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"Une génération qui peut être la meilleure du monde", affirme Gabby Williams

Gabby Williams avec l'équipe de France.
Gabby Williams avec l'équipe de France.LAURENT LAIRYS/Laurent Lairys/DPPI via AFP
L'équipe de France féminine de basket peut compter sur "une génération qui croit qu'elle peut être la meilleure du monde", a déclaré à l'AFP Gabby Williams, tête de gondole des nombreuses Bleues présentes avec leurs clubs à Saragosse pour les demi-finales de l'Euroligue.

"On a envie de prouver que ce qui s'est passé l'été dernier (aux Jeux de Paris-2024) n'était pas un accident, qu'on est vraiment la meilleure équipe européenne", ajoute-t-elle à propos de l'Euro 2025 (18-29 juin).

Nous vous avions quittée sur la défaite en finale olympique contre les Etats-Unis (66-67), après laquelle vous aviez refusé d'évoquer votre tir au buzzer, malheureusement insuffisant pour arracher la prolongation. Nous vous retrouvons avec le maillot du Fenerbahçe. Est-ce un souvenir toujours douloureux ?

"Ce n'est pas douloureux, cela ne l'a jamais été. Sur le moment, vous étiez la quatrième personne peut-être à me poser cette question déjà ! (Rires) C'était plus une question de timing qu'une volonté de ne pas parler du tout de ce tir. Tout le monde ne parle que de cette action alors qu'il y en a eu 50 000 pendant le match. Mais c'est le sport : le public retient ce type d'action, et pas les petits détails sur lesquels on aurait pu être meilleures, telle défense, tel scouting (étude des adversaires). Mais au final je suis contente : on joue pour donner des souvenirs aux gens. Si les gens, en pensant à Paris 2024, ont l'image de moi, de notre volonté, de nos efforts, je suis contente."

Avez-vous un regret sur ce tir ?

"Pas sur cette action. C'est un tir que tu ne peux pas trop contrôler. Mais, comme je l'ai dit, il y a 50 000 actions que j'aurais jouées différemment pendant ce match : tu te dis 'Pourquoi on n'a pas fait ça ?', 'Et si on avait fait ça ?' Mais je suis sûre que les Américaines pensent comme ça aussi, c'est le basket."

Avez-vous le sentiment d'être entrée dans le coeur des Français lors de cette finale épique ?

"Oui. Et c'est le plus important pour moi, plus que la médaille. Le basket féminin est sur une bonne dynamique en France, pas seulement grâce à nous, mais ce qu'on a fait cet été a beaucoup compté."

Mais vous personnellement ?

"C'est difficile de parler de mon cas personnel car c'était vraiment un travail collectif. Je suis peut-être l'image (de l'équipe de France féminine de basket sur ces JO, ndlr) mais grâce à mes équipières, le staff, ma famille."

Vous avez joué en WNBA après cette finale. Le regard des Américaines sur les Françaises a-t-il changé ?

"Oui, maintenant il y n'a que du respect pour nous, qu'on voyait déjà chez les garçons. Elles sont impressionnées par ce qu'on a fait cet été, ça fait plaisir."

"Rester dans la conversation"

Les Françaises seront encore plus nombreuses à jouer en WNBA la saison prochaine...

"Je pense que ça va faire grandir la sélection. On le voit avec les Belges, si fortes car elles jouent toutes dans les grands clubs européens, pas dans leur championnat national. Jouer tout le temps face aux meilleures joueuses du monde en WNBA va nous aider. Comme cela a aidé les garçons de jouer beaucoup en Euroligue et en NBA. Car le jeu aux Etats-Unis est très différent, il faut qu'on apprenne à le jouer."

Avant cela, il y a l'Euro avec les Bleues à partir du 18 juin. Savez-vous quand vous serez libérée par votre franchise WNBA (Seattle) pour rejoindre la préparation ?

"Non. Aimé (le sélectionneur, Jean-Aimé Toupane, ndlr) a dit qu'il allait respecter (les contraintes des joueuses) et il comprend que chacune est dans une situation différente, en fonction de son contrat et de sa franchise. Il a dit qu'il allait voir au cas par cas et qu'il allait continuer à parler avec les franchises. Je sens qu'il a appris du précédent Euro (2023, marqué par la non-sélection de Marine Johannès qui voulait prendre la préparation en cours, ndlr), qu'il fallait plus de communication. Cela doit vraiment être compliqué pour lui, je ne suis pas envieuse de sa situation : je l'ai vu là (à Saragosse) et je ne sais pas quoi lui dire. C'est dur pour lui et pour nous. On a des contrats à respecter et en même temps on veut vraiment gagner cette année."

Le titre européen après lequel la France court depuis 2009 est-il obligatoire ?

"Comme à chaque fois. Mais cette année peut-être encore un peu plus : on a envie de prouver que ce qui s'est passé l'été dernier n'était pas un accident, qu'on est vraiment la meilleure équipe européenne. On veut rester dans la conversation sur les meilleures équipes du monde."

Les Bleues abordent-elles désormais toutes les compétitions avec un état d'esprit différent, uniquement pour les gagner ?

"Oui. Cela ne fait que quatre ans que je suis en équipe de France mais j'ai déjà vu une évolution incroyable : (en 2021), on venait de perdre pour la cinquième fois en finale de l'Euro, et les joueuses n'étaient pas tristes ni en colère. Ça ne m'allait pas, mais j'étais la nouvelle donc je n'ai rien dit. Ça a changé : l'été dernier on était tellement déçues de perdre contre les Etats-Unis... On a une génération qui croit qu'elle peut être la meilleure du monde."