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Roglic, Ayuso et la querelle des anciens et des modernes au Tour d'Italie

Ayuso et Roglic au Tour de Catalogne en mars.
Ayuso et Roglic au Tour de Catalogne en mars.GONGORA/NurPhoto via AFP
À 35 ans, Primoz Roglic peut devenir le plus vieux vainqueur de l'histoire du Tour d'Italie qui s'élance vendredi d'Albanie mais il devra contenir les ambitions dévorantes de la jeune génération incarnée par Juan Ayuso.

En l'absence de Tadej Pogacar, vainqueur sortant, Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel, qui ont l'œil déjà rivé sur le Tour de France, le Giro, premier grand Tour de l'année, s'annonce particulièrement indécis sur un parcours qui se durcit surtout en troisième semaine.

Les trois premiers jours en Albanie, dont un chrono de 13,7 km dans les rues de Tirana dès la deuxième étape, vont livrer de premières indications avant la longue remontée vers le nord de l'Italie en passant par Matera, Naples, Sienne et Pise.

Mais tout pourrait se jouer à la toute fin, lors des deux étapes de montagne terribles de Champoluc et Sestrières, à l'avant-veille et la veille du terminus à Rome le 1er juin.

"Ce n'est pas un Giro très difficile, mais il est très ouvert", synthétise Vincenzo Nibali, dernier lauréat italien, en 2016, du Giro dont il est aujourd'hui l'ambassadeur.

Le coureur qui présente le plus de références est Primoz Roglic, quadruple vainqueur de la Vuelta et couronné sur le Giro après avoir renversé Geraint Thomas dans les pentes délirantes du Monte Lussari à la veille de l'arrivée en 2023.

Roglic "en grande forme"

La brève incursion en Slovénie lors de la 14e étape pourrait encore donner des ailes au coureur de Red Bull plutôt discret depuis le début de saison. Mais sa victoire au Tour de Catalogne, 28 secondes devant Ayuso, a rappelé quel formidable coureur de courses par étapes il est : il en a gagné… 23 dans sa carrière !

"Nous savons que tous les regards seront braqués sur lui, mais Primoz est en grande forme et il est entouré d'une équipe très solide", souligne Rolf Aldag son directeur sportif qui aligne aussi l'Australien Jai Hindley, vainqueur du Giro en 2022, et le Colombien Dani Martinez, dauphin de Pogacar l'an dernier.

Éclipsé par Pogacar et Vingegaard sur le Tour de France, Roglic a l'occasion de devenir le plus vieux vainqueur du Giro de l'histoire, un honneur qui revient depuis 1955 à Fiorenzi Magni, vainqueur à 34 ans et 180 jours.

L'ancien sauteur à skis avance en chef de file d'un bataillon de trentenaires aux côtés des frères Adam et Simon Yates, Richard Carapaz, Mikel Landa ou Romain Bardet.

Le Français disputera, à 34 ans, son dernier grand Tour avant de raccrocher au Dauphiné et il visera d'abord une étape avant de penser au général.

Le principal concurrent de Roglic pour la victoire finale devrait être Juan Ayuso, le coureur le plus capé de la nouvelle génération. À seulement 22 ans, ce surdoué compte déjà 13 victoires, dont cinq cette année avec notamment le classement général de Tirreno-Adriatico.

Ayuso "impatient"

"Mon début de saison a été excellent et je suis impatient de courir le Giro pour la première fois. Je sens que j'ai un lien particulier avec l'Italie après avoir couru pour une équipe italienne (Colpak) avant de passer pro et avoir gagné le Baby Giro (la course espoirs) en 2021", souligne Ayuso qui peut devenir le premier Espagnol à remporter un grand Tour depuis Alberto Contador en 2015.

Il arrive à la tête d'une équipe UAE très forte avec le Britannique Adam Yates, qui a prolongé mercredi son contrat jusqu'en 2028 et peut aussi viser le podium, ainsi que le jeune prodige mexicain Isaac del Toro.

Pour les victoires d'étape, il y a du très beau monde avec Wout van Aert, Tom Pidcock, Mads Pedersen ou le jeune Français Paul Magnier.

Côté français, on suivra aussi David Gaudu qui a un peu tempéré ses ambitions après un printemps gâché par les chutes, mais qui espère briller en troisième semaine.

Comme souvent, la météo pourrait perturber l'épreuve placée tôt dans le calendrier, notamment dans les Alpes où la neige n'est jamais à exclure. L'arrivée finale sera jugée à Rome après une 21e et dernière étape où le Giro entrera dans le Vatican, en hommage au pape François.