Tom Pidcock est double champion olympique de VTT et champion du monde de cyclo-cross, il a gagné en haut de l'Alpe d'Huez et triomphé sur les Strade Bianche et l'Amstel Gold Race. Il n'a plus grand-chose à prouver alors qu'il n'a que 25 ans, si ce n'est à lui-même. Et pour cela, il faut prendre des risques, quitte à s'affranchir. Alors après 4 saisons chez INEOS-Grenadiers, le natif de Leeds a claqué la porte, et la fin de l'histoire n'a été guère brillante avec un forfait forcé sur le Tour de Lombardie où il avait pourtant affiché ses ambitions.
Sur la pente ascendante
Avec un tel palmarès, Pidcock pouvait monnayer son talent à peu près partout et à prix d'or. Pourtant, il a surpris : à la manière de Julian Alaphilippe avec Tudor, il a choisi de signer chez Q36.5, une Pro Race Team, soit l'équivalent d'une deuxième division. Autrement dit, il devient "franchise player" de sa nouvelle formation qui dispose néanmoins de profils réputés comme Gianluca Brambilla, Giacomo Nizzolo ou David de la Cruz pour l'appuyer.
Accompagné de son frère Joseph, de 3 ans son cadet, Pidcock est assuré d'avoir une équipe entièrement à son service alors qu'il avait la sensation de ne pas être considéré à sa juste valeur chez INEOS. Q36.5 ne le regrette pas car les résultats sont déjà là. Aligné sur l'AlUla Tour en Arabie Saoudite, l'Anglais a remporté le général et deux étapes. Sur le Tour d'Andalousie, il s'est adjugé la 2e étape et la 3e place du général. Avec davantage de réussite, peut-être aurait-il pu raccorder le wagon de tête dans le final du Het Nieuwsblad qu'il a achevé à une 38e place anonyme, pour 5 petits points UCI.
Car la question est aussi là pour des équipes de ce rang : bien choisir sa tête d'affiche pour progresser au classement. C'est souvent à quitte ou double, donc mieux vaut ne pas se tromper. Pour Q36.5, le risque était modéré, voire totalement inexistant vu l'envergure du bonhomme. En 11 jours de course, Pidcock a déjà rapporté 317 points. Un bon début au moment où débute un séjour italien de 2 semaines avec les Strade Bianche, Tirreno-Adriatico et Milan-San Remo. Au terme de ce premier bloc de compétition, il sera pour un mois en préparation avant d'effectuer son retour sur les Ardennaises où il nourrira de grands espoirs, lui qui a remporté la Flèche Brabançonne en 2021 et est le vainqueur sortant de l'Amstel Gold Race.
Expert des trajectoires, capable de se faire oublier et ne nécessitant pas une garde protégée plétorique, Pidcock fait partie de l'élite mondiale sur route, à l'aise sur tous les terrains, hormis peut-être sur les Flandriennes où son physique de poids plume le limite considérablement sur les pavés.
Mais sur ses courses de ses terrains de prédilection, la bataille avec Tadej Pogacar débute en Toscane ce samedi avec, en perspective, l'imprévisible Primavera dans deux semaines, une course où son statut d'outsider pourrait lui permettre d'accrocher son premier Monument. Et accessoirement lui donner raison quant au virage osé qu'il a voulu prendre il y a quelques mois.