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"Ce Tour est bâti pour aller crescendo", déclare Christian Prudhomme

Christian Prudhomme à Paris ce jeudi.
Christian Prudhomme à Paris ce jeudi.ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP

Le Tour de France 2026, présenté jeudi à Paris, "est bâti pour aller crescendo" jusqu'au final marqué par la double ascension de l'Alpe d'Huez et une dernière étape passant par Montmartre le 26 juillet, explique son directeur Christian Prudhomme dans un entretien à l'AFP.

QUESTION : Comment est né le projet d'arriver deux fois à l'Alpe d'Huez en deux jours ?

R : "Ça faisait longtemps qu'on l'avait en tête. Depuis 2013, lorsque nous avons fait dans la même journée la double ascension de l'Alpe d'Huez, j'avais très envie qu'on arrive au col de Sarenne. Mais on se disait qu'on ne pouvait pas aller à l'Alpe d'Huez sans passer par les 21 virages. Les gens ne comprendraient pas. Donc, il fallait le faire deux fois. Et on s'est dit que c'était la bonne année, 40 ans après la victoire de Bernard Hinault main dans la main avec Greg LeMond."

Q : Ce seront deux étapes très différentes ?

R : "Oui. La première est très courte (128 km), mais dès le départ fictif on sera en montée, dans le col Bayard. Ça ne va pas beaucoup parler dans le peloton ce matin-là (rires). Derrière, il y a le Noyer qui est terrible et enfin les 21 lacets. Donc, il y a de quoi faire sacrément le ménage. Le lendemain c'est vraiment XXL : Croix-de-Fer, Télégraphe, Galibier, Sarenne. 5 600 mètres de dénivelé, la veille des Champs-Élysées. Même avec une avance confortable, il ne faudra pas avoir un coup de moins bien entre le vendredi et le samedi."

Q : C'est une réponse à la domination de Pogacar ?

R : "C'est la volonté de faire en sorte qu'il puisse y avoir du suspense jusqu'au bout. On sait bien que Pogacar a très largement dominé la dernière édition. N'empêche que l'année prochaine, à 48 heures de l'arrivée finale, je ne pense pas qu'on pourra dire que ce sera fait, quels que soient les écarts."

Q : C'est aussi pour préserver le suspense que la traversée des Pyrénées n'est pas trop difficile ?

R : "On a trois étapes plutôt adoucies. C'est fait exprès, évidemment, pour ne pas éliminer des coureurs du type Ben Healy et garder le plus grand panel possible de coureurs dans le coup. Ce Tour est bâti pour aller crescendo."

Q : Vous mettez une nouvelle fois l'accent sur les massifs intermédiaires, c'est important ?

R : "Le Tour, c'est d'abord les Alpes et les Pyrénées, et ce sera toujours comme ça. Mais il faut que chacun comprenne que ça puisse aussi se jouer ailleurs. À l'arrivée de l'étape du Tour 2010 aux Rousses, Andy Schleck me dit : 'ah ben si j'avais su que c'était si dur, on aurait attaqué'. Ce jour-là, je me dis qu'il faut que ça rentre dans la tête des coureurs, des journalistes, des amoureux du Tour qu'il y a un terrain pour les champions ailleurs que dans les Alpes et les Pyrénées."

Q : Au final, c'est un Tour montagneux ?

R : "55 000 mètres de dénivelé, c'est dans la fourchette. Mais c'est une montagne qui n'est poussée à l'extrême qu'à la fin."

Q : Le retour à la Butte Montmartre était une évidence ?

R : "Je ne sais pas si ça l'était pour la préfecture, mais pour moi oui. On a eu un accord de principe verbal dès le dimanche soir cette année. Leur seule demande était de ne plus passer par la rue Royale pour économiser des forces de l'ordre. Les coureurs vont désormais monter en haut des Champs-Élysées et prendre l'avenue de Wagram, des Ternes et le boulevard de Courcelles. Ça fait 2 km de tour de circuit en plus. C'est un changement à la marge qui nous va très bien car j'envisageais de rajouter un tour supplémentaire pour les sprinters."

Q : Le directeur du Tour de France souhaite-t-il que Paul Seixas participe au Tour dès 2026 ?

R : "Il souhaite le meilleur à Paul Seixas et il ne lui en voudrait pas du tout s'il n'était pas au départ du Tour en 2026. Chacun s'accorde à dire que c'est un talent pur. Laissons-lui le temps de grandir encore. Quand on a une pépite comme ça, il faut la protéger."

Q : L'équipe Israel PT va changer de nom à la suite de manifestations pro-palestienniennes. C'est un soulagement ?

R : "La situation internationale, qui ne dépend évidemment pas de nous, a changé plutôt dans le bon sens par rapport à ce qu'on a pu connaître il y a quelques semaines. Et pour ce qui a été annoncé pour l'équipe, bien évidemment, ça va dans le sens de l'apaisement."