Une fois n'est pas coutume sur cette Vuelta, la journée s'est déroulée sans incident côté manifestations propalestiniennes alors que les coureurs, échaudés par les événements des derniers jours, avait décidé lors d'un vote tenu au départ de l'étape de neutraliser la course en cas de nouvelles perturbations.
La plupart des militants propalestiniens se sont regroupés à Ponferrada pour une manifestation pacifique peu avant le pied de la dernière ascension. Le peloton a pu passer sans encombre avant de reprendre les derniers échappés et d'attaquer le terrible Morredero (8,8 km à 9,7 % de moyenne), dont le caractère intimidant a encore été renforcé par la noirceur de sa dernière partie, ravagée par les incendies cet été.
Au pied de la montée, les cloches du monastère ont sonné au passage des coureurs et rapidement les six plus forts se sont isolés sous l'impulsion de Jai Hindley, le leader de Red Bull Bora, déterminé à déboulonner Tom Pidcock de la troisième place du podium.
L'Australien, mis sur orbite par son sherpa de luxe Giulio Pellizzari, a accéléré à six kilomètres de l'arrivée dans les pourcentages les plus abrupts.
Le maillot rouge Jonas Vingegaard, son dauphin Joao Almeida et le jeune Américain Matthew Riccitello ont été les seuls autres leaders à suivre sous un vent soufflant fort.
À la veille du contre-la-montre potentiellement décisif de 27 km jeudi à Valladolid, il était alors tentant pour Vingegaard, sur un terrain à son avantage, de consolider son avance de 48 secondes sur Almeida au classement général.
Vingegaard "pas au top de sa forme"
Mais le Danois s'est contenté de rester dans les roues pour terminer quatrième de l'étape, parvenant seulement à grappiller deux secondes à l'arrivée à son dauphin portugais, cinquième sur la ligne après avoir comme d'habitude lissé son effort.
"Le plan était d'attaquer, mais Jonas n'était pas aussi fort qu'espéré. Il n'est pas au top de sa forme. Mais il est toujours en rouge", a commenté Grischa Niermann son directeur sportif chez Visma.
"Je ne me sentais pas à 100 %, mais j'ai préservé l'essentiel, il fallait survivre aujourd'hui", a confirmé Vingegaard qui se ressent de la fatigue du Tour de France qu'il avait terminé deuxième derrière Tadej Pogacar fin juillet.
Vingegaard en petite forme, Almeida de son propre aveu "pas terrible non plus, on est tous fatigués", c'était l'occasion pour Pellizzari de frapper le plus grand coup de sa carrière.
Malgré l'énorme travail abattu pour Hindley, le jeune Italien de 21 ans a encore trouvé la force pour attaquer à 3,5 km du sommet et aller décrocher, en solitaire, le premier succès de sa carrière professionnelle qui s'annonce radieuse.
Déjà sixième du Giro en mai, le grimpeur élancé de San Severino a par la même occasion conforté sa cinquième place au général et son maillot blanc de meilleur jeune. Il a devancé pour 16 secondes Tom Pidcock qui a défendu sa place sur le podium et de 18 secondes son leader Hindley, quatrième au général.
"On a roulé plein gaz dans la vallée pour essayer de détruire Pidcock. Dans les trois derniers kilomètres, je me suis dit que le moment était venu pour moi d'y aller. C'est le plus beau jour de ma carrière", a expliqué l'Italien.