Deuxième l'an dernier, le grimpeur auvergnat, qui prendra sa retraite en juin, a préparé le Monument ardennais en courant toute la semaine le Tour des Alpes où il a pris la dixième place du général.
"Je préfère ça à moisir une semaine dans un hôtel à Liège. Cet enchaînement a vraiment du sens pour moi sachant que Liège est la seule course qui vaut vraiment la peine pour moi de faire le déplacement en Belgique", a expliqué le coureur de la formation Picnic ce samedi en marge de la présentation des équipes sous un magnifique soleil dans la cité ardente.
La recette qu'il a testée plusieurs fois dans sa carrière, pendant que la plupart des autres coureurs préfèrent s'échauffer à la Flèche Wallonne, fonctionne bien. "Souvent je ne me sens pas super lors des deux premières heures de course mais sur le final, cette grosse semaine me sert pour ma résistance."
Après un début de saison retardé par une chute au Tour d'Algarve, le vétéran de 34 ans dit se sentir "un peu moins bien" que l'année dernière où il avait pris une magnifique deuxième place derrière Pogacar et devant Mathieu van der Poel. "J'ai peu couru cette saison, ça a été dur le Tour des Alpes. Je sens que je manque de rythme de compétition encore", dit-il.
"Anticiper et survivre"
Mais cela ne veut pas dire qu'il débarque sans ambitions sur une de ses courses de prédilection où il compte cinq Top 10 en dix participations, avec un autre podium en 2018 (3e).
"Le vrai enjeu ici, c'est d'essayer de tirer son épingle du jeu du groupe de vingt coureurs qui ont à peu près le même niveau derrière Pogacar et Evenepoel et dans lequel j'espère me trouver", souligne Bardet.
Pour exister sur la Doyenne, "c'est à la fois physique et tactique. Parce qu'il faut d'abord réussir à anticiper, par exemple juste après la Redoute, un endroit clé qui est marqué au fer rouge par tous les leaders de chaque équipe. Et ensuite survivre dans la Roche-aux-Faucons. C'est là où se situe le vrai enjeu."
Comme la plupart de ses collègues interrogés samedi, il ne se fait pas trop d'illusions : les deux premières places du podium paraissent, sauf accident ou incident, réservées à Pogacar et Evenepoel.
"La Redoute est tellement exigeante qu'elle classe vraiment les coureurs dans leur ordre physique. Quand ça déclenche avec Pogacar, on voit que ça va à une autre vitesse."
"Une excitation particulière"
Lui-même est curieux de voir ce que va donner ce duel entre les deux anciens doubles vainqueurs qui ne se sont encore jamais vraiment affrontés sur ce parcours.
"Ça fait de nombreuses années que les observateurs attendent cette bataille homérique. Je pense qu'ils vont être assez forts pour éliminer tout le monde dans la Redoute ou juste après et rouler jusqu'à la Roche-aux-Faucons et se départager là ou au sprint sur les quais ici à Liège."
Sans verser dans la nostalgie, Bardet veut aussi profiter de sa dernière Doyenne.
"C'est toujours une ambiance super particulière avec tous ces lieux clés à partir du moment où on tourne à Bastogne. Il y a toujours une excitation particulière. Et puis de toute façon, à partir (des côtes) de Wanne-Stockeu-Haute-Levée, je saurai si je peux faire un résultat ou non."
"J'espère, ajoute-t-il, que ce sera le cas cette année. Sinon, j'ai aussi Warren (Barguil) et Oscar (Onley) avec moi. Ce qui compte c'est d'apporter quelque chose et aussi de transmettre."