Lauréate du Tour de France femmes, Pauline Ferrand-Prévot est logiquement favorite et bien entourée, mais la colonie néerlandaise reste très menaçante, et les outsiders nombreuses. 11 ans après Ponferrada, PFP peut-elle remonter sur le toit du monde ?
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C'était il y a 11 ans. Pauline Ferrand-Prévot débutait son triptyque de maillots arc-en-ciel en devenant championne du monde sur route à Ponferrada. La Française allait ensuite faire de même en cyclo-cross et en VTT, une aventure qui a énormément compté dans sa légende.
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Comme cette saison, en somme. De retour sur la route, on se demandait forcément ce qu'elle allait faire, à 33 ans. Et on n'a pas été déçus. Qui aurait pu prédire, avec tout l'optimisme du monde, que "PFP" allait remporter dès son retour Paris-Roubaix et le Tour de France femmes ?
Ainsi, ce samedi à Kigali, elle pourrait accomplir un triplé unique, qui renforcerait sa place au Panthéon du cyclisme. Néanmoins, l'entreprise s'annonce compliquée, car la concurrence s'annonce incroyable.
Une pour toutes, toutes pour PFP
Aucun doute bien sûr : Pauline Ferrand-Prévot est la leader de l'équipe de France, qui a été construite pour l'entourer au maximum.
La sélection française : Pauline Ferrand-Prévot, Maëva Squiban, Juliette Labous, Cédrine Kerbaol, Evita Muzic, Marie Le Net, Léa Curinier.
Labous est une coureuse de top niveau, qui serait leader dans d'autres sélections. Marie Le Net est une parfaite capitaine de route malgré son statut de championne de France. Toutes les autres sont des coureuses de bon niveau, capables de supporter le poids de la course.
Et il faudra bien ça, car le parcours est salé. Un dénivelé total de 3350 mètres, et deux côtes à parcourir 11 fois, la côte du golf de Kigali (800m à 8,1 %) et la montée de Kimihura (1,3 km à 6,3 %). On a vu, sur les courses jeunes, que cette montée est sacrément usante, et qui plus est positionnée juste avant le passage sur la ligne.

Sur ce qu'elle a montré cet été dans les Alpes, rien ne fera peur à PFP. Mais elle a déjà connu deux pics de forme, en avril et en juillet-août, et reste à savoir si elle en aura un troisième. Un point de vue bien sûr discutable, tant l'expérience de la Française lui permettra sans doute de combler un léger déficit physique. Qui plus est, la maestria avec laquelle elle a remporté la Grande Boucle laisse la place à un optimisme béat. Mais comme souvent, il faudra composer avec un rival encombrant.
Problèmes de riches aux Pays-Bas
Les Pays-Bas, nation majeure du cyclisme féminin, mais qui n'ont remporté qu'une seule des quatre dernières éditions. Et encore, via Annemiek van Vleuten, désormais retraitée, lauréate d'une édition rocambolesque en Australie via le sabordage de l'échappée. Double tenante du titre, la Belge, Lotte Kopecky a renoncé à tenter le triplé, effrayée par la difficulté du parcours.
Sur le papier, la voie est libre. Mais qui de mieux pour battre les Néerlandaises... que les Néerlandaises ? Une leader unique sera-t-elle choisie, ou les Pays-Bas seront-ils incapables de trancher entre Demi Vollering et Anna van der Breggen ?
La première, passée chez FDJ-Suez, a sorti une belle saison, remportant le Tour d'Espagne, les Strade Bianche, le Tour du Pays Basque, le Tour de Catalogne. Mais elle a échoué sur le Tour de France pour la deuxième année consécutive, ce qui vient écorner son statut de meilleure coureuse du monde encore incontestable l'an dernier.
La deuxième, légende de son sport, est revenue sur le vélo, après des années à s'ennuyer comme directrice sportive... de Vollering. Une seule victoire sur une étape du Tour d'Espagne, mais une capacité toujours incroyable à jouer les premiers rôles à 35 ans, et surtout, elle a devancé sa compatriote sur le contre-la-montre dimanche. Cerise sur le gâteau : elle a gagné deux fois le maillot arc-en-ciel par le passé. Suffisant pour être l'atout maître ?
Et les autres dans tout ça ?
L'Italie n'a gagné qu'un seul titre mondial depuis 2011. L'éternelle Elisa Longo Borghini, trois fois troisième des Mondiaux sur route (la première fois en 2012, la dernière en 2024 !) est à la tête d'une équipe prometteuse, avec la révélation Monica Trinca Colonel et Silvia Persico en parfaites lieutenantes. Sur le papier, elle a remporté le Giro, fait une saison de haut niveau avec six victoires, mais elle aussi a totalement failli sur le Tour de Flandres, et n'est pas la meilleure sur une arrivée groupée. Difficile de l'exclure de la lutte pour le podium cependant.
Mais l'attraction sera bien évidemment Kimberley Le Court. La Mauricienne a totalement explosé en cette année 2025, avec notamment un triomphe sur Liège-Bastogne-Liège, et une étape du Tour de France femmes, dont elle a porté le maillot jaune. Tout-terrain, rapide au sprint, elle a beaucoup d'armes pour remporter le titre mondial... sauf son équipe, quasiment inexistante. Logique pour une "petite" nation du cyclisme, mais possiblement rédhibitoire pour une telle course.
Reste le facteur X de la course : Marlen Reusser. À 34 ans, la Suissesse n'a jamais été aussi forte. The Flying Elephant a remporté le Tour de Burgos, le Tour de Suisse, et surtout, elle a enfin été sacrée championne du monde du contre-la-montre, sa spécialité. Et mercredi, elle aurait pu faire le doublé sur le relais mixte, sans une crevaison qui a clairement plombé son équipe.
Des jambes de feu, un élan né de son maillot arc-en-ciel, et donc la possibilité de faire le premier doublé contre-la-montre - course en ligne depuis... Anna van der Breggen en 2020. Mais surtout d'aller chercher le premier titre suisse depuis Barbara Heeb en 1996. L'histoire en ligne de mire donc, alors que quelques autres, dont la lauréate du Tour de France femmes 2024 Kasia Niewiadoma, Liane Lippert ou l'inusable Mavi García peuvent jouer un rôle. Néanmoins, pour toutes ces filles, la cible est évidente, et elle s'appelle Pauline Ferrand-Prévot.