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Flashback : Mende 2015, quand Steve Cummings avait fait le désespoir des Français sur le Tour

Steve Cummings pour une photo mythique.
Steve Cummings pour une photo mythique.YORICK JANSENS / BELGA MAG / Belga via AFP
Le 18 juillet 2015, la France du vélo s'enflammait pour Romain Bardet et Thibaut Pinot sur la 14e étape du Tour de France, mais un certain Steve Cummings allait jouer un sale tour à ces deux grands noms du vélo français pour lever les bras à Mende. Au désespoir du peuple tricolore...

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En 2014, le cyclisme français amorçait un renouveau. Si Bernard Hinault n'avait toujours pas trouvé de successeur, si Vincenzo Nibali avait gagné le Tour de France, Jean-Christophe Péraud avait connu le climax de sa carrière en terminant deuxième à 36 ans, deux espoirs avaient laissé leur trace. 

Thibaut Pinot, révélé par sa victoire d'étape à Porrentruy en 2012, confirmait enfin les espoirs placés en lui en montant sur la troisième marche du podium à 24 ans. Non loin derrière, Romain Bardet, 23 ans, allait chercher la sixième place. Les deux avaient dominé le classement du maillot blanc, et le futur était radieux. 

Forcément, la foule du Tour de France se demandait alors lequel des deux allait en premier remporter la Grande Boucle. Tant de cartes disponibles l'année où l'on fêtait le 30e anniversaire de la dernière victoire tricolore, cela incitait forcément à l'optimisme. Malheureusement, les résultats globaux allaient être décevants. Bardet allait sauver les meubles avec une neuvième place, pour Pinot, ce serait la 16e. 

Néanmoins, durant la dernière semaine, les deux allaient faire vibrer le public français. Bardet allait s'imposer pour la première fois sur la Grande Boucle à Saint-Jean-de-Maurienne après une belle échappée. Pinot, quant à lui, allait faire sienne l'Alpe-d'Huez, un monument dans sa carrière. Personne ne rentrait bredouille, tout le monde était content. 

Mais un de ces deux espoirs - à l'époque - aurait pu accrocher une deuxième victoire d'étape. Pas aussi mythique que les Alpes, mais tout de même : la montée vers l'aérodrome de Mende-Brenoux, rendue célèbre par un certain Laurent Jalabert, qui y avait triomphé lors de l'édition 1995 après une incroyable partie de manivelles le 14 juillet. Une des étapes mythiques de l'histoire du Tour. 

Depuis, la Grande Boucle était revenue deux fois, en 2005, quand Cédric Vasseur avait échoué à la deuxième place, puis en 2010, et les Bleus n'avaient joué aucun rôle. Pour cet anniversaire, le 18 juillet 2015, on espérait voir les coureurs français à l'avant. Et on n'a pas été déçu.  

Une grosse échappée bénéficiera d'un bon de sortie. Et en son sein, des noms plus que connus. Peter Sagan, pas encore triple champion du monde, Simon Yates, pas encore double vainqueur de Grand Tour, Rigoberto Urán, Greg Van Avermaet et autres. Et donc, Romain Bardet et Thibaut Pinot. 

Mais aussi des outsiders, notamment Michał Gołaś et Kristjan Koren, qui allaient s'extirper du peloton pour aborder la montée finale en tête. Sauf qu'ils n'étaient pas des plus menaçants en termes de punch, et Bardet l'a bien compris. Il a repris les deux fuyards, avec Pinot à sa poursuite. Et en haut de cette côte de la Croix Neuve, la victoire ne pouvait échapper à la France. Sauf que...

... sauf qu'à la flamme rouge, un troisième larron avait fait son apparition : Steve Cummings. Le Britannique n'était pas un inconnu pour les adorateurs de la piste, puisque vice-champion olympique et champion du monde de poursuite par équipes dix ans plus tôt. Mais sur route, hormis une étape sur la Vuelta, c'était un coureur discret. Qui allait connaître la gloire. 

Et ce en vieux roublard. Sans doute conscient de ce qui était en train de se jouer, il n'a pas joué le pistard, pas attendu le sprint en dernière position pour flinguer les deux autres à l'ancienne. Non, il a simplement constaté le marquage entre les deux Français et en a profité, simplement, via une accélération progressive, en utilisant parfaitement les virages dans le final. 

Et comme prévu, le marquage a condamné les Bleus. Personne n'a voulu faire ce fameux dernier effort, boucher ces derniers mètres pour recoller au Britannique. Une situation vue de nombreuses fois dans l'histoire du vélo, mais jamais plus douloureuse que quand elle concerne un Français. Deux, de surcroit, cette fois. 

Certes, comme il a été susmentionné, les deux auraient droit à leur victoire d'étape dans la dernière semaine. Et certes, Mende n'est pas l'arrivée la plus prestigieuse du Tour de France, loin de là. Mais ce jour-là, Romain Bardet et Thibaut Pinot ont incontestablement sabordé leurs chances de victoires. Des moments dont on n'a pas envie de se rappeler...