Même si le tabou a déjà été brisé, cette Serbo-Australienne de 31 ans demeure une des rares femmes dans le monde à diriger des hommes dans un sport collectif, qui plus est en première division, et en tant que coach principal. Elle dirige l'équipe de Fortaleza, ville du nord-est du Brésil.
"C'est un grand honneur et une responsabilité (...). J'ai conscience du poids que cela représente, d'ouvrir la porte à d'autres femmes, et c'est cela qui me motive au quotidien", dit-elle à l'AFP après un entraînement de son équipe.
Arrivée au Brésil en août, elle prépare la saison du NBB, championnat d'élite du basket masculin dans le grand pays sud-américain, qui débute le 18 octobre. Un sacré chantier l'attend pour relancer une équipe qui a terminé en dernière position la saison dernière.
"Je ne veux pas seulement être la première femme. Je veux laisser une trace, faire en sorte que l'équipe et les joueurs s'améliorent, que mes résultats parlent d'eux-mêmes", lance la jeune entraîneure, regard direct et queue de cheval.
"Mission accomplie"
Jelena Todorovic a joué un temps à l'Étoile rouge de Belgrade, club phare de son pays natal, mais elle s'est reconvertie en tant que coach avant ses 20 ans.
Elle a exercé notamment sur les bancs en Australie, avant d'entrer dans le staff technique d'équipes nationales masculines, comme la Grèce, où elle a dirigé la star Giannis Antetokounmpo, double MVP en NBA.
Et c'est des États-Unis que vient sa principale source d'inspiration : Becky Hammon, adjointe de Gregg Popovich aux San Antonio Spurs (2014-2021) et première à intégrer un staff technique à temps plein dans la prestigieuse ligue nord-américaine. Le 30 décembre 2020, elle était devenue le temps d'un match la première – et seule à ce jour – coach principale en NBA, en remplaçant "Pop" après son exclusion lors d'un match contre les Los Angeles Lakers.
"Je suis ici grâce à des femmes comme elle (...). Quand j'étais petite, je n'avais pas beaucoup de gens à qui m'identifier, et le fait de la voir à ce niveau m'a donné une motivation en plus pour aller au bout de mes rêves", raconte Jelena Todorovic.
Au Brésil, c'est elle qui joue le rôle de pionnière. "C'est toujours plus facile de réaliser que c'est possible quand on voit quelqu'un qui nous ressemble y parvenir (...). Si j'arrive à inspirer une fille à suivre mon exemple, ce sera mission accomplie."
Dans le pays où le football est roi, elle veut surtout apporter sa "passion pour le basket", une véritable "religion" en Serbie. "Je n'ai pas douté une seconde avant de venir au Brésil, j'ai accepté immédiatement car j'adore les nouveaux défis. Je veux créer une nouvelle culture basket à Fortaleza."