Plus

Jordan Jegat vise "un Top 10" sur le Tour pour "manger une part du gâteau"

Jordan Jegat durant la 13ᵉ étape.
Jordan Jegat durant la 13ᵉ étape.JASPER JACOBS/Belga via AFP

Aux portes du Top-10 à l'entame de la dernière semaine du Tour de France, le grimpeur de TotalEnergies Jordan Jegat dit dans un entretien à l'AFP viser le classement général pour "manger une part du gâteau" et confirmer une "progression linéaire".

QUESTION : Comment vous sentez-vous physiquement après quinze jours de course ?

RÉPONSE : "Il y a un peu de fatigue quand même. Je me sens mieux qu'à la première journée de repos. Je me suis plus fait plaisir sur le vélo. Je ne sais pas si c'est moi qui ai besoin de temps pour avoir des bonnes sensations ou si c'est les autres coureurs qui faiblissent. C'est vrai que je suis toujours mieux dans les courses à étapes. J'arrive mieux à performer là-dedans. Après, il y a aussi la nervosité du peloton qui se calme et ça m'aide beaucoup également. Ma qualité première, c'est vraiment de la récupération, et aussi de l'abnégation."

Q : Qu'avez-vous appris lors de ces deux semaines à batailler pour le général ?

R : "L'année dernière, j'avais vraiment pris confiance en moi, en mes capacités. Cette année, je savais que je pouvais jouer dans le Top-20, me rapprocher du Top-15. Après, de là à le faire, c'est différent, mais mentalement, je savais que je pouvais le faire. Ce que j'ai appris, c'est que le vélo, c'est du placement. Et si tu n'es pas placé, tu ne fais rien de la journée. C'est aussi une grosse charge mentale de toujours vouloir être placé."

Q : Comment se fait le travail collectif concernant ce placement ?

R : "Depuis que je suis bien classé au général, l'équipe essaie de me mettre des coureurs à disposition pour optimiser mon placement. C'est quelque chose qu'on apprend un peu sur le tas parce qu'on ne court pas souvent ensemble. Avec Thomas (Gachignard), je n'ai couru que Paris-Nice. Avec Anthony (Turgis), je n'ai fait que le Dauphiné. Mais avec Anthony, on se connaît très bien et j'ai une confiance absolue en lui. Il devrait être directeur sportif. Il connaît la course parfaitement, il sait quand se placer et comment. La grosse différence aussi, c'est qu'il est respecté dans le peloton. Tout le monde le laisse passer, il frotte très bien. C'est vraiment un appui très solide pour moi."

Q : Vu la domination de Pogacar et son équipe, est-ce qu'un Top-10 du général est plus accessible qu'une victoire d'étape ?

R : "Souvent, on me dit que je devrais me relever et viser une victoire d'étape. Mais à la fin du Tour, on fera les comptes. On verra qui a gagné des étapes. C'est sûr que c'est plus accessible. Il faudra compter le nombre de victoires d'étapes autres que celles de Pogacar, autres que les sprints. C'est sûr que si tu veux au moins manger une part du gâteau, un Top-10, c'est très dur à aller chercher, mais au moins, tu es sûr d'avoir quelque chose."

Q : Comment définiriez-vous la progression qui vous amène à la 11ᵉ place avant la dernière semaine ?

R : "Elle est assez linéaire, étape par étape. Après, je pense qu'il y a une maturation physique. J'ai progressé physiquement d'année en année. Il y a une question de grosse confiance en soi. Dès qu'on me fait confiance, j'arrive à progresser. Il y a eu un déclic Paris-Nice l'année dernière. J'ai vraiment pris conscience que le World Tour, c'était très dur, et ça m'a fait passer un cap. J'ai été meilleur après. Il y a aussi eu le Tour du Pays Basque. Je me suis dit 'En fait, je peux jouer à ce niveau-là'. Avec cet enchaînement-là, j'ai fait deuxième du Tour du Jura l'année dernière entre David Gaudu et Guillaume Martin-Guyonnet, et c'est là que je me dis 'En fait, j'ai le niveau'."

Q : Est-ce que vous sentez le regard du public changer ?

R : "Ça fait bizarre. C'est vrai qu'avant, même l'année dernière, on me confondait beaucoup avec d'autres coureurs. On pouvait dire 'Allez Mathieu', 'Allez Anthony'. Cette année, je suis beaucoup plus encouragé. Surtout quand je suis dans l'étape du Mont-Dore, où Kévin (Vauquelin) a été distancé. Tous les encouragements étaient pour moi, vu que j'étais le seul Français."