Plus

Un mois après le trade de Luka Dončić, les Dallas Mavericks sont en miettes

La blessure de Kyrie Irving, la goutte d'eau.
La blessure de Kyrie Irving, la goutte d'eau.Sam Hodde / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Après la grave blessure de Kyrie Irving, c'en est fini des espoirs des Dallas Mavericks de jouer un vrai rôle cette saison. Depuis un mois et le trade inattendu de Luka Dončić, tout est allé de mal en pis pour la franchise texane. Anatomie d'une chute.

La mauvaise nouvelle est tombée hier. Lors du match contre les Kings, Kyrie Irving a été touché au genou, et le pronostic n'était guère optimiste. Le verdict est sans appel : déchirure du ligament croisé antérieur du genou gauche. Sa saison est terminée, tout comme sans doute celle des Dallas Mavericks

Cette blessure est sans doute le dernier coup de canif dans la volonté du management - et en particulier de celui qui est devenu l'homme le plus détesté de Dallas, le General Manager Nico Harrison - de bâtir une équipe en mode "win-now". Finalistes en titre, les Mavs risquent fort de ne pas faire les playoffs cette saison. Car dans la foulée, le toujours très bien renseigné Shams Charania lâchait une nouvelle qui était tout sauf une surprise : les chances sont fortes de ne pas revoir Anthony Davis sur les parquets cette saison. 

Principale contrepartie du trade sous forme de déflagration nucléaire qui a expédié Luka Dončić chez les Los Angeles Lakers, l'intérieur a fait ses débuts contre les Rockets, affichant une réelle volonté de montrer aux Angelinos qu'ils avaient eu tort... avant de se blesser. Là encore, ce n'est pas une surprise, AD étant un des joueurs les plus "injury prone" de toute la NBA. Depuis, il n'a pas été revu, aucune date de retour n'était communiquée, et puisque Irving est blessé, il est clair qu'il n'y a aucun intérêt à précipiter son retour. 

Sur le papier, le bilan n'est pas honteux depuis le trade. 6 victoires en 13 matchs, on connaît des équipes moins fières (coucou les Suns). Mais voilà, on parle des Mavericks, finalistes en titre, une équipe qui a rossé tout l'Ouest en playoffs voilà neuf mois, une équipe qui faisait peur par sa capacité à élever son niveau en postseason, peu importe comment s'était déroulé la régulière. Ce ne sera sans doute pas le cas cette saison, car pour faire peur en playoffs, il faut d'abord y aller. 

En un mois, les Mavs sont donc passés de "candidat au titre" à "la saison est terminée en mars". Et on a beau chercher, un mois plus tard, on ne comprend pas comment le trade de Luka Dončić a pu avoir lieu. Même si on voulait se faire l'avocat du diable, ce serait sans doute impossible.

Dallas a perdu en finale NBA en juin. Pour une équipe qui est toute proche du titre, l'objectif suprême, la logique veut d'effectuer un dernier move, un dernier trade pour consolider les fondations du roster et passer ce dernier cap. Un dernier risque, et ce risque, les Mavs l'ont pris cet été, lors de la free agency, en allant signer pour trois ans Klay Thompson

On peut penser ce qu'on veut du niveau de l'ancien Warrior, il n'empêche qu'il s'agit d'un joueur d'expérience, quadruple champion NBA, et surtout spécialiste des moments chauds, comme il l'a prouvé maintes fois en carrière. Le profil parfait sur le papier pour donner un dernier coup de reins en direction de la bague. Et puisque le Slovène s'était blessé fin décembre, on n'avait pas encore vu l'entièreté de ce que pouvait donner ce cinq de départ Kyrie Irving - Luka Dončić - Klay Thompson - PJ Washington - Daniel Gafford (lui aussi blessé depuis).

Même si on essaye de comprendre les griefs mentionnés par Nico Harrison au moment où il tentait de justifier l'injustifiable, on ne voit aucun sens dans le fait d'avoir fait l'effort pour récupérer "Killa Klay" cet été, d'avoir formé un starting five aguicheur sur le papier, pour ne pas lui donner ne serait-ce qu'une campagne de playoffs ensemble. Pour au moins vérifier sur le parquet si ce dernier move était le bon. 

