande, ce dernier n'a pas semblé menacé par Onley, déjà ravi de se retrouver sur la photo avec le reste du podium à quelques encablures du dernier sommet hors-catégorie de cette Grande Boucle.
"Il n'y a pas de regret, on aurait signé pour ça au début du Tour", a affirmé le directeur sportif de Picnic-Post NL Christian Guiberteau avant d'ajouter: "Évidemment, l'appétit vient en mangeant, on se disait qu'avec hier c'était si proche, pourquoi pas ? C'était normal d'y croire et de tenter, mais il n'a pas pu, il était fatigué."