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Les années passent, et Paris-Roubaix reste un indémodable rendez-vous. Le troisième Monument de la saison proposait cette année une guerre des étoiles entre le double tenant Mathieu van der Poel (Alpecin Deceuninck), Wout Van Aert (Team Visma | Lease a Bike), Mads Pedersen (Lidl-Trek) et Tadej Pogačar (UAE Team Emirates - XRG) pour sa grande première sur l'Enfer du Nord.
En attendant la grande bataille, on en a vu une autre, pour prendre l'échappée. Kim Heiduk (INEOS Grenadiers), Oier Lazkano (Red Bull - BORA - hansgrohe), Markus Hoelgaard (Uno-X Mobility), Jonas Rutsch (Intermarché - Wanty), Max Walker (EF Education - EasyPost), Jasper De Buyst (Lotto), Rory Townsend (Q36.5 Pro Cycling Team) et Abram Stockman (Unibet Tietema Rockets) ont fini par prendre la tangente.
Le peloton a laissé filer cette échappée, pas forcément dangereuse sur le papier, mais composée de bons rouleurs. Mais bien évidemment, on attendait les premiers secteurs pavés pour avoir le début du spectacle. Avec une chute sans gravité pour Jasper Stuyven (Lidl-Trek) et Jasper Philipsen (Alpecin Deceuninck), et un changement de vélo pour Filippo Ganna (INEOS Grenadiers). Ces trois-là allaient devoir cravacher un bon moment pour rentrer.
Les équipes de favoris prenaient alors le manche à 150 km de l'arrivée, alors que les chutes arrivaient toujours, Alexander Kristoff (Uno-X Mobility) et Edward Theuns (Lidl-Trek) étant parmi les victimes. Nils Pollitt (UAE Team Emirates - XRG) secouait le peloton, mais il était encore tôt pour la grande bataille. Tout le monde n'attendait qu'une chose : la Trouée d'Arenberg.
Sauf que... Mads Pedersen haussait le ton dans le secteur précédent, celui d'Haveluy, puis c'est Tadej Pogačar qui accélérait à son tour. À 100 km de l'arrivée, les favoris se montraient déjà. Arenberg s'annonçait monstrueux, l'échappée l'abordait de peu en tête, Pogačar faisait le tempo puis c'est van der Poel qui prenait la tête. Le peloton ressortait de ce lieu mythique totalement morcelé.
Mais VDP ne voulait pas s'arrêter là, ni Pedersen, puisque Van Aert était légèrement décroché, et tant qu'à faire, autant ne pas le laisser rentrer. Les attaques se multipliaient, et un groupe de 5 se détachait : Pogačar, Pedersen, van der Poel, Jasper Philipsen et Stefan Bissegger (Decathlon AG2R La Mondiale Team). Et on voyait mal un autre que ces cinq-là s'imposer sur le Vélodrome.
La course semblait basculer à 70 km du terme au moment ou Pogačar en remettait une alors que Pedersen crevait et perdait ses illusions, tout comme Bisseger. Seul VDP suivait le champion du monde, mais Philipsen parvenait à recoller et le Slovène se retrouvait piégé avec deux Alpecin. Pris en tenaille, on se demandait alors comment Pogačar allait négocier la suite.
On attendait des attaques dans le redoutable secteur de Mons-en-Pévèle. Pogačar faisait le tempo, VDP répliquait et Philipsen payait les pots cassés, laissant arriver le duel que tout le monde voulait voir. Le Slovène accélérait encore et encore, mais partait à la faute dans un virage, avec une chute sans gravité puis un déraillage, et quand il repartait, il avait perdu 20 secondes dans l'affaire.
Difficile de boucher à la pédale un tel écart sur un coureur comme van der Poel. Le Slovène revenait à 13 secondes, mais butait et se mettait à perdre inexorablement du temps, avant qu'une crevaison n'achève pour de bon ses espoirs. Tadej Pogačar avait payé cher pour apprendre, et terminer deuxième pour sa première participation restait une performance hallucinante, mais nul doute qu'elle sera teintée de déception.
Devant, Mathieu van der Poel se faisait une frayeur dans le dernier point chaud, le Carrefour de l'Arbre, avec une crevaison heureusement parfaitement négociée et qui n'allait rien changer au résultat final. Après Octave Lapize et Francesco Moser, le Néerlandais devenait le troisième coureur de l'histoire à remporter trois fois consécutivement Paris-Roubaix. Une pierre de plus pour sa légende, avec ce huitième Monument en carrière, ce qui lui permet d'égaliser avec Pogačar et de confirmer que l'Enfer du Nord est devenu son paradis !