La forme des Mavs ne va sans doute faire que décroitre.
La forme des Mavs ne va sans doute faire que décroitre.Flashscore

Les transferts de superstars en NBA (on ne parle pas de la free agency) sont au final très rares. À fortiori quand ces superstars sont dans leur prime. Cela peut arriver quand le joueur et / ou la franchise ne s'entendent plus, et s'ils ne s'entendent plus, c'est souvent parce que les résultats ne sont pas au niveau attendu. Un exemple est le trade de Carmelo Anthony en 2017, ce dernier ayant fait rêver le Madison Square Garden, joué pendant à un haut niveau, marqué les esprits de manière durable, mais sans aucun résultat collectif (une série de playoffs gagnée en sept saisons). 

Mais en l'occurrence, les résultats étaient là pour les Mavericks. Une finale de conférence en 2022, une finale NBA en 2024 : quelle équipe de l'Ouest a atteint deux finales de conférence en trois saisons ? Sur les dix dernières années, seuls les Golden State Warriors - soit la meilleure équipe des années 2010 - ont réussi cette performance. Alors oui, le titre n'a pas été au bout, mais l'équipe avait franchi les marches une à une, et la dernière est toujours la plus compliquée à gravir. 

Ce qui amène à un autre point : transférer Luka Dončić, c'est détruire une équipe qui a été construite pour Luka Dončić. Le Slovène a l'un des usage rate les plus élevés de NBA ? On va chercher Kyrie Irving, l'un des meilleurs joueurs off-ball de la ligue, pour devenir son parfait complément. Il manque un partenaire fiable pour jouer à l'intérieur ? Allons chercher Daniel Gafford, ramasse-miettes de luxe. On manque de variété en attaque ? Bonjour PJ Washington, capable de jouer 3 ou 4, voire 5 en small ball. On veut compléter le starting five et améliorer le spacing ? Entre ici, Klay Thompson

Tous les membres du cinq de départ sont arrivés après Luka Dončić, et pire, ont été recrutés pour être complémentaires du Slovène. Enlever la pièce de départ, c'est la quasi-assurance d'un accident industriel. Certes, on pourrait arguer que les blessures sont malchanceuses - ce qui est souvent le cas - et pas de la faute du management, mais ce qui l'est en revanche, c'est de tout miser sur deux joueurs de plus de 30 ans, connus pour être "injury prone". 

Il n'y a pas que AD, Kyrie Irving aussi est injury prone.
Il n'y a pas que AD, Kyrie Irving aussi est injury prone.Flashscore

Et quand tout va mal sur le parquet, c'est aussi le cas en dehors. Les Mavs sont dans une grosse zone de turbulences. La franchise ne fait que de se faire remarquer négativement depuis le trade, notamment en ayant expulsé de sa salle un fan qui demandait en chanson la tête de Nico Harrison, mais surtout en ayant augmenté le prix des tickets de 8% en début de semaine (oui, cette information est vraie). Un culot monstrueux, il faut le reconnaître. 

Le "win-now" tant souhaité par le General Manager, c'est donc terminé. Qu'en est-il du moyen et long terme ? La blessure d'Irving est grave, suffisamment pour amputer une partie de sa saison prochaine. Les difficultés physiques d'Anthony Davis (32 ans la semaine prochaine) ne vont sans doute pas aller en diminuant. L'effectif a toujours des pièces de qualité, mais sans capitaine à la barre du navire, comment imaginer qu'il puisse avancer ?

Dallas était le facteur X des playoffs à l'Ouest. Même sans terminer dans le Top 4, le souvenir de la dernière postseason était suffisant pour en faire un adversaire dangereux pour n'importe qui. Mais voilà, cela n'aura pris qu'un mois pour en faire une équipe qui va commencer à regarder les prospects de la prochaine draft. Le downfall est absolument vertigineux, l'un des plus importants de l'histoire récente de la NBA. 

On ne donnera pas de crédit aux théories selon quoi tout ceci n'est qu'une volonté d'orchestrer la baisse de niveau de la franchise pour que les nouveaux propriétaires puissent la déménager à Las Vegas les mains libres, mais on comprendra sans peine ceux qui le font. Car dans une époque ultra-concurrentielle, anéantir un projet vieux de sept ans en un mois, cela force l'admiration. Mais pas l'admiration dont on peut être fier. Reste à savoir où (et si) la chute va s'arrêter... 

Anatomie de la chute des Mavs.
Anatomie de la chute des Mavs.Flashscore