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Chez lui, Grégoire manque le coche sur la 20ᵉ étape du Tour de France

Romain Grégoire, au centre, lors de l'arrivée au sprint pour la 4ᵉ place ce samedi.
Romain Grégoire, au centre, lors de l'arrivée au sprint pour la 4ᵉ place ce samedi.STEFANO CAVASINO/DPPI via AFP

Très en jambes sur ses terres, le Français Romain Grégoire a longtemps été à la lutte pour une victoire de prestige à Pontarlier ce samedi avant de chuter, manquant ainsi l'occasion de sauver le Tour de France de son équipe Groupama-FDJ.

Les statistiques le montrent, les accidents arrivent souvent près du domicile. Romain Grégoire a pu le constater dans la descente détrempée de la côte de Longeville, sur une route que le natif de Besançon connaît par cœur.

Le jeune puncheur avait jusque-là montré d'excellentes dispositions au fil d'une journée parcourue sur un tracé où le plat n'était pas franchement au menu, le tout sous une pluie battante.

Au départ, Grégoire, 22 ans, était conscient qu'il s'agissait, à l'occasion de cette avant-dernière étape, d'une des toutes dernières chances de débloquer le compteur de son équipe, qui n'a plus levé les bras sur la Grande Boucle depuis 2019 et le triomphe de Thibaut Pinot au Tourmalet.

La formation de Marc Madiot s'est montrée en difficulté depuis le Grand Départ de Lille, malgré une première semaine pleine de promesses pour "RoGreg", auteur de jolies places d'honneur, mais barré par la domination de Mathieu van der Poel et de Tadej Pogacar.

Costaud et supporté

Souvent absente des échappées, victorieuses ou non, l'équipe tricolore avait cette fois réussi à placer sa meilleure carte à l'avant, au prix d'une féroce bataille qui a occupé les deux premières heures de course.

"Je me sens complètement cuit, la fatigue ça pèse vraiment lourd dans les jambes, même moralement, on est vraiment fatigué", avait pourtant annoncé le deuxième du dernier championnat de France à Nantua samedi matin.

Dans le bon coup, costaud dans les côtes, Grégoire a pu compter sur ses fervents supporters massés sur le bord de la route. "Ça m'a vraiment porté et d'un côté ça ajoute une petite pointe positive à la journée, d'un autre ça ajoute un peu de dramaturgie au scénario, ça aurait été encore plus beau de gagner devant eux", a affirmé Grégoire devant son bus, après y être entré le visage fermé pour soigner ses blessures.

Le Bisontin avait le costume du sérieux prétendant à la victoire d'étape, une fois l'échappée validée par le peloton. Un costume qui s'est déchiré lorsque le Franc-Comtois est parti à la faute dans un virage, dans le sillage du champion d'Espagne Ivan Romeo.

"J'avais tout bien fait jusqu'à cette chute: l'échappée, 13 coureurs, sur des routes que je connaissais, avec des super sensations", a-t-il souligné.

"Il savait qu'il fallait qu'il prenne ce virage en tête, il le connaît parce qu'il sait qu'il est dangereux, et un coureur arrive, le prend plus vite et on est obligé de changer un peu la trajectoire, du coup ça fait partir à la faute", explique son directeur sportif Stéphane Goubert.

Montmartre pour dernière chance

S'il s'est vite relevé, la peau râpée sur tout le côté droit, il avait laissé filer sa chance en même temps qu'un groupe de trois hommes, duquel l'Australien Kaden Groves a réussi à s'extraire pour l'emporter.

Pour l'équipe Groupama-FDJ, qui a dû composer sans David Gaudu et avec la méforme de Guillaume Martin-Guyonnet, 16ᵉ du général et très discret, il ne reste plus qu'une opportunité de mettre un terme à la disette qui la touche et surtout de briller sur ce Tour.

Il faudra pour cela créer l'exploit sur les pentes de Montmartre dimanche, où Valentin Madouas était allé chercher l'argent olympique l'été dernier, alors que le profil de cette ultime étape peut aussi correspondre aux qualités de puncheur de Grégoire. À condition qu'il n'ait pas laissé trop de plumes samedi, et que ses "quatre ou cinq points de suture à la hanche" ne l'handicapent pas trop.

Pour sa mère, Valérie, souriante après l'avoir enlacé au pied du bus Groupama-FDJ, il n'est pas impossible de le voir repartir à l'avant dans la capitale : "Avant, il était souvent très déçu, il lui fallait un jour ou deux pour récupérer. Maintenant, une heure ou deux, ça suffit, il est motivé".