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Comme Neymar, les stars sud-américaines rentrent au bercail

Neymar avec Santos cette semaine.
Neymar avec Santos cette semaine.MARINA UEZIMA/Brazil Photo Press via AFP
Philippe Coutinho, Radamel Falcao, Arturo Vidal... et maintenant Neymar. Elles sont nombreuses les stars sud-américaines des quinze dernières années qui ont choisi de vivre dans leur pays le crépuscule de leur carrière, autant de retours qui redonnent aussi un peu de lustre – et de finances – aux compétitions nationales.

Neymar (33 ans) est l'exemple le plus frais et le plus spectaculaire d'une tendance qui s'est renforcée ces dernières années : le rapatriement de vedettes vieillissantes, pour compenser un peu les ventes précoces des jeunes talents en Europe.

Neymar a parlé de ses retrouvailles avec Santos, le club qui l'a formé, de "sauvetage du football". Il n'a pas caché non plus son désir de se sentir à nouveau adulé après un passage à Al-Hilal en Arabie Saoudite gâché par les blessures, et des années d'amour vache avec le Paris Saint-Germain.

"Je suis venu à la recherche de mon bonheur, qui est de jouer au football", a lancé l'ancien Barcelonais lors de sa présentation. Il espère aussi retrouver son niveau pour disputer la Coupe du monde 2026 avec la Seleção.

"Décrocher des sponsors"

Neymar a signé un contrat de six mois au Peixe, de retour en première division, mais en grande difficulté économique. En attendant de le juger sur le terrain, son impact est déjà net. En une semaine, Santos a gagné plus de 21 000 nouveaux abonnés et 1,7 million de suiveurs supplémentaires sur les réseaux sociaux en janvier, selon le cabinet Ibope Repucom, spécialisé dans l'analyse des stratégies marketing.

Ce "boom" rappelle la "Suarezmania" provoquée par l'arrivée de Luis Suárez au Gremio Porto Alegre en 2023, trois mois après que l'Uruguayen a reconquis le titre de champion avec le Nacional Montevideo, son club formateur.

Le "Pistolero", ancien de l'Ajax, de Liverpool ou du Barça, a depuis rejoint l'Inter Miami de Lionel Messi. Mais avec lui, le Gremio a bien vendu son beau maillot ciel, blanc et noir et terminé deuxième du championnat. Suarez a été élu meilleur joueur du Brasileirao.

Les Millonarios de Bogota aussi ont fait des affaires avec le retour du "Tigre" Falcao en 2024. La mairie de la ville estime que sa signature a fait rentrer 13 millions de dollars dans les commerces de la capitale. L'impact des vieilles gloires est donc aussi économique.

"Les clubs ont besoin de ces grands noms pour réveiller la passion des supporters", explique à l'AFP Nicolás Samper, auteur du livre Le rêve du tigre, racontant le retour de Falcao (38 ans) aux Millonarios, qu'il avait quittés à 15 ans, d'abord pour River Plate avant d'évoluer à l'Atlético de Madrid, Monaco ou Manchester United.

"Les dirigeants savent qu'avec ces gros chiffres (d'abonnés et de suiveurs) il est aussi plus facile de décrocher des sponsors et des accords", ajoute Samper.

"Ton rêve et le mien" 

Si Neymar cherche le retour du grand amour et de la grande forme, d'autres stars sont revenues en Amérique du Sud pour préparer leur retraite sportive dans leur club formateur, comme Fernandinho (Atlético Paranaense) et Coutinho (Vasco da Gama), ou de cœur, comme David Luiz (Flamengo), Marcelo (qui a annoncé sa retraite jeudi) et Thiago Silva (tous deux à Fluminense).

"Tu vas réaliser ton rêve et le mien en portant ce maillot", a écrit le père du capitaine de la Seleção Danilo, José Luiz, dans une lettre émouvante à son fils de 33 ans, après sa signature la semaine dernière avec Flamengo, dont ils sont tous deux fans.

À l'image des Brésiliens, d'autres sont rentrés pour raisons sentimentales. Cela a aussi été le cas de Colombiens comme Adrián Ramos (America Cali), Carlos Bacca (Junior Barranquilla) et David Ospina (Nacional Medellin), ainsi que de l'Uruguayen Sebastián Coates (Nacional Montevideo), des Chiliens Arturo Vidal (Colo Colo) et Gary Medel (Universidad Catolica) et des champions du monde argentins Germán Pezzella et Marcos Acuña, nouveaux renforts de River Plate.

"Ils n'ont pas besoin d'être des héros éternels", écrit Tostão, champion du monde avec Pelé en 1970, dans le journal Folha de Sao Paulo. "La gloire est éphémère, ils ont besoin de vivre avec harmonie, volonté et plaisir."