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Bien sûr, on surveillera avec attention le dernier Tour d'Italie de Romain Bardet, qui rangera son vélo dans un mois lors du Critérium du Dauphiné. Bien entendu, David Gaudu peut viser, sur le papier, une bonne place au général. Bien évidemment, Nicolas Prodhomme, Anthony Perez, Quentin Pacher ou Dorian Godon pourraient se glisser dans une échappée et viser une victoire d'étape.
Mais au milieu du faible contingent français (14 seulement au départ du Tour d'Italie), une carte apparait comme "fiable" pour viser une victoire d'étape. Et c'est le plus jeune d'entre eux : Paul Magnier.
Attendu comme un futur grand, le Français va pourtant disputer son tout premier Grand Tour en Italie. Mais il a déjà fait suffisamment pour obtenir la validation de son équipe, la Soudal - QuickStep, qui a fait de lui le leader pour les sprints massifs alors que Luke Lamperti ou Ethan Hayter sont alignés - et vont donc probablement lui servir de train. Une sacrée marque de confiance.
Il faut dire que la formation belge n'est pas dans sa meilleure forme. 13 victoires, certes, cette saison, mais sept d'entre elles par la grâce du seul Tim Merlier, peut-être le meilleur sprinteur du monde actuellement, mis au frigo pour le Tour de France. Certes, l'absence de Remco Evenepoel jusqu'à mi-avril n'a pas favorisé les desseins de la Soudal, mais puisque Mikel Landa semble trop juste pour viser le podium, autant jouer la carte Magnier.
Un choix qui peut toutefois soulever quelques questions. Désormais membre à part entière de l'équipe pro, il avait fait parler de lui sur le Tour de Grande-Bretagne 2024, raflant pas moins de trois étapes ! Mais il faut le dire, le plateau n'était pas de qualité, car dominer Ethan Vernon ou Erlend Blikra n'est pas une performance majeure.
L'avantage majeur de Magnier, néanmoins, c'est qu'il passe bien les bosses. Et sur des arrivées quelque peu "punchy", il peut tirer son épingle du jeu. C'est d'ailleurs dans ces conditions qu'il a décroché sa seule victoire en 2025, lors de la première étape de l'Étoile de Bessèges, sortant vainqueur d'une bosse finale assez rude pour devancer notamment Jordi Meeus (Red Bull - BORA - hansgrohe), vainqueur d'étape sur les Champs-Élysées entre autres choses.
La suite ? Deuxième de la Figueras Classic, de l'Omloop Nieuwsblad et du Samyn. Une découverte italienne sur Tirreno-Adriatico, puisque quelques courses par-ci, par-là, mais clairement, il a été préservé pour l'objectif Giro. En effet, Merlier n'est pas le seul à se préserver pour le Tour de France, d'autres poids lourds du sprint comme Jasper Philipsen ou Jonathan Milan ont fait le même choix, et le plateau de sprinteurs, sans être ridicule, n'est pas des plus impressionnants.
Outre les cas Wout Van Aert (Team Visma | Lease a Bike) et Mads Pedersen (Lidl - Trek), capables de sortir vainqueurs de sprints massifs mais qui auront peut-être d'autres desseins, la concurrence se matérialise d'abord par deux noms : Kaden Groves (Alpecin - Deceuninck) et Olav Kooij (Team Visma | Lease a Bike). Le premier est sans doute le favori n°1 de par son expérience sur les Grands Tours, mais n'a que peu couru (et pas gagné) cette saison, alors que le deuxième va d'abord devoir s'imposer en interne, et revient de plus d'une fracture de la clavicule contractée fin mars.
Hormis ces gros noms ? Matteo Moschetti (Q36.5 Pro Cycling Team) a déjà gagné quatre fois cette saison, mais jamais sur un Grand Tour. La remarque vaut également pour Max Kanter (XDS Astana Team), vainqueur de la Famenne ce samedi, ou Casper van Uden (Team Picnic PostNL). Le danger pourrait plutôt venir de Milan Fretin (Cofidis), excellent cette saison, ou du vétéran Sam Bennett (Decathlon AG2R La Mondiale Team), ancien maillot vert du Tour de France et déjà 10 fois vainqueur sur des Grands Tours.
Mais parmi tous ces noms, aucun, sur le papier, n'est de nature à faire peur à Paul Magnier. Bien sûr, il faut prendre en compte l'inexpérience du Français à ce niveau de compétition. Un premier sprint massif sur un Grand Tour, c'est un moment forcément particulier, et on peut avoir des doutes sur sa capacité de placement. À ce titre, la présence d'Ethan Hayter peut être cruciale pour naviguer, même si le Tricolore a déjà montré qu'il n'avait pas peur de jouer des coudes. Ce qui lui a déjà valu plusieurs chutes, notamment sur Tirreno-Adriatico en mars.
Mais qu'importe. Ce Tour d'Italie sera forcément formateur pour un coureur de sa trempe, qui est attendu comme un Top 5 sprinteur mondial d'ici trois ans. Certes, il existera un peu de pression liée à la confiance apportée par son équipe, mais un Luke Lamperti pourra prendre la relève si besoin. Car il faut penser à la suite, et bien évidemment, si un sprinteur tricolore fait montre de talent sur un Grand Tour, on aura envie de le voir sur le Tour de France, histoire de retrouver une forme de souveraineté dans un domaine, à défaut de gagner la Grande Boucle.
À seulement 21 ans, Paul Magnier soulève déjà bien des espoirs dans un cyclisme français en mal de champions. Thibaut Pinot est parti, Romain Bardet va s'en aller, les meilleures années de Julian Alaphilippe sont derrière lui, et si un Lenny Martinez a montré son talent en Romandie, plus il y aura de champions, mieux le cyclisme tricolore se portera. C'est peut-être le principal enjeu pour lui finalement : montrer qu'il peut un jour être un grand. Et ça passe par les routes italiennes...