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On ne voit toujours pas l'ombre d'un projet du côté des Portland TrailBlazers

Billups et Ayton, deux symboles des maux des Blazers.
Billups et Ayton, deux symboles des maux des Blazers.Alika Jenner/Getty Images via AFP

Malgré un bilan pas déshonorant en ce début de saison, les Portland TrailBlazers sont toujours en pleine reconstruction, sans qu'on comprenne vraiment dans quelle direction va la franchise.

Il y a 5 ans, les Portland TrailBlazers étaient finaliste de la redoutable conférence Ouest. L'âge d'or de l'ère Damian Lillard, puisque c'est le meilleur résultat de cette équipe avec Dame Dolla à sa tête. Cinq ans après, il ne reste quasiment plus aucun héritage de cette période, la reconstruction a commencé, mais pour l'instant, elle ne va nulle part. 

Cette reconstruction a débuté à l'été 2023, quand son franchise player de meneur a fini par demander son trade. Ce qui a permis de mettre des premiers tours de draft dans la banque, mais en terme de joueurs, ce trade est-il une réelle réussite ? 

Jrue Holiday s'est transformé en Robert Williams III et Malcolm Brogdon, qui a été trade cet été pour Deni Avdija. Mais la pièce centrale de la reconstruction pour Portland était De'Andre Ayton. Le pivot, n°1 de la fameuse draft 2018, a prouvé sous le maillot des Suns de quoi il était capable. Mais en raison de comportements hors terrains peu goûtés dans l'Arizona, Phoenix n'a pas hésité à le sacrifier pour des raisons principalement financières, mais pas que. 

Résultat : une moyenne de points en baisse l'an dernier, plusieurs blessures en prime, seulement 55 matchs joués, aucun impact visible. On a souvent reproché au pivot sa nonchalance sur un parquet, et le fait est que son meilleur niveau a été atteint sous la houlette d'un meneur all-time, Chris Paul, qui savait servir son pivot dans des conditions parfaites. 

Ça s'accumule pour Ayton.
Ça s'accumule pour Ayton.Flashscore

Résultat, après seulement une saison à voir jouer cette pièce initiale de la reconstruction - un joueur âgé seulement de 26 ans, les Blazers, titulaires du 7e choix à la draft, ont choisi... un pivot, Donovan Clingan. Un choix qui en dit long sur la façon dont la franchise raisonne, d'autant plus qu'avec Robert Williams III, elle a déjà un excellent back up, même si celui-ci est aussi touché par les blessures. Et comme Ayton a entamé la saison comme titulaire, on s'imagine que le management veut le faire jouer pour augmenter sa valeur en vue d'un trade, puisqu'il sera en fin de contrat en 2026 et qu'on voit mal l'intérêt de le re-signer. 

Problème, ce n'est pas le seul joueur dans ce cas. Le cas Jerami Grant est symbolique de la gestion de la franchise. Juste avant la demande de trade de Lillard à l'été 2023, les Blazers ont prolongé l'ailier fort pour 5 ans et plus de 150M $. Mais dans une équipe censée reconstruire, le joueur de 30 ans voit son importance décroitre et se retrouve avec un statut de vétéran / mentor ultra bien payé. On peut arguer du fait que cette prolongation avait pour but de faire rester Lillard, mais le fait est que les Blazers se retrouvent avec leurs deux plus gros salaires qui bloquent la reconstruction. 

Car des jeunes à fort potentiel, Portland n'en manque pas. Clingan, Shaedon Sharpe, Scoot Henderson, plus des seconds couteaux comme Kris Murray ou Rayan Rupert : tous draftés lors des trois dernières saisons, ils devraient former l'ossature de l'équipe en compagnie de Anfernee Simons, le seul rescapé de la campagne de playoffs 2019. Or, si Simons conserve logiquement une place de titulaire depuis le début de saison, les autres commencent à peine à sortir du bois.

Mais voilà que depuis trois matchs, le staff s'est réveillé pour aligner une line up Simons puis Henderson (sur blessure) - Sharpe - Toumani Camara - Grant - Clingan. Si Grant est toujours là (parce que c'est tout de même bon d'avoir un véritable vétéran dans le starting five), aligner les trois choix dans le Top 10 des trois dernières drafts envoie enfin un signal positif. Et ô surprise (ou pas), les trois matchs en question (Minnesota X2 et Atlanta) ont débouché sur trois victoires ! 

Lors des deux dernières, un homme a crevé l'écran : Shaedon Sharpe. 33 puis 32 points pour le Canadien, ses meilleures performances en carrière. De quoi enfin lancer quelque chose ? La logique voudrait que Chauncey Billups prolonge cet élan pour tester ses jeunes face à des cadors actuels de l'Ouest. Avec quatre matchs à venir contre le Thunder, les Rockets deux fois puis les Grizzlies, l'occasion est toute trouvée. 

Problème, Henderson et Clingan n'ont été propulsés dans le cinq que parce que Simons et Ayton étaient blessés. Il est fort probable qu'ils retournent cirer le banc ensuite. Et quid de Deni Avdija, recrue de l'été qui n'a pour l'instant absolument trouvé sa place, au point de la perdre au profit de Toumani Camara, dont les stats ne sont pas extraordinaires mais qui apporte un hustle et un profil col bleu dont toute équipe a besoin de nos jours. 

C'est à ce moment-là qu'on se plonge dans le bilan de Chauncey Billups à la tête des Blazers depuis l'été 2021. Un chiffre résume l'action de Mr Big Shot : 32.9% de victoires en trois saisons. Et 0 campagne de playoffs bien entendu. C'était entendable la saison dernière, par les deux premières avec Lillard comme leader. Et si une réelle progression était mesurable quand à l'évolution des jeunes pousses, sans doute qu'il ne serait pas aussi décrié. 

Mais voilà, trois ans et aucun progrès, sa tête est souvent demandée dans la fanbase, car à défaut de résultats, toujours pas d'identité de jeu, la défense reste une passoire (dans les 10 pires defensives ratings sur les trois dernières saisons), et sans Lillard, l'attaque a chuté jusqu'à devenir une des pires de la NBA. Engagé jusqu'en 2026, la franchise attendra-t-elle jusque là ?

D'autant que la situation financière de la franchise n'est pas extraordinairement désastreuse. Mais on voit peu de pistes d'évolution, parce que même trader Ayton et / ou Grant permettrait de laisser pour de bon la place aux jeunes, mais sur le papier, il faudrait bien récupérer autre chose en échange. Un autre vétéran à 20 points par match ? Aucun intérêt. Des picks de draft ? La franchise en a récupéré plusieurs pour la fin de la décennie, dans une timeline bien trop lointaine pour envisager en faire quelque chose, et n'arrive déjà pas à utiliser pleinement ses jeunes. Un gros trade Ayton + des first picks pour un gros joueur ? L'équipe n'est pas prête à entourer une star.

La reconstruction d'une franchise est une étape compliquée, et toutes n'y parviennent pas. Certes, Portland l'a fait pieds et poings liés de par la volonté de départ de sa désormais ex-star, mais ce surplace est inquiétant dans une conférence toujours plus dense d'année en année. L'objectif final d'une reconstruction est toujours d'être contender, mais on voit mal Portland aller chercher ce statut avant 5 ans minimum. À moins de changer quelque chose...