Plus de 50.000 mètres de dénivelé, soit 10.000 de plus que lors de la dernière édition. Et pourtant, les organisateurs du Giro d'Italia n'ont pas réussi à convaincre Tadej Pogacar de défendre son titre, après le doublé Giro-Tour de la saison précédente. En effet, le champion du monde slovène a officiellement annoncé sa décision de ne pas participer l'année dernière quelques jours après la présentation du parcours.
Manifestement, pour une raison ou pour une autre, le Cannibale du cyclisme moderne a compris que les 3 413,3 kilomètres entre Durres en Albanie et Rome n'étaient pas propices à la préparation du grand défi prévu en juillet prochain sur les routes du Tour de France, où lui et Jonas Vingegaard arriveront, pour la première fois depuis trois ans, en pleine forme, sans les scories d'une blessure inopportune et, donc, sans alibi pour eux ou pour leurs fans.

Et dire que l'organisation avait pensé le tenter en prévoyant une petite excursion en Slovénie (Nova Gorica) juste avant la fin de la 14e étape. Mais non. Il ne sera pas couronné empereur le 1er juin sur fond de Forums impériaux.
Les favoris
Les supporters slovènes ne peuvent toutefois pas vraiment se plaindre, puisque le grand favori pour la victoire finale est un autre de leurs compatriotes, Primoz Roglic, qui a déjà remporté la grande course par étapes italienne en 2023 et qui a battu en Catalogne en mars dernier Juan Ayuso, qui, du moins sur le papier, devrait également être son principal rival dans le Giro 2025.
Ces deux dernières années, l'homme qui a levé les mains au ciel sur la montagne magique de Montjuic s'est également imposé à l'ombre du Colisée, transformant la Volta a Catalunya en véritable répétition générale avant la course rose.
Cela dit, le champion espagnol, protagoniste d'un début de saison impressionnant, est en constante évolution et il n'est pas vraiment exclu que le dépassement de son collègue slovène, plus expérimenté, arrive déjà en Italie. D'autant plus qu'il aura à ses côtés un certain Adam Yates prêt à l'aider et, si nécessaire pour le bien de l'équipe UAE, à le remplacer en cas de crise.
Les outsiders
Parmi les autres coureurs qui peuvent légitimement prétendre au podium, mention spéciale aux anciens champions du Giro Richard Carapaz (2019) et Egan Bernal (2021), et bien sûr à l'omniprésent (mais jamais jusqu'au bout) Mikel Landa.
Mais les amateurs de cyclisme devront aussi surveiller les Français David Gaudu et Romain Bardet et les Italiens Giulio Ciccone et Antonio Tiberi, qui aspirent sérieusement au rôle d'outsiders au classement général.
Quant à Mads Pedersen, Wout van Aert et Thomas Pidcock, la cerise sur le gâteau rose, sauf surprise majeure, leur objectif n'est pas tant la victoire finale que de faire le spectacle, de conquérir le plus grand nombre d'étapes et, si possible, de porter le maillot rose pendant quelques jours.
Filippo Ganna, lui, ne sera pas de la partie. Le champion piémontais avait initialement prévu de participer au Giro, mais il a changé d'avis et, après la crevaison malheureuse de Roubaix, il s'accordera un peu de répit avant de terminer sa préparation pour son premier Tour.
Le parcours
Deux contre-la-montre individuels d'une longueur totale de 42,3 kilomètres, six étapes de sprint, huit étapes de moyenne montagne et cinq étapes de haute montagne. Comme nous l'avons dit, la 108e édition du Giro d'Italia comptera 52 500 mètres de dénivelé total, même si l'on a l'impression que ce n'est pas le Giro le plus difficile de ces dernières années.
De Durres à Rome en passant surtout par Tirana, Sienne (avec ses routes blanches) et Pise avant le grand final avec Mortirolo (mais pas l'arrivée), San Valentino et Sestriere.
Mais voyons en détail les cinq étapes à ne pas manquer. Celles qui feront le spectacle et où, à notre avis, le Giro d'Italia 2025 pourrait se jouer.
10 mai : Tirana-Tirana, 13,7 kilomètres****
Dans une course aussi équilibrée, prendre un bon départ d'emblée, puis ne pas être obligé de se détacher de l'adversaire direct en montagne, peut s'avérer décisif. Il ne s'agit pas d'un contre-la-montre très long, mais d'un contre-la-montre pour spécialistes et qui, par conséquent, peut faire perdre quelques précieuses secondes à ceux qui ne le sont pas.

18 mai : Gubbio-Sienne, 181 kilomètres****
Les routes blanches reviennent sur le Giro. Dans les presque trente kilomètres de routes en gravier (29,5 kilomètres), divisés en cinq sections, nous verrons qui est prêt à se salir pour remporter la victoire finale.

20 mai : Lucques-Pise, 28,6 kilomètres*****
Deuxième et dernier contre-la-montre dont les caractéristiques sont très proches de celles du premier. Mais avec deux fois plus de kilomètres. Ce qui signifie que les écarts peuvent commencer à se creuser.

27 mai : Piazzola sul Brenta-San Valentino, 203 kilomètres*****
La première vraie grande étape du Giro d'Italia 2025. Mais elle aurait été beaucoup plus décisive s'il n'y avait pas eu une journée de repos entre l'arrivée à Asiago, deux jours plus tôt, et celle de San Valentino.

31 mai : Verrès-Sestrière, 205 kilomètres*****
Il y a fort à parier que tout se jouera à Sestriere ou sur le Colle delle Finestre, la Cima Coppi du Giro 2025, avec ses 8 kilomètres de graviers et, malgré tout, des pentes allant jusqu'à 12%. Une véritable garantie de douleur et de spectacle.